Greenpeace, 50 ans d'activisme : "Nous étions l'ennemi public numéro 1 des services secrets"
L'ONG qui fête ses 50 ans mercredi, est devenue une institution même si elle n’a pas renoncé à la désobéissance civile.
Le 15 septembre 1971, une poignée d’activistes quittaient Vancouver au Canada, à bord d'un vieux bateau de pêche pour faire stopper les essais nucléaires américains au large des côtes de l’Alaska. Ainsi, naissait il y a 50 ans la toute première organisation de protection de l'environnement : Greenpeace.
Quelques années plus tard, au début des années 1980, l'une des premières images chocs : un zodiac de Greenpeace est renversé par des fûts de déchets radioactifs largués en plein Atlantique Nord par un navire qui utilise alors la mer comme une poubelle nucléaire. L'ONG a alors un plus de dix ans, ses combats contre les essais nucléaires, contre la chasse à la baleine sont déjà emblématiques. C’est un mélange d’audace et de succès. "Nous n'avions rien à perdre à l'époque. On était une toute petite tribu, avec très peu de moyens", raconte Rémi Parmentier qui a participé à la fondation du bureau France.
L'affaire du Rainbow Warrior, un tsunami
Le Rainbow Warrior, un bateau de l'association écologiste est coulé le 10 juillet 1985, dans le port d'Auckland, en Nouvelle-Zélande. Une opération menée par la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) pour empêcher les activistes de perturber les essais nucléaires français. Greenpeace reçoit un énorme soutien, mais le bureau France doit fermer pendant plusieurs années. Il faudra plus de dix ans pour apaiser les relations avec l’État français. "C'était très très difficile de vivre le fait que nous étions l'ennemi public numéro 1 des services secrets", confie Rémi Parmentier.
Greenpeace a diversifié son mode d'action
À côté des opérations coup de poing, l'ONG de protection de l'environnement multiplie les recours juridiques. Jean-Francois Julliard, le directeur général de Greenpeace France explique ce changement de stratégie. "Depuis 50 ans, nous étions plutôt dans les prétoires pour nous défendre. Quand nous menions une opération de désobéissance civile, il fallait se défendre parce que EDF ou d'autres nous poursuivaient en justice. Mais c'est vrai que depuis quelques années, nous avons décidé d'utiliser le juridique comme outil de plaidoyer et comme moyen d'essayer de contraindre là où on n'arrive pas à convaincre".
Greenpeace, qui revendique aujourd'hui 240 000 adhérents et emploie près de 150 personnes, fait figure de matrice pour les actions de désobéissance civile. Depuis l’Accord de Paris, d’autres organisations, comme Extinction Rebellion, se sont mises sur le créneau. Motivées par l’urgence climatique et le manque de résultats dans le domaine des gaz à effets de serre.
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