Massacre de Sétif : la France rend pour la première fois hommage aux victimes
Le passé ne passe pas entre l’Algérie et la France. Et si c’était en train de changer ? Le secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, a rendu le 19 avril 2015 un hommage aux victimes algériennes de Sétif, 70 ans après le massacre qui a fait des milliers de morts. Il est le premier responsable gouvernemental français à se rendre à Sétif (300 km à l'est d'Alger).
Dépôt de gerbe à Sétif devant le mausolée de Saal Bouzid, première victime algérienne des événements pic.twitter.com/4N0vlADB3P
— Jean-Marc Todeschini (@JM_Todeschini) April 19, 2015
8 mai 1945 : alors que la France célébrait la victoire des Alliés sur l'Allemagne nazie, les festivités tournèrent au drame à Sétif, Guelma et Kheratta, dans l'est de l'Algérie, où des nationalistes défilèrent, drapeaux algériens à la main.
La France, par la voix du ministre Todeschini, rend hommage aux victimes de Sétif et reconnaît la souffrance infligée aux Algériens #mémoire
— Manuel Valls (@manuelvalls) April 19, 2015
La répression des manifestations avait fait plusieurs milliers de morts parmi les Algériens – jusqu'à 45.000, selon les chiffres officiels et 8.000 selon des historiens – victimes de la police, de l'armée ou de milices de colons. Une centaine d'Européens, pris à partie par des nationalistes algériens, avaient été également tués.
«Cette visite s’inscrit dans une démarche d’amitié, de respect et dans le souci d’appréhender notre mémoire commune et de manière apaisée. C’est un geste fort et concret dans le prolongement de la visite de François Hollande en décembre 2012», remarque Jean-Marc Todeschini sur son compte tweeter.
Après Sétif, M.Todeschini s’est à rendu Mers El-Kébir, dans le golfe d'Oran (ouest) pour commémorer le 75e anniversaire de l'attaque de la Marine française par la Marine britannique, en juillet 1940, peu après la signature de l'armistice franco-allemand avec le Troisième Reich.
La presse algérienne est divisée sur cette visite. Pour El Watan, «le "voyage mémoriel" du secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et de la mémoire, Jean-Marc Todeschini, s’est transformé en une simple virée touristique et protocolaire. Médiatisée et controversée des deux côtés de la Méditerranée, la visite, hier, du membre du gouvernement français à Sétif en a déçu plus d’un.» Le quotidien reproche au secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants de ne pas avoir tenu un discours pour «clarifier la position du gouvernement français».
Le quotidien Liberté juge que cette visite d’un officiel français est un pas «pour l’apaisement des mémoires».
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