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Médiation de la Cédéao au Mali : la coalition du M5 inflexible sur ses principales revendications

Le mouvement demande notamment la démission du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta.

Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des manifestants à une barricade devant la mosquée Salam de Badalabougou où l'influent Imam Mahmoud Dicko, autour duquel s'organise la coalition du M5, a dirigé le 12 juillet 2020 une prière dédiée aux personnes tuées lors des manifestations du mouvement les jours précedents à Bamako, la capitale malienne.  (MICHELE CATTANI / AFP)

Les militants du M5-RFP, le mouvement qui conteste le régime malien depuis plusieurs semaines, sont de nouveau sortis dans les rues de Bamako, répondant ainsi à l'appel à la "désobéissance civile", "le seul moyen de pression" sur le régime malien, selon Choguel Maïga, l'un des porte-parole du M5. Et ce, au lendemain de la fin de la médiation tentée par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).

La délégation, conduite par l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, s'est félicitée "de I'adhésion de toutes les délégations rencontrées aux mesures proposées, à l'exception du comité stratégique du M5-RFP" dans le communiqué final de la médiation achevée le 19 juillet 2020. En d'autres termes, la crise politique est loin d'être terminée au Mali. Le mouvement reste inflexible sur sa revendication n°1, à savoir la démission d'IBK. 

Dans un communiqué, daté du 17 juillet et diffusé sur plusieurs sites d'information maliens à l'issue d'une rencontre qui devait être la quatrième et l'ultime avec la Cédéao, le mouvement a expliqué sa position. "C'est avec surprise que le M5-RFP constate que la (Cédéao), supposée trouver des solutions à la crise dans le respect de la Constitution malienne, a procédé à des arrangements qui violent précisément ladite Constitution, et qui ne tiennent aucunement compte du contexte sociopolitique et des risques majeurs que la gouvernance d'Ibrahim Boubacar Keïta fait peser sur l'existence même du Mali en tant que Nation, République et Démocratie". Dans une précédente déclaration faite le même jour, au terme des discussions avec la médiation ouest-africaine, Choguel Maïga avait estimé "que les propositions (de la Cédéao avaient) réduit tout (leur) combat à des questions électorales"

"On ne peut pas passer par pertes et profits la mort des Maliens"

Outre "la reconstitution de la Cour constitutionnelle après l'abrogation du décret de nomination de ses membres, la résolution du litige concernant les 31 sièges contestés au Parlement et la formation d'un gouvernement d'union nationale", la médiation avait rajouté à sa feuille de route "les préoccupations liées aux événements tragiques des 10, 11 et 12 juillet 2020" où 11 manifestants ont perdu la vie et plus d'une centaine de personnes ont été blessées. La coalition du M5 met notamment en cause les forces anti-terroristes (Forsat) dans les violences perpétrées. 

L'organisation ouest-africaine a ainsi recommandé pour "la reconstitution de la Cour constitutionnelle" que "la présidence de la République et le Conseil Supérieur de la magistrature nomment chacun trois (3) membres de la Cour constitutionnelle". Elle suggère ensuite qu'"après la résolution du litige sur les 31 sièges de I'Assemblée nationale par la (nouvelle) Cour constitutionnelle, I'Assemblée nationale reconstituée pourra (...) nommer ses trois (3) membres pour compléter la formation" de cette dernière. La Cédéao propose enfin la mise en place "de toute urgence" d'un gouvernement d'union nationale dont 50% des membres seront issus de "la coalition au pouvoir". La mise en œuvre de ces mesures "devrait être effective au plus tard le 31 juillet 2020". 

"En déclarant rejeter les propositions de la délégation de la (Cédéao) pour sortir le pays de la crise sociopolitique actuelle, le M5-RFP semble garder sa main… sur la gâchette", estime le site d'informations Maliweb.  Revenant sur la fin des négociations avec la Cédéao le 18 juillet 2020, Choguel Maïga avait indiqué que la porte n'était pas fermée mais qu'il était "difficile" pour le M5 "de renoncer aux principales revendications, de renoncer à la poursuite d'enquêtes" sur les évènements du 10, 11 et 12 juillet. "On ne peut pas passer par pertes et profits la mort des Maliens", a-t-il déclaré. 

Tout comme le M5, la mission de la Cédéao a appelé à la liberation du chef de file de l'opposition, Soumaïla Cissé, enlevé en mars 2020 dans le nord du Mali.

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