À Mayotte, "on peut parler de paralysie totale du territoire"
Quentin Sedes, secrétaire général CGT Educ’Action Mayotte, a dit espéré lundi sur franceinfo que la venue de la ministre des Outre-Mer Annick Girardin sur l'île sera constructive alors qu'une "grève générale" sévit depuis quatre semaines.
"L'Outre-mer est la cinquième roue du carrosse de la République et Mayotte est même la sixième", a estimé Quentin Sedes, lundi 12 mars sur franceinfo. Le secrétaire général CGT Educ’Action Mayotte a indiqué que les Mahorais "attendent des réponses concrètes" et "des moyens supplémentaires pour les services publics" alors que la ministre des Outre-mer Annick Girardin est arrivée lundi à Mayotte, où la "grève générale" dure depuis quatre semaines. Les manifestants dénoncent les conditions de vie, le chômage de masse et l'insécurité.
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franceinfo : La rentrée scolaire a-t-elle eu lieu lundi matin comme l'assurait le gouvernement ?
Quentin Sedes : J'ai bien peur que non. On va voir de belles images qui ont déjà été tournées avec madame la ministre, mais dans la réalité, il n'y avait à peu près aucun élève dans les établissements scolaires qui étaient ouverts aujourd'hui et autant d'enseignants. Et lorsque les enseignants étaient présents, ils n'étaient souvent pas de cet établissement puisque le rectorat leur avait demandé de rejoindre l'établissement le plus proche, puisqu'il leur était impossible de rejoindre leur propre établissement. Il est très difficile de circuler, il y a des barrages. Les administrations ne fonctionnent pas, les mairies sont fermées. On peut parler de paralysie totale du territoire.
Le ministre Annick Girardin est sur place. Que peut-elle faire d'après vous ?
Il faut savoir quel mandat elle a et pourquoi elle est venue. On a régulièrement des visites de ministres qui viennent à Mayotte pour se rendre compte de la situation. Ce n'est plus ça qu'attendent les Mahorais aujourd'hui, ils attendent des réponses concrètes. Est-ce que madame la ministre vient avec des réponses concrètes ? Est-elle en mesure d'engager des négociations sur les bases posées, c'est-à-dire des moyens supplémentaires pour les services publics ? On espère la rencontrer, mais à condition que cela soit constructif. Si c'est à nouveau pour nous parler de méthode et de réunions, ce n'est pas la peine. Si le gouvernement a la clef, on espère qu'il l'a donnée à Annick Girardin et qu'elle l'a amenée avec elle. L'Outre-mer est la cinquième roue du carrosse de la République française et Mayotte est même la sixième. Mayotte est un département comme tous les autres, il devrait avoir des moyens qui correspondent à ce qu'ont les autres départements, mais dans le secteur de l'éducation par exemple, ce n'est pas du tout le cas. Les moyens sont indigents en matière de personnel et de matériel. Comment expliquer qu'il y ait 1 400 élèves en moyenne dans un collège à Mayotte, alors que c'est moins de 500 élèves en métropole ?
Les origines de la violence ne se trouvent-elles pas à différents niveaux ?
Oui, mais cela vient avant tout d'un déficit coupable d'investissements à Mayotte par rapport aux besoins du territoire. La solution, c'est l'éducation. Il faut bien sûr sécuriser à court terme les établissements scolaires, car il y a eu des attaques d'établissements. Mais à long terme, il faut des moyens pérennes pour éduquer les enfants de Mayotte, leur permettre d'avoir des perspectives, sinon c'est un terreau de violence permanent. Il y a des manques dans l'éducation, mais aussi au niveau de la santé. Les praticiens n'ont plus les moyens de faire leur travail. Ils sont débordés. Le débat sur l'extraterritorialité n'est pas la bonne question. La bonne question est : qu'est-ce qu'on fait pour que cet hôpital fonctionne et que les personnes qui viennent pour accoucher puissent le faire ?
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