"Leur voiture est tombée quasiment devant nous" : la maire de La Bollène-Vésubie raconte la disparition de deux pompiers
Trois jours après la disparition de deux pompiers emportés dans l'effondrement d'une route à La Bollène-Vésubie, conséquence de la tempête Alex, la maire du village témoigne sur franceinfo.
"Les deux pompiers qui ont disparu c'était bien sur ma commune. Il y avait trois véhicules, le premier est tombé et le troisième c'était le mien", a témoigné lundi sur franceinfo, Martine Barengo-Ferrier, maire de La Bollène-Vésubie, après les intempéries qui ont ravagé l'arrière-pays niçois. "On était trois voitures l'une derrière l'autre et la première dans laquelle étaient les pompiers est tombée quasiment devant nous", a-t-elle ajouté. "C'est allé tellement vite que je n'en ai pas eu conscience, je ne me suis même pas rendu compte que la route était partie".
franceinfo : Quelle est la situation dans votre village après ces intempéries ?
Martine Barengo-Ferrier : Mon village a la chance d'être un village perché, on ne fait pas partie des dévastés. On accueille les services de secours puisqu'on a de l'eau, de l'électricité et des salles pour eux. On fait de la logistique pour le personnel de secours qui est déployé dans la vallée. Malheureusement les deux pompiers qui ont disparu, c'était bien sur ma commune. Sur les circonstances, il y avait trois véhicules, le premier est tombé et le troisième, c'était le mien. La route est tombée devant moi. J'étais allée avec mon adjoint pour m'assurer que les maisons qui sont au bord de la rivière sur ma commune étaient en sécurité. On était trois voitures l'une derrière l'autre et la première dans laquelle étaient les pompiers est tombée quasiment devant nous. J'ai vu la voiture devant qui s'est arrêtée mais je ne me suis même pas rendue compte que la route était partie. C'est allé tellement vite que je n'en ai pas eu conscience. Mes collègues dans la deuxième voiture nous ont dit de nous mettre à l'abri et de partir. Les secours sont arrivés et on les a laissé travailler. J'ai réalisé le lendemain matin quand j'ai vu le trou sur la route.
Quel sentiment vous anime quand vous avez vu l'ampleur des dégâts ?
J'ai ma famille à Saint-Martin-Vésubie, je connais bien le village. Il y a certains secteurs que j'ai eu beaucoup de mal à reconnaître sur les images que j'ai pu voir. Des chalets sont partis, je n'arrive même pas à me représenter comment ça peut être possible. Même en le voyant sous mes yeux. Je me dis que ce n'est pas possible que la rivière soit allée aussi loin. C'est hallucinant ce qu'on voit. J'ai été choquée hier soir en accédant à Saint-Martin-Vésubie, c'est le seul endroit où j'ai vu autant de personnes sonnées. Je suis arrivée à l'heure du repas et j'ai eu l'impression que c'était une scène de guerre. J'ai vu des gens le regard dans le vide, hagards. Il y a des gens qui vont vite avoir besoin d'une aide financière. Ils ne voient pas du tout l'avenir. Ils ne savent pas quand est-ce qu'ils vont pouvoir reprendre leur activité artisanale ou commerciale. Je pense qu'ils vont être pris en main, car ils sont un peu déphasés forcément.
Les secouristes aussi sont épuisés ?
Ils sont épuisés, fatigués, choqués aussi par ce qu'ils voient. On essaie de faire face, de leur remonter le moral de les aider comme on peut, de les garder au chaud. Il y a plein de bénévoles qui sont là pour les entourer, pour discuter avec eux, pour essayer de leur faire passer un agréable moment quand ils se posent le soir à la Bollène pour prendre leurs repas. Il y a un formidable élan de solidarité. Malgré les circonstances, ça fait chaud au cœur à la maire que je suis, de se dire que ça existe et que tout le monde est prêt à aider, à participer, à donner. Il y a beaucoup de tristesse. On est une petite vallée, on se connaît tous, on connaît tous des gens dans les villages qui ont été touchés.
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