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SwissLeaks: 671 millions USD sur les comptes algériens de HSBC, c'est tout?

Les révélations du «Monde» sur les 440 clients liés à l’Algérie possédant des comptes à HSBC n’ont pas eu un grand impact. La presse, blasée par les scandales à répétition, s’est contentée de relayer l’information.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La banque HSBC dans la tourmente. (Fabrice Coffrini/AFP)

«Les estimations des fonds placés à l’étranger, liés à la corruption et à la surfacturation, dépasseraient les 100 milliards de dollars depuis le début des années 2000, tandis que les fortunes algériennes établies à l’étranger seraient de près de 200 milliards de dollars. Ce phénomène allait en augmentant, favorisé essentiellement par les montants importants investis dans les marchés publics et par les années du pétrole cher. C’est un scandale dont on n’a pas fini de parler», confie à El Watan, Ali Benouari, ex-ministre délégué au Trésor et ancien dirigeant de banque en Suisse.

Capture d'écran (DR)

440 Algériens ou personnes liées à l’Algérie ont placé 671,1 millions de dollars dans la filiale suisse de la banque britannique HSBC, rapporte le quotidien Le Monde et le «consortium de journalistes d’investigation» (ICIJ). L’Algérie apparaît ainsi au 55e rang des pays les plus impliqués dans ce scandale financier surnommé SwissLeaks. En vertu d’un règlement de la Banque d’Algérie, il est aujourd’hui interdit aux Algériens de détenir sur des comptes bancaires étrangers de l’argent qui provient d’activités réalisées en Algérie.

«Il s’agit là de transfert illicite d’argent et de fraude fiscale. Ils risquent gros. La sanction peut aller de quatre à cinq ans de prison voire plus du moment qu’on peut considérer qu’ils portent atteinte à l’économie du pays. Sans compter également la confiscation de leurs biens», explique l’avocat Farouk Ksentini à TSA.

Selon Global Financial Integrity, le montant total de la fuite des capitaux vers l’étranger entre 2003 et 2012 s’élève à près de 16 milliards de dollars. 


Pour les journaux algériens, la somme paraît dérisoire
671 millions, so what ? «Le chiffre ramené à l’échelle des sommes qui sortent illégalement chaque année, environ 20 milliards de dollars, c’est de la pacotille. Il peut sembler important car il ne concerne qu’une seule banque. En 15 ans, les importations ont été multipliées par six, de dix milliards en 1990, elles sont passées à 65 milliards. Une bonne partie est transférée partout dans le monde. La banque HSBC a des succursales en Algérie, le gouvernement devrait enquêter pour savoir si cette évasion a été organisée à partir d’Alger», affirme à Géopolis Farid Allilat, journaliste d’investigation à Jeune Afrique.

Sur les réseaux sociaux, les internautes algériens s’impatientent et veulent connaître l’identité des détenteurs de ces comptes illégaux. 

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