Cet article date de plus de quatre ans.

Algérie : concert virtuel pour la libération des prisonniers du Hirak

Sous le nom de "Songs of Freedom" (Chants de liberté), ce concert en ligne dénonce les atteintes à la liberté d'expression. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le chanteur Sidi Bémol en concert à Alger, le 11 septembre 2008. (FAYEZ NURELDINE / AFP)

Lors d'un émouvant concert en ligne, des artistes algériens, la plupart issus de la diaspora, ont manifesté samedi 23 mai leur soutien aux prisonniers du Hirak, le mouvement populaire antirégime, et dénoncé les atteintes à la liberté d'expression en Algérie.

"Je chante pour les détenus, pour (Karim) Tabbou, (Khaled) Drareni et tous les autres. J'espère qu'on vous reverra libres très bientôt", a lancé le rockeur gnawi Cheikh Sidi Bémol, en hommage à deux figures emblématiques de la contestation, debout devant son micro, guitare électrique en main. 

"On ne s'arrêtera pas ! On ne se taira pas !"

Sous le nom de Songs of Freedom (Chants de liberté), ce concert virtuel était organisé par Free Algeria, une coordination de collectifs de la diaspora disséminés en France, aux Etats-Unis, en Suisse, en Belgique, en Italie ou en Autriche. La compilation de vidéos amateurs a été diffusée en live dans la soirée sur YouTube et plusieurs pages Facebook.

Pendant près de deux heures, plus d'une vingtaine d'artistes se sont succédé en ligne, adressant des messages de solidarité aux militants, activistes, journalistes et internautes emprisonnés.

Selon le dernier comptage du Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers, "près de 50 détenus d'opinion et politiques sont toujours dans les geôles du pouvoir".

"Le Hirak est une idée"

Parmi les artistes les plus connus, confinés chez eux, Cheikh Sidi Bémol, le groupe algéro-québécois Labess ou encore la chanteuse de rock progressif Amel Zen. Membre du collectif Debout l'Algérie et de Free Algeria, Faïza Menai, une des organisatrices interrogée par l'AFP, a salué le courage des artistes qui ont contribué depuis l'Algérie malgré le climat de répression.

En arabe, amazigh (berbère), français ou espagnol, les morceaux rock, folk ou châabi étaient des appels au changement, dans la tradition de la chanson engagée, portant aussi des notes d'espoir. Sur les lives Youtube et Facebook, le public virtuel était composé d'internautes qui échangeaient et réagissaient aux interventions des chanteurs.

"Le Hirak va reprendre, il est plus fort que le système. Nos artistes sont les ambassadeurs de la paix", a assuré Fatiha sur la discussion YouTube. "Le Hirak est une idée et une idée ne peut pas mourir. Liberté à tous les détenus, nos otages !", a répondu Tarek, un autre internaute.

Les organisateurs ont recueilli, outre le soutien des artistes, celui de plusieurs médias comme Radio Corona Internationale, Wesh Derna, Berbère TV et L'Avant-Garde, "site d'information des luttes progressistes" récemment censuré en Algérie.

"Deux virus : corona et répression" 

En dépit de l'arrêt forcé des manifestations du Hirak depuis la mi-mars, à cause de l'épidémie de Covid-19, la répression continue de s'abattre sur des opposants politiques, des journalistes, des médias indépendants et des internautes. Quinze militants ont été condamnés la eamine du 18 mai à des peines de prison ferme, dont trois pour leurs publications sur les réseaux sociaux.

Je participe en solidarité avec les détenus. Il faut les libérer ! Ce n'est pas normal de continuer à réprimer les libertés. Nous avons deux virus : le corona et la répression

Amel Zen, chanteuse

à l'AFP

Selon le groupe Labess, "la liberté d'expression et le respect des droits de l'Homme sont en danger en Algérie". "Les médias sont muselés, des jeunes sont arrêtés pour de simples publications sur les réseaux sociaux. Nous devons les soutenir, montrer qu'ils sont toujours dans nos pensées", a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Né en février 2019 d'un immense ras-le-bol des Algériens, le Hirak, mouvement en arabe, réclame un changement du "système" en place depuis l'indépendance du pays en 1962.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.