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Soudan: le président Omar al-Bachir recherché par la CPI et invité chez Poutine

Dans l’attente d’une décision de Washington de lever l’embargo commercial sur Khartoum, le président al-Bachir se fait courtiser par Moscou. En dépit d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, le président soudanais est invité par son homologue Vladimir Poutine à se rendre en Russie la deuxième quinzaine d’août 2017. Au menu : les questions bilatérales, régionales et globales.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le président soudanais, Omar al-Bachir, assiste aux derniers exercices conjoints entre les forces aériennes saoudiennes et soudanaises à l'aéroport de Méroé, le 9 avril 2017. (REUTERS/Mohamed Nureldin Abdallah)

A la faveur du chaos régnant tant au Moyen-Orient qu’en Egypte ou en Libye, le président soudanais procède à un retour remarqué sur la scène diplomatique mondiale.
 
Le paria Omar al-Bachir courtisé de toutes parts
Sous le coup de deux mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) émis en 2009 et 2010 pour «génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre», Omar al-Bachir le paria se retrouve courtisé de toutes parts.
 
Dernière manifestation de ce retour en grâce, l’invitation surprise de son homologue russe Vladimir Poutine à se rendre à Moscou dans la deuxième quinzaine d’août 2017.
 
Selon le chef de la diplomatie soudanaise qui a révélé l’information, ce voyage sera l’occasion pour lui de discuter avec le chef du Kremlin «des questions bilatérales, régionales et globales».
 
Dans son communiqué, Ibrahim Ghandour a également tenu à rappeler que la Russie était un soutien majeur de son pays, notamment au sein du Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres organisations internationales.

L'invitation de Moscou permet à Khartoum d'accentuer la pression sur Washington 
Un rappel qui intervient opportunément au moment où Khartoum attend toujours la décision de Washington de lever l’embargo commercial et autres sanctions imposées au Soudan depuis 1997 en raison de son soutien présumé aux activistes islamistes, dont l’ancien chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden.
 
Le président Barack Obama avait surpris en annonçant le 13 janvier 2017, juste avant de quitter la Maison Blanche, la levée de certaines sanctions économiques, soulignant des avancées «positives» de Khartoum, dont en particulier «une réduction marquée des activités militaires» et des efforts pour améliorer l’accès humanitaire à travers le pays.
                                                                                                       
Une décision qui devait s’accompagner d’une période probatoire en attendant de voir Khartoum progresser sur 5 points : la fin du soutien aux rebelles du Soudan du Sud, la fin des hostilités dans les provinces du Darfour, du Nil-Bleu et du Kordofan-Sud ainsi qu’une coopération avec le renseignement américain dans la lutte contre le terrorisme.
 
En acceptant l’invitation de Vladimir Poutine, Omar al-Bachir accentue la pression sur Donald Trump pour le pousser à accélérer la levée des sanctions.

Omar al-Bachir ne se rend que dans des pays amis pour ne pas être arrêté
Quant à son déplacement à Moscou, le paria de Khartoum ne craint pas de se faire arrêter. La Russie a en effet signé le Statut de Rome sans pour autant le ratifier. «Et on voit mal Vladimir Poutine passer les menottes à l’un de ses principaux alliés en Afrique», souligne pour sa part le site Africa Post News.
 
Il est vrai que le président soudanais ne s’est jamais privé de défier la CPI, mais toujours en se rendant dans des pays amis: Chine, Qatar, Tchad, Libye, Djibouti, Egypte et Kenya. Ce qui lui permet de ne pas être inquiété.
 
Bien qu’en relation étroite avec l’Arabie Saoudite sur les dossiers chauds de l’EI et du Qatar, il avait décidé de ne pas se rendre au sommet des dirigeants arabes et musulmans avec le président Trump, le 19 mai 2017 à Ryad. Sans doute pour ne pas en rajouter dans les provocations.
 
Quant à son déplacement à Johannesburg dans le cadre du 45e sommet de l’Union africaine en juin 2015, la CPI ne décolère pas, mais en vain. Elle a réaffirmé, le 7 juillet 2017, que l’Afrique du Sud avait manqué à «son devoir d’arrêter Omar al-Bachir» lors de sa visite.
 
Mais les juges de la CPI se sont toutefois abstenus de saisir le Conseil de sécurité ou l’Assemblée des 124 Etats membres de la Cour ayant ratifié le traité de Rome, estimant que «cela n’aurait pas d’effet ».

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