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Tipki Atchadam, l’homme grâce à qui le Togo pourrait réussir sa révolution

En quelques mois, il est devenu l'ennemi numéro un du pouvoir togolais. Tikpi Salifou Atchadam, chef du Parti National Panafricain (PNP), est le nouveau visage de l'opposition togolaise, celle qui se mobilise depuis des semaines et paie le prix du sang pour réclamer le départ du président Faure Gnassingbé.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le chef du PNP, Tikpi Atchadam, s'adresse aux manifestants qui ont pris d'assaut les rues de Lomé (la capitale du Togo), le 6 septembre 2017, pour exiger une réforme constitutionnelle.  (IUS UTOMI EKPEI / AFP)

«Le moment est venu de dépasser tous les clivages artificiels, de mettre fin au sauve-qui-peut, de résister aux préoccupations immédiates qui nous empêchent de nous projeter sur l’avenir», lançait Tikpi Salifou Atchadam, en juillet 2017, lors d'un meeting de sa formation politique. 

A 50 ans, Tikpi Atchadam, chef de file du Parti National Panafricain (PNP), a réussi à bousculer l'échiquier politique togolais quasiment sclérosé après des années de lutte interminable, de dialogue stérile avec le pouvoir et d'attente pour réformer la Constitution.

Le succès des manifestations du 19 août 2017, organisées par le PNP et qui ont fait deux morts et plusieurs blessés, a été un coup de semonce pour le pouvoir.

Le juriste, au visage recouvert de scarifications ethniques du Nord, est devenu une véritable menace lorsqu'il a renoncé à jouer seul de son audience nordiste. Il a ainsi demandé le soutien de Jean-Pierre Fabre, le pilier historique de l'opposition à la tête de l'Alliance nationale pour le changement (ANC) et qui a toujours été montré du doigt par le pouvoir en place comme un homme «du Sud».  




«Ne regardez pas mes balafres»
Celui qui amplifie aujourd'hui le mouvement de l'opposition togolaise ne pouvait donc venir que du Nord. La région dont est originaire le président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 et qui a succédé à son père après 38 ans de règne sans partage, s'est toujours traditionnellement rangée derrière le régime. 

«Ne regardez pas mes balafres», glisse à l'AFP celui qui se plaît à invoquer le père de l'indépendance togolaise pour rappeler que «l’enjeu est de taille nationale». «Dites à Sylvanus Olympio que le jour se fait toujours attendre», déclarait-il en juillet 2017. Il connaît les critiques qui veulent faire de lui un représentant de la minorité musulmane qui ne parle qu'à son groupe, les Tem. «Ecoutez plutôt ce que j'ai à dire», plaide Tipki Atchadam. 

Le leader du PNP n'est pas un nouveau venu en politique. Il quitte en 2007 le Parti démocratique pour le renouveau (PDR), où il a débuté très jeune en politique, lorsque son chef se rapproche du pouvoir, puis se retire de la scène publique pour réfléchir à son retour dans l'opposition.

Le PNP, qui a été créé en 2014, n'a aucune représentation au Parlement togolais et Tikpi Atchadam n'a jamais participé à aucun scrutin présidentiel.  Il a construit sa base populaire dans sa ville, Sokodé, et sa base financière et diplomatique au sein de la diaspora togolaise, particulièrement importante en Allemagne.


La Constitution de 1992 ou rien
Les objectifs de sa formation politique? «A court terme, confiait-il lors d'un entretien en 2014, il s'agit de se battre pour obtenir l'alternance politique au Togo;  ensuite  à moyen terme, gérer une transition qui aura la responsabilté de mettre en place toutes les réformes (...); et puis à long terme, asseoir la démocratie dans notre pays et faire en sorte que nous soyons un pays développé, un Togo où il fera bon vivre».

«(Va-t-on) sacrifier un peuple pour le bon plaisir d'un individu (Faure Gnassingbé)?», s'insurgeait-il alors. Aujourd'hui, le projet politique du patron du PNP se résume en quelques mots confiés à TV5 en mai 2017.

«Si le peuple est prêt, il n'y a pas d'objectif que nous ne puissions atteindre. Si le peuple est debout et déterminé, il n'y a aucun problème pour arriver à notre résultat, c'est-à-dire la Constitution de 1992, et le droit de vote de la diaspora ! Ou alors, il faudra que ce régime parte s'ils ne sont pas prêts à accepter ces revendications somme toute légitimes!»


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