COP21 : la première semaine de négociations, expliquée en gifs
A mi-chemin de cette conférence climat, francetv info vous explique, avec des images animées, les pourparlers qui ont lieu au Bourget et les intérêts (souvent) divergents des pays participants.
Les négociations battent leur plein au Bourget (Seine-Saint-Denis). Depuis le début de la COP21, les négociateurs de 196 parties – soit 195 pays plus l'Union européenne – tentent d'élaborer un texte décisif pour lutter contre le changement climatique : ils rendent, samedi 5 décembre, la version provisoire de l'accord devant permettre de contenir le réchauffement planétaire à moins de 2 °C. Mais tous ne sont pas disposés à tous les sacrifices. La première semaine de négociations s'est révélée particulièrement tendue. Francetv info vous la résume en gifs... en attendant le verdict du 11 décembre.
Quand les pays riches réalisent qu'il va falloir mettre la main au porte-monnaie
A la COP21, le sujet qui fâche concerne l'alimentation du "fonds vert". Ce mécanisme, issu des conférences de Copenhague (Danemark) en 2009 et de Cancún (Mexique) en 2010, doit permettre de transférer des fonds des pays développés vers les pays les plus vulnérables face au changement climatique. Les pays riches se sont ainsi engagés à mobiliser conjointement 100 milliards de dollars par an d'ici 2020.
Mais ces gros émetteurs historiques de gaz à effet de serre sont pour la plupart d'accord sur un point : selon eux, les pays en développement doivent également fournir des efforts financiers pour limiter leurs propres émissions de CO2. Le groupe dit "parapluie" (qui rassemble les pays développés hors-Union européenne) assure, par exemple, que les riches ne doivent pas assumer seuls le coût de l'adaptation des pays les plus pauvres au réchauffement climatique.
Quand l'Union européenne se saisit du dossier de la "crise climatique" après les attentats de Paris
L'Union européenne, elle, convient qu'il faut aider les pays en développement à financer leur adaptation au changement climatique. Mais les 28 font également savoir qu'il est du devoir de chaque pays de déterminer le montant de cette somme. Car les caisses sont vides et entre les dossiers économiques, la crise des migrants ou encore les questions de lutte contre le terrorisme, l'Union européenne a beaucoup, beaucoup de travail.
Quand les Etats-Unis reconnaissent avoir fait n'importe quoi ces 20 dernières années
Quant aux Etats-Unis, ils montrent cette année un peu plus de bonne volonté que d'habitude. Les Etats-Unis "ne se contentent pas de reconnaître leur rôle dans ce problème mais prennent leurs responsabilités pour y remédier" au réchauffement climatique, a même déclaré Barack Obama à l'ouverture de la COP21. Certes, son pays est le second émetteur de gaz à effet de serre dans le monde. Certes, son pays a refusé de ratifier le protocole de Kyoto, à la fin des années 1990, empêchant la mise en place d'une dynamique mondiale de réduction des gaz à effet de serre. Certes, son pays ne veut pas d'un accord contraignant, car la majorité républicaine au Congrès s'opposerait ensuite à sa ratification. Mais là, c'est différent, les Etats-Unis ont compris l'urgence de la situation. Et pardon, pour le retard...
Au fait, où est l'argent ?
Quand un négociateur indien reçoit un homologue américain venu lui dire de faire des efforts
Les pays riches ont longtemps fait la leçon aux pays émergents, à l'origine peu impliqués dans les négociations climatiques. Mais depuis quelques années, les "Basic" (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) changent la donne. Ils sont les représentants les plus puissants du G77, un groupe qui compte tous les pays en développement et qui – comme son nom ne l'indique pas – rassemble 134 états.
Bien décidés à faire entendre la voix des grandes puissances du Sud, ils se sont alliés pour la première fois en 2009, pendant la COP15, à Copenhague avec un objectif : faire payer les pays du Nord à hauteur de leur responsabilité (énorme) dans le réchauffement climatique. Bref, ils insistent pour que ceux-ci s'engagent juridiquement à faire d'importants efforts et les aident financièrement à accomplir les leurs. La moindre des choses, estiment-ils.
Quand un négociateur de l'île de Tuvalu lit une ébauche du texte final
Pour les îles menacées à très court terme par la montée des eaux (les îles Tuvalu, Nauru et Marshall), il faut absolument obtenir un accord ambitieux. Ces pays s'expriment à travers divers groupes. Via l'Alliance des petits Etats insulaires (qui compte 39 états, tous menacés par la hausse du niveau des océans), par exemple. Ou via les Petits Etats insulaires en développement (52 pays). Ils doivent au moins décrocher l'assurance d'obtenir assez d'argent pour financer leur adaptation au réchauffement climatique.
Ils réclament donc un texte assurant qu'il faut limiter à 1,5 °C l'augmentation de la température sur Terre – et non à 2 °C, comme le prévoit le texte négocié. Sachant que les contributions proposées par les Etats en amont de la COP ne permettent même pas d'atteindre cet objectif, ils doivent absolument se faire entendre... au risque de disparaître.
Quand les pays en développement révèlent leur budget pour l'investissement dans les énergies vertes
Les pays les moins développés constituent un groupe d'une cinquantaine d'Etats, parmi lesquels l'Afghanistan, le Bangladesh, la République démocratique du Congo, la Somalie ou la Birmanie. Pour la plupart, ils sont à la fois pauvres et très menacés par les catastrophes climatiques (sécheresses, typhons, etc.). Du coup, ils veulent obtenir un maximum de fonds pour s'adapter à ces changements. Car pour l'instant, les caisses sont désespérément vides.
Quand les pays plus progressistes tentent de faire la médiation entre ceux du Nord et du Sud
La difficulté de discuter de la question financière entre pays riches et pays en développement a fait capoter le sommet de Copenhague. Après cet échec, 27 pays (dont la Norvège, la Suisse et le Mexique) ont décidé de se réunir dans un groupe informel, nommé "Le dialogue de Carthagène" et censé faciliter les discussions. Ils souhaitent que les pays du Nord acceptent de compenser le manque de moyens des pays du Sud mais prônent toutefois un accord contraignant pour tous.
On retrouve la Suisse et le Mexique dans le Groupe de l'intégrité environnementale. Fondé en 2000, ce tout petit groupe influent tente également de rapprocher les positions des pays industrialisés et des pays en développement. Enfin, l'Association indépendante de l’Amérique latine et des Caraïbes (Panama, Colombie, Pérou, Chili, Costa Rica et Guatemala) s’est constituée en décembre 2012 avec cette même ambition de dépolariser le débat. Mais la tâche n'est pas aisée...
Quand la Russie s'installe à la table des négociations
Et il y a ceux que le dossier climatique ne fascine pas. Comme Vladimir Poutine qui est arrivé suffisamment en retard au Bourget lundi pour ne pas apparaître sur la grande photo de famille. Si le président russe a assuré à la tribune que son pays avait été exemplaire sur le plan des émissions de gaz à effet de serre, les ONG écologistes relèvent que la baisse enregistrée par le pays dans les années 1990 et 2000 tiennent davantage à la chute de l'URSS que d'une politique énergétique ambitieuse. La Russie a d'ailleurs été pointée du doigt parmi les mauvais élèves.
Quand un pays pétrolier négocie
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opec) participe à reculons à cette COP21. Des pays comme l'Iran, l'Arabie Saoudite, l'Irak ou encore le Nigeria ont rendu leurs engagements individuels à la dernière minute. Eux qui tirent l'essentiel de leurs revenus du pétrole ne voient évidemment pas d'intérêt dans la transition énergétique vers les énergies propres. En revanche, saboter l'accord, ça, ça leur plairait pas mal.
Quand les multinationales promettent d'investir dans les énergies propres
Si les Etats s'écharpent sur la question du financement de l'abandon des énergies dites "carbonées", les multinationales, elles, en profitent pour se racheter une virginité (controversée). Dès le lancement de la COP, les stars de la Silicon Valley ont ainsi volé la vedette aux chefs d'état en promettant d'investir des millions de dollars dans les énergies renouvelables.
Quand les experts du Giec rappellent que les enjeux sont importants
N'oubliez pas que le seuil des 2 °C de hausse de la température par rapport à l'ère pré-industrielle ne peut être dépassé, rappellent à l'envi les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Au-delà, les conséquences seraient non seulement dramatiques, mais irréversibles. Problème : cet objectif semble déjà fort compromis au regard des engagements proposés par les pays...
Quand les ONG résument la situation
Dans ces négociations complexes, pétries d'obscurs termes propres aux sommets onusiens, les ONG se démènent pour en expliquer les enjeux. Pour elles, il est clair qu'il reste du pain sur la planche et peu de temps devant nous. Du coup, lorsqu'il est question de blocages financiers et d'aides à l'adaptation face au changement climatique, elles rappellent que cette COP21 doit avant tout mettre l'humanité dans le droit chemin. Histoire, entre autres, d'éviter la fin du monde.
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