Enquêtes en série, décrochage en Bourse... Facebook dans la tourmente après le scandale Cambridge Analytica
La justice américaine et le Parlement britannique ont demandé à Mark Zuckerberg de rendre des comptes sur l'utilisation frauduleuse des données de 50 millions d'utilisateurs du réseau social.
Les jours passent, mais le scandale ne se tarit pas pour Mark Zuckerberg. Facebook est toujours, mercredi 21 mars, au cœur d'une tourmente mondiale depuis que la société Cambridge Analytica a été accusée d'avoir exploité les données de 50 millions d'utilisateurs du réseau social.
Cette société d'analyse de données, présente à la fois au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, est soupçonnée d'avoir utilisé ces données pour fournir à Steve Bannon, directeur de la campagne de Donald Trump, des outils logiciels capables de repérer les potentiels sympathisants du candidat républicain. Il suffisait ensuite de les cibler précisément par des publicités électorales en ligne
Si ce scandale politico-technologique a provoqué la suspension d'Alexander Nix, le patron de Cambridge Analytica, Mark Zuckerberg a lui aussi du souci à se faire. Entre décrochage en bourse et enquêtes ouvertes d'un côté à l'autre de l'Atlantique, Facebook est plus que jamais dans la tourmente.
La justice américaine ouvre une enquête
Après la révélation du scandale, les procureurs de New York et du Massachusetts ont lancé une enquête. Mais nous n'en sommes qu'au tout début de la procédure. Les deux magistrats ont, dans un premier temps, seulement adressé aux dirigeants du réseau social une lettre leur réclamant des explications.
"Les consommateurs ont le droit de savoir comment sont utilisées leurs informations, et des sociétés comme Facebook ont la responsabilité fondamentale de protéger les données personnelles de leurs utilisateurs", a déclaré Eric Schneiderman, le procureur de New York. "Nous enquêtons pour savoir comment et pourquoi ces données ont été partagées par Facebook et si les mesures appropriées ont été prises pour les protéger contre ce type d'abus", a expliqué sur Twitter son homologue du Massachusetts.
We are investigating to find out how and why this data was shared by Facebook and whether the appropriate steps were taken to protect it from misuse. https://t.co/zwUWEmvBpp
— Maura Healey (@MassAGO) 20 mars 2018
Les élus européens demandent des comptes
Devant l'ampleur du scandale, une commission parlementaire britannique a demandé mardi au patron de Facebook de venir s'expliquer devant elle. Et lui a donné jusqu'à lundi pour répondre. L'Information Commissioner's Office (ICO), autorité britannique indépendante chargée de réguler le secteur et de protéger les données personnelles, a demandé une autorisation pour "fouiller les serveurs" et "effectuer une vérification des données" de Cambridge Analytica.
Les parlementaires britanniques ne sont pas les seuls à se pencher sur l'affaire. Mark Zuckerberg a également été invité à s'exprimer devant le Parlement européen, déterminé à "enquêter pleinement" sur cette "violation inacceptable des droits à la confidentialité des données". En parallèle, la Commission européenne a indiqué, mardi 20 mars, que le sujet était au menu d'une réunion du G29. Cette instance, rassemblant les "Cnil européennes", pourrait ouvrir une enquête comme elle l'a fait pour Uber.
L'action en bourse dévisse
L'action Facebook a de nouveau reculé à la Bourse de New York, perdant 2,55% mardi soir à la clôture. La veille, le titre avait déjà enregistré une chute de 6,77%. En deux jours, 60 milliards de dollars de capitalisation boursière se sont évaporés. Les investisseurs craignent que le groupe écope de sanctions financières massives et que les utilisateurs et annonceurs finissent par se détourner du réseau social.
Une plainte a par ailleurs été déposée mardi par des actionnaires de Facebook devant un tribunal de San Francisco. Les plaignants reprochent à la société de Mark Zuckerberg d'être responsable de leurs pertes boursières de ces derniers jours à cause de son incapacité à protéger les données personnelles de ses utilisateurs.
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