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"On ne sait pas créer du froid" : la climatisation, symbole de la "mal-adaptation"

Dix départements sont placés en vigilance orange canicule par Météo France le 19 juillet. On attend localement des pointes à plus de 40 degrés, notamment en Provence, en Corse et en Occitanie. Ces températures extrêmes favorisent l'usage de la climatisation, même chez des écologistes.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un climatiseur dans une maison de retraite (photo d'illustration). (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

La France étouffe : 10 départements sont en alerte orange canicule mercredi 19 juillet. Les Bouches-du-Rhône, le Gard et l'Hérault ont rejoint les Alpes-Maritimes, les Alpes-de-Haute-Provence, le Var, le Vaucluse, la Corse-du-Sud, la Haute-Corse et les Pyrénées-Orientales. Localement, en Provence et en Corse, notamment, on attend plus de 40 degrés. Le 18 juillet, de nombreux records de température ont déjà été battus.

CARTE. Quels sont les précédents records de chaleur estivaux près de chez vous?

Alors que le pays, comme une bonne partie de l'Europe, suffoque sous l'effet d'un dôme de chaleur, le recours aux systèmes de climatisation semble inévitable pour certains. Ils sont de plus en plus nombreux selon l'ADEME, l'agence de la transition écologique. Ainsi, les ménages étaient 14% à avoir une climatisation en 2016, 25% en 2020, et même les plus fervents écologistes s'équipent.

Antoine, qui habite dans le sud de la France, le confie : avec sa compagne, ils font très attention à ce qu'ils consomment, à leurs déplacements, leur empreinte carbone... Mais ils n'ont pas pu résister à l'achat d'un climatiseur. "Pour moi, c'était juste une solution d'appoint pour les nuits les plus chaudes, explique-t-il à franceinfo. Je dois avouer qu'on s'est petit à petit converti à la climatisation y compris sur nos périodes de télétravail, puisqu'on travaille beaucoup depuis la maison".

Le paradoxe de la climatisation

Le souci de la climatisation, c'est son utilisation, qui illustre parfaitement ce que l'on nomme la "mal-adaptation" : en essayant de s'adapter aux impacts du changement climatique, l'humain aggrave le problème. En effet, la climatisation augmente les émissions de gaz à effet de serre à cause de l'énorme consommation d'électricité qu'elle nécessite et des gaz frigorigènes utilisés, parce qu'elle rejette de la chaleur.

"On ne sait pas créer du froid, on sait simplement prendre de la chaleur quelque part pour la transmettre ailleurs", prévient Vincent Viguié, chercheur en économie et science de l'environnement au centre international de recherche sur l'environnement et le développement. "On avait fait un projet avec des chercheurs de Météo France dans lequel on simulait ce qui se passerait si la climatisation était utilisée par tout le monde à Paris, raconte l'expert. Dans ce cas-là, poursuit Vincent Viguié, on simule que cela augmente la température de l'ordre de deux degrés dans les rues en cas de canicule, ce qui rend ces épisodes de chaleur plus graves pour celles et ceux qui ne veulent pas utiliser de climatisation".

Utiliser la clim', "ça nous tourmente un peu"

La climatisation est néfaste à plusieurs titres. Antoine reconnaît qu'avec sa compagne, ils en parlent "pratiquement tous les jours, donc c'est une chose avec laquelle on n'est pas très à l'aise, ça nous tourmente un peu. Dans une sorte de pacte domestique, on assume". 

Pour les experts du climat, la climatisation permet de réduire l'impact sanitaire des canicules, dans les maisons de retraite et les hôpitaux notamment. C'est l'usage inconsidéré qui est problématique : le gouvernement préconise, par exemple, de maintenir la température à 26 degrés.

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