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Emmanuel Macron en Algérie : "L'Algérie est demandeuse d'un partenariat avec la France", assure un historien

Un pouvoir affaibli, des voisins en guerre, des difficultés économiques, une jeunesse qui rêve d'ailleurs... Le professeur d'histoire du Maghreb à Paris I, Pierre Vermeren explique les raisons du réchauffement des relations entre la France et l'Algérie.

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, le 25 août 2022 au palais présidentiel d'Alger. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Les besoins de la France vis-à-vis de l'Algérie sont beaucoup plus sécuritaires et stratégiques, que liés au gaz", analyse samedi 27 août sur franceinfo, Pierre Vermeren, professeur d'histoire du Maghreb à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Emmanuel Macron achève son déplacement de trois jours en Algérie. Le chef de l'État va rencontrer des sportifs et le monde de la musique à Oran avant de retourner sceller officiellement à Alger la relance de la relation bilatérale.

franceinfo : Tous les présidents ont tenté de mettre en place des nouveaux partenariats avec l'Algérie. Pourquoi ça marcherait davantage aujourd'hui ?

Pierre Vermeren : Tous les présidents, effectivement, ont tenté, depuis Valéry Giscard d'Estaing, d'avoir ces partenariats avec l'Algérie. Je crois que la différence, cette fois-ci, c'est que l'Algérie est demandeuse. Elle est demandeuse parce que le système de pouvoir algérien est affaibli et que la conjoncture internationale est quand même très difficile. L'Algérie se retrouve partenaire des Russes. Elle a besoin d'exporter son gaz, d'importer des céréales. Ce sont aussi des conséquences de la guerre. Il y a tout de même des relations très difficiles avec l'ensemble de ses voisins qui sont en guerre, soit comme en Libye, soit avec un régime politique incertain en Tunisie, soit fâché avec le Maroc. La guerre aussi au Mali, donc tout ça fait que le besoin d'avoir un partenariat avec la France est plus fort que d'habitude.


Les besoins de la France vis-à-vis de l'Algérie sont beaucoup plus sécuritaires et stratégiques. On sait qu'Emmanuel Macron a rencontré les hautes autorités militaires du pays, lui-même étant chef des armées. Évidemment, tout ça reste très secret.

Est-ce que tout ça peut faire oublier les propos d'Emmanuel Macron, "la fameuse rente mémorielle du système politico-militaire algérien" ?

Il ne faut pas oublier que l'ambassadeur algérien est rentré à Paris au début de l'année 2022. Il y a eu beaucoup d'appels en sa faveur pendant la campagne électorale en Algérie, y compris de certaines autorités. La page était déjà tournée en réalité. Mais cela dit, ce qui est dit est dit. Le principe de la coopération, ça reste du long-terme, les relations ne sont pas si mauvaises que ça. Il y a des crises régulièrement, cela fait soixante ans, que les deux pays ont des partenariats en dents de scie.

"Chaque pays a vécu des moments difficiles, peut-être que cette période de crise générale va être favorable à des rapprochements."

Pierre Vermeren, professeur d'histoire du Maghreb à Paris I

à franceinfo

Est-ce que les jeunes Algériens sont demandeurs aussi, d'après vous, d'un nouveau rapport avec la France ?

Le problème des jeunes Algériens, c'est qu'ils sont enfermés en Algérie avec des perspectives économiques très complexes. Donc, on sait très bien que la majorité d'entre eux veulent voyager ou émigrer. Cet accord est important, mais ça ne peut pas répondre à l'ampleur du problème. Le vrai problème auquel est confrontée la jeunesse algérienne, ce sera d'avoir des emplois et donc de sortir de l'économie de rente actuelle pour aller vers une économie de production. C'est là que tous les principaux défis en termes d'échanges peuvent répondre à une demande. Maintenant la circulation, elle est évidemment liée aux visas, dont le nombre va être augmenté pour les étudiants.

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