Intempéries : le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau annonce "un fonds de 80 millions d'euros pour la Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France"
Un "fonds de 80 millions d'euros" est mis en place pour le monde agricole, pour la "Bretagne, la Normandie et les Hauts-de-France", annonce Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, sur franceinfo mercredi 15 novembre. Ce fonds "permettra de couvrir à la fois les pertes de récoltes mais aussi les pertes d'investissements qui ne seraient pas couvert par les assurances".
Cette aide comprendra deux volets, précise le cabinet du ministre. Le premier, piloté par les régions, visera l'investissement. Le but étant de "permettre de remplacer rapidement les outils de production détruits par les événements climatiques, pour un redémarrage d’activité des exploitations concernées", détaille le ministère. "Le taux d’aide pourra atteindre jusqu’à 65% de l’investissement éligible". Les agriculteurs en difficulté de trésorerie, malgré les précédentes aides, pourront également s'appuyer sur un soutien financier supplémentaire plafonné à 20 000 euros. Cette aide sera distribuée au cas par cas par les préfets.
"À partir de la décrue, on aura une vision plus complète de l'étendue des dégâts"
En déplacement dans le Nord-Pas-de-Calais en proie aux inondations, Emmanuel Macron avait annoncé la veille un fonds de soutien de 50 millions d'euros et le classement de 244 communes en catastrophe naturelle. Difficile à ce stade d'établir un bilan de ces intempéries. Selon le ministre de l'Agriculture, "une centaine d'exploitations" a été touchée par les inondations "à différents degrés". "Il y a des bâtiments inondés, mais il y a aussi des terres, des cultures inondées et on ne peut pas y accéder. Quand vous avez 1,50 mètre d'eau, vous ne savez pas ce qu'il reste en dessous, dans quel état c'est […] à partir de la décrue, on aura une vision plus complète de l'étendue des dégâts", ajoute-t-il.
Parmi les cultures touchées : le colza "qui venait d'être semé", les cultures maraîchères également, le ministre citant l'exemple du choux dont la récolte venait de commencer et dont "un tiers, voir les deux tiers" sont perdus. Plus problématique encore : la culture de la betterave "qui était encore en place". "Ce sont plusieurs milliers d'hectares de betterave sans doute qui ne pourront pas être récoltés puisque nous étions au milieu de la saison", avance le ministre. Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, estimait le 13 novembre sur franceinfo les pertes dans le Nord-Pas-de-Calais à "25 millions d'euros, sur les betteraves et autres produits maraîchers". Avec les semis d'automne durement touchés, "ce sera beaucoup plus après", particulièrement pour les éleveurs qui ont perdu des fourrages, avait-il ajouté.
"200 bovins ont été perdus, noyés"
Les Hauts-de-France est la première région de production de betteraves en France, cette absence de récolte risque d'avoir des conséquences sur le prix du sucre, déjà fortement touché par l'inflation. "Il faut être vigilant", reconnaît le ministre soulignant qu'il s'agit là d'un autre type d'inflation lié au dérèglement climatique. Jusqu'ici, la hausse des prix a été causée par d'autres sujets précise Marc Fesneau, notamment le coût de l'énergie et celui des emballages. "C'est une inflation d'une autre nature que celle qu'on a connue à partir de 2022, donc il faut avoir une vigilance et qu'on assure nos besoins y compris" en tenant compte du dérèglement climatique prévient le ministre de l'Agriculture.
Si plusieurs opérations "absolument incroyables" ont eu lieu pour sauver de nombreux animaux, des pertes sont aussi à déplorer pour les élevages. D'après Marc Fesneau, "200 bovins ont été perdus, noyés par la montée des eaux trop brutales".
Les pertes concernent également le matériel de traite, les robots agricoles. Le ministre reconnaît aussi que des maladies pourraient apparaître chez certaines bêtes, "un animal qui reste 24 à 48 heures avec de l'eau jusqu'au cou, ce n'est pas impossible que des maladies apparaissent", explique le ministre redoutant des surcoûts vétérinaires à venir. "Il y a ce qu'on va voir tout de suite, ce qu'on va voir à moyen terme et sur le long terme", résume Marc Fesneau qui prévient qu'il y aura des ajustements dans les aides à venir.
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