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Opération Barkhane : "Si nous partions demain, le Mali deviendrait très rapidement un sanctuaire jihadiste", prévient l'ex-ministre Jean-Marie Bockel

Il faut que le "passage de témoin" avec les forces militaires locales se poursuive, a plaidé le président de l’association Solidarité Défense qui a estimé que la France n'a "pas vocation à rester".

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Marie Bockel, président de l’association Solidarité Défense, le 16 juillet 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

"Il est certain que s'il n'y avait pas eu cette opération et que si nous partions demain, le Mali deviendrait très rapidement un sanctuaire jihadiste. Ce serait un drame", s'est alarmé mardi sur franceinfo Jean-Marie Bockel, président de l’association Solidarité Défense qui accompagne les militaires blessés et les familles endeuillées, alors que cinq militaires français de la force Barkhane ont été tués au Mali ces derniers jours.

Si la France n'a "pas vocation à rester avec 5 000 soldats" sur place, "il faut que ce passage de témoin aux forces locales, particulièrement au Mali, se poursuive", a souligné l'ancien ministre et ancien secrétaire d'État à la Défense et aux Anciens combattants, qui a lui-même perdu un fils dans un crash d'hélicoptère au Mali en 2019.

franceinfo : Est-ce une semaine noire que vient de connaître l'armée française ?

Jean-Marie Bockel : Oui, et ça n'est pas la première. Chaque fois qu'il y a un tel drame au Mali, cela ravive notre douleur, mais aussi notre profonde sympathie et notre solidarité avec les familles de ces soldats tués dont nous comprenons évidemment la douleur.

Ces militaires sont morts dans deux attaques distinctes à l'engin explosif. Cela signifie-t-il que les jihadistes contre lesquels la France lutte sur place au Sahel sont en train de renforcer leur emprise sur cette région ou qu'ils sont en tout cas mieux organisés ?

Il y a un paradoxe entre les nombreuses victoires françaises au fil des mois et cette situation qui est toujours là. On a le sentiment que c'est sans fin. L'environnement jihadiste dans la région, conjugué aux tensions interethniques entre les différents peuples, la question des Touaregs, tout cela crée évidemment un terreau qui fait que le problème ne se résout pas, finalement. Mais j'ai toujours pensé que cette intervention était nécessaire. Le Mali est un pays avec lequel nous avons un partenariat ancien. Ce n'est pas une présence qui est plaquée. Et il est certain que s'il n'y avait pas eu cette opération et que si nous partions demain, le Mali - mais également les pays voisins - deviendrait très rapidement un sanctuaire jihadiste. Ce serait un drame.

Faut-il tout de même envisager ce retrait des militaires français qui sont un peu plus de 5 000 sur place aujourd'hui ?

Cette question est évidemment clairement posée aujourd'hui. Mais toute la question, c'est comment. Nous n'avons pas vocation à rester avec 5 000 soldats en position, pour beaucoup d'entre eux d'ailleurs, statique. Il y a évidemment un certain nombre de combats qui sont menés mais nous ne sommes plus dans l'opération dans laquelle nous étions au début qui visait à empêcher les colonnes de jihadistes d'envahir tout le Mali, d'aller jusqu'à Bamako et de créer une sorte de califat. Aujourd'hui, nous sommes dans une situation où il y a à la fois des progrès militaires sur le terrain, mais également, il faut le rappeler, surtout depuis le G5 Sahel qui s'est tenu à Pau il y a presque un an, une montée en puissance des forces militaires de ces pays [Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso et Tchad]. Donc, il faut que ce passage de témoin aux forces locales, particulièrement au Mali, se poursuive.

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