Le Burkina Faso en proie au jihadisme
Le Burkina Faso est meurtri par le jihadisme. Les terroristes s’en prennent aux villageois, aux écoles et l’armée est mis en échec sur un tiers du pays.
Ce sont les seuls témoins accessibles d’un conflit qui se déroule à huis-clos. Les centaines de milliers de déplacés du Burkina Faso ont fui des groupes jihadistes. "Une nuit, des individus lourdement armés sont arrivés dans notre village, et ils ont commencé à tirer partout. J’ai reçu une balle dans la cuisse", témoigne Pascal Zabré, déplacé interne à Kaya. "Ils ont appelé l’abbé dans l’église et lui ont demandé où il allait, en lui disant qu’ils avaient besoin de lui. L’abbé a levé les mains et à ce moment-là, ils lui ont tiré dessus", se souvient Albert Sawadogo, un autre déplacé interne. L’attaque est survenue dans l’église de Dablo le 12 mai 2019.
Des milices à la place de l’armée
Ni les chrétiens ni les musulmans ne sont épargnés au Burkina Faso. Et les écoles non plus. De nombreux enfants ont vu leur établissement scolaire attaquée. "Ils ont défoncé les portes de l’école et ils ont brûlé les cahiers et les manuels", raconte Sarata Bamogo, élève déplacé. Le professeur, Tibnongodo Sawadogo, ne comprend pas que les écoles soient devenus des cibles pour les jihadistes : "Ils disent de ne pas enseigner le français, mais ils ne proposent rien de concret". Plus de 2 300 écoles ont fermé depuis cinq ans. L’armée, désorganisée en 2014, est en déroute. Près d’un tiers du pays, vidé de sa population, échappe au contrôle du gouvernement. Des milices d’autodéfense se sont alors constituées. Le Burkina Faso est considéré par les experts comme un maillon faible du Sahel.
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