Difficultés pour les étudiants africains à quitter l'Ukraine : l'UE dénonce la "propagande russe"
Selon le président du Conseil européen, les pays européens ont été "victimes de la propagande russe sur le sujet".
Le président du Conseil européen Charles Michel a accusé, dimanche 6 mars, la Russie d'avoir lancé une opération de "propagande" sur les difficultés rencontrées par des étudiants africains pour quitter l'Ukraine au moment des discussions sur un vote aux Nations unies. Les pays européens ont été "victimes de la propagande russe sur le sujet", a déclaré Charles Michel, qui dirige l'instance représentant les 27 Etats membres de l'Union européenne (UE). Des témoignages faisant état de ressortissants africains empêchés de rejoindre les frontières de l'Ukraine ou de les franchir se sont multipliés cette semaine, amenant l'Union africaine (UA) à exprimer le 28 février son inquiétude face à un "traitement différent inacceptable" qui serait "choquant et raciste".
De "très longues files à la frontière"
"Il est vrai que du côté ukrainien, il y a eu pendant plusieurs jours, c'est moins le cas maintenant, de très très longues files à la frontière, parce que les Ukrainiens voulaient identifier quelles étaient les personnes qui quittaient le territoire", a reconnu Charles Michel, qui s'est rendu cette semaine à la frontière polono-ukrainienne. "Il semble que des étudiants d'origine africaine ne comprenaient pas pourquoi ils devaient faire la file alors qu'eux n'étaient pas concernés par cette démarche de la part de l'Ukraine, donc ça a pu donner lieu à des tensions", a-t-il ajouté. "Mais clairement, au départ de cela, la Russie a activé une propagande hostile dans un moment où on faisait la bataille diplomatique aux Nations unies, pour tenter d'instiller dans des pays africains le soupçon, le doute. C'est exactement la même méthode que l'on connaît au Mali ou en République centrafricaine", a affirmé le président du Conseil européen.
"Il peut y avoir des comportements discriminatoires qui sont inacceptables, il faut les condamner. Mais en aucun cas ni côté ukrainien ni côté polonais, il n'y a eu une dimension qui visait à discriminer délibérément qui que ce soit."
Charles Michel, président du Conseil européendans l'émission "Questions politiques"
L'Assemblée générale de l'ONU a adopté mercredi 2 mars une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", à une écrasante majorité de 141 pays sur 193, cinq votes contre et 35 abstentions, dont près d'une moitié de pays africains.
De nombreux rapatriements
Il y aurait eu près de 17 000 étudiants originaires du continent africain en Ukraine avant le début du conflit. Au moins 12 000 Marocains dont 8 000 étudiants résidant habituellement en Ukraine. Viennent ensuite le Nigeria avec 8 000 ressortissants dont 5 600 étudiants et l'Egypte avec plus de 6 000 personnes, dont plus de 50% d'étudiants. La plupart des pays africains ont commencé à rapatrier leurs ressortissants, arrivés dans les pays limitrophes. Un premier groupe de 415 Nigérians ayant fui l'invasion russe en Ukraine ont été rapatriés, vendredi 4 mars, dans leur pays depuis Bucarest.
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