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Afghanistan : "Je n'ai plus l'impression de vivre dans mon pays", témoignent des habitants de villes passées avant Kaboul sous le contrôle des talibans

À quoi ressemble la vie quotidienne sous le joug des talibans ? Des Afghans, qui vivent dans le nord du pays, repris par les fondamentalistes il y a plusieurs jours, se sont confiés à franceinfo.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Queffélec
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des combattants talibans à Kaboul, le 17 août 2021. (JAVED TANVEER / AFP)

Dans les rues normalement animées de Samangân, dans le nord de l'Afghanistan, il n'y a pas grand-monde. Cet habitant passe la plupart de son temps enfermé dans sa maison cossue avec ses cinq jeunes enfants, âgés de 3 à 11 ans, très inquiets : "Ils ont peur. Ils ne sortent même pas, de peur d’être arrêtés par les talibans." Son village est contrôlé par les talibans depuis une dizaine de jours, avant donc la prise de Kaboul.

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"Pour l'instant, les écoles sont fermées, poursuit l'habitant. Les talibans disent qu’ils vont ouvrir les écoles, avec le hijab islamique. Aujourd’hui, je leur ai dit 'l’école va rouvrir', mais rien à faire ils disent : 'Non, non, on ne veut pas sortir, on a peur des talibans'." Il rêve de quitter le pays, mais craint de le faire avec ses enfants.

"Ils vont petit à petit imposer leur loi"

Pour l'instant, aucun acte de violence n'a été perpétré par les fondamentalistes sur la population, raconte le père de famille. Mais il pense que cela ne va pas durer. Il craint le pire, lui qui avait 12 ans quand les talibans ont été destitués par les Américains : "Je me rappelle que les talibans emmenaient les gens au fond du jardin pour les exécuter et les décapiter. Maintenant qu’ils ont reconquis le pouvoir, ils évitent d’avoir tout de suite un comportement sévère, mais petit à petit, ils vont imposer leur loi. Déjà, de mes propres yeux, j’ai vu cinq talibans fouiller la maison de mon voisin, à sa recherche, mais lui avait déjà quitté la maison. Ils ont demandé où il était parti."

"Avant, c'était bien. Depuis qu'il y a les talibans, il n'y a plus de travail, on puise dans nos économies."

Un habitant de Samangân

à franceinfo

Son voisin est un ancien policier, il a fui, tout comme les femmes du village qui travaillaient dans l'éducation, la médecine ou les boutiques, parties à Kaboul pour espérer s'exiler à l'étranger. Une opportunité que n'a pas eue cette jeune femme de 21 ans, à la voix tremblante. Elle habite à Mazâr-e Charîf, une ville reprise par les talibans il y a une semaine, la veille de leur entrée dans Kaboul : "Pour l’instant, ils embêtent surtout les femmes. Moi, ça fait une semaine que je ne suis pas sortie de la maison. Je n'ai plus l'impression de vivre dans mon pays, mais dans un pays étranger. Notre pays est détruit. J’aimerais pouvoir le quitter, si j’y arrive." Ce que craignent ces Afghans, c'est une flambée de la violence dans leur pays et le début d'une guerre civile.

La vie sous le pouvoir taliban - le reportage de Margaux Queffélec

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