Tempête Alex : à Saint-Martin-Vésubie, le difficile retour à la vie normale pour les sinistrés
Il y a un an, la tempête Alex dévastait tout sur son passage dans les Alpes-Maritimes. De nombreux sinistrés ont dû faire le deuil de leur maison et se reconstruire une nouvelle vie ailleurs avec le rêve de revenir un jour dans leur vallée.
C'est dans un studio à Nice qu'Anne-Marie vit depuis presque un an. "C'est très propre, et puis c'est grand quand même pour une pièce", reconnaît-elle dans un sourire. Il y a un an, dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, la tempête Alex balayait la France, entraînant des dégâts colossaux dans le sud-est du pays. Trois vallées des Alpes-Maritimes, celle de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie ont été meurtries, dix personnes ont perdu la vie.
Une vie partie en fumée
La tempête a tout pris à Anne-Marie : sa maison, son terrain, ses arbres fruitiers. Gilbert, son mari, est décédé six jours plus tard. Ils vivaient à Saint-Martin-Vésubie depuis 57 ans. "Depuis 1963, précise-t-elle, c'est pour ça qu'on ne s'est pas méfiés de cette tempête Alex. Au début, j'ai mis deux mois à comprendre, je me disais 'ce n'est pas possible, ça va revenir'. Non non, c'est fini tout ça." À Nice, sa vie est "bien", assure-t-elle, "il faut avancer et puis c'est tout."
Mais de temps en temps, Anne-Marie retourne à Saint-Martin-Vésubie. Une amie l'y emmène car elle a rendez-vous à la mairie, "parce qu'ils doivent nous acheter le terrain soit-disant." Elle espère retrouver un terrain, une location, pour s'y réinstaller.
L'accès à Saint-Martin-Vésubie est rétabli depuis des mois. Mais même si la reconstruction avance, le village porte encore les stigmates de la tempête. "Des ruines, des ruines", souffle Anne-Marie dans la voiture. Et toujours cette saignée qui déchire le village en deux, ces maisons au bord du précipice, d'autres éventrées : dans l'une d'elle, la table du salon est toujours recouverte de sa nappe verte aux fleurs jaunes.
"Ça fait mal au cœur. Regardez un peu les crevasses qu'il y a eues, cette tempête Alex nous a tout pris."
Anne-Marie, sinistrée de Saint-Martin-Vésubieà franceinfo
Après son rendez-vous, et comme elle le fait à chaque fois qu'elle revient, Anne-Marie passe voir son ami Marcel. Il a pu rester dans le village : sa maison est encore debout mais la tempête le hante encore chaque jour. "Quand je ferme les yeux, je vois encore la catastrophe, raconte Marcel. Devant ma boîte aux lettres, il y avait de l'eau qui coulait gros comme ça. Je voyais le Boréon [torrent de massif] couler en face de moi. Ça alors, ça vous fout les chocottes. La route, c'était un torrent de boue. Le bruit assourdissant que ça faisait..."
Marcel sourit, se souvenant du lendemain matin. "Naturellement, qui ai-je vu arriver à la maison ? Anne-Marie, demandant 'Marcel, tu peux me faire un café ?', raconte-t-il en riant de bon cœur. Sans eau, sans électricité !"
"Ça ne pourra jamais être comme avant, il n'y a plus la même convivialité qu'il y avait avant. Il y a quelque chose qui s'est cassé mais bon, c'est un traumatisme, personne ne s'attendait à un truc pareil."
Marcel, habitant de Saint-Martin-Vésubieà franceinfo
Il faudra encore des années pour reconstruire les vallées, et effacer le passage de cette maudite tempête. Mais cette nuit d'apocalypse restera à jamais gravée dans la mémoire des habitants.
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