Hortefeux, MAM, Bachelot… Les ministres taclés dans les enregistrements de Patrick Buisson
"Le Canard enchaîné" et le site Atlantico publient des extraits des conversations enregistrées par le conseiller de l'ex-président en février 2011.
"Archinuls." C'est le qualificatif employé par Patrick Buisson au sujet des ministres du gouvernement Fillon lors d'une conversation enregistrée par ses soins le 27 février 2011, selon le Canard enchaîné daté du mercredi 5 mars. Le conseiller de Nicolas Sarkozy sort d'une réunion avec le président pour débriefer l'enregistrement d'une allocution télévisée dans laquelle ce dernier annonce un remaniement.
L'avocat de Patrick Buisson, Me Gilles-William Goldnadel, a confirmé, mardi soir, l'authenticité de cet enregistrement. L'ex-conseiller du président avait pourtant porté plainte mi-février contre le journal Le Point qui évoquait ces enregistrements. Mais, selon son avocat, cela ne change rien à la plainte, car Patrick Buisson utilisait ces enregistrements uniquement pour préparer ses prochaines réunions. Il détruisait d'ailleurs les bandes et n'avait aucune intention de les diffuser. Mercredi, le site Atlantico diffuse également des enregistrements des réunions qui ont servi à préparer le remaniement de février 2011. Morceaux choisis.
Brice Hortefeux : "Un ministre de la Défense condamné pour injure raciale…"
Dans ces conversations rapportées par le journal satirique, l'ami proche de Nicolas Sarkozy en prend pour son grade. Le chef de l'Etat s'apprête à le remplacer au ministère de l'Intérieur par Claude Guéant. Alors qu'il se réunit à l'Elysée avec six proches conseillers, le président lance à la cantonade : "Vous n'avez pas d'états d'âme sur Brice ?" Patrick Buisson, dont le dictaphone tourne dans la poche, formule cette réponse : "En matière d'immigration, Brice est inhibé." "Et puis il y a les perspectives judiciaires", ajoute alors Nicolas Sarkozy en référence à la possible condamnation de Brice Hortefeux pour injure raciale. Ce dernier a été définitivement relaxé dans cette affaire dite de "l'Auvergnat" en novembre 2012.
Plus tard, après l'allocution télévisée, Nicolas Sarkozy confie aussi à Patrick Buisson qu'il a songé à Brice Hortefeux pour le portefeuille de la Défense. Avant de se raviser, toujours selon le journal : "Un ministre de la Défense condamné pour injure raciale..." glisse-t-il, d'après l'hebdomadaire.
Michèle Alliot-Marie : "J'ai accepté qu'elle me fasse une lettre de démission. Mais enfin, personne n'est dupe."
L'autre victime de ce remaniement, c'est Michèle Alliot-Marie. Elle va être remplacée au ministère des Affaires étrangères par Alain Juppé. En cause, les révélations autour de ses relations avec le régime de Ben Ali en Tunisie, en pleine révolution. A son sujet, Nicolas Sarkozy, peu amène, lâche, selon Le Canard enchaîné : "J'ai accepté qu'elle me fasse une lettre de démission. Mais enfin, personne n'est dupe."
Le Canard enchaîné rapporte que le président de la République a ensuite cette phrase : "Elle ne se rend pas bien compte. C'est comme si elle n'avait rien fait, qu'elle pouvait continuer." Dans la voiture qui ramène Patrick Buisson, alors que le dictaphone enregistre toujours, Jean-Michel Goudard, un autre conseiller de Nicolas Sarkozy, publicitaire, lâche : "Quand je pense que j'ai imaginé que MAM pourrait faire un bon Premier ministre. Elle a de la gueule, elle fait bien devant le drapeau. Mais c'est que de la fumée."
Bachelot : "elle dit que des conneries"
Peu après les révélations du Canard enchaîné, le site Atlantico diffuse des enregistrements des réunions préparatoires au remaniement du 27 février 2011. Dans l'un des extraits, Patrick Buisson s'entretient avec un autre conseiller, le publicitaire Jean-Michel Goudard.
Les deux hommes se lâchent sur Michel Mercier, ancien ministre de la Justice, et sur Roselyne Bachelot et sur, alors ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. Patrick Buisson regrette de ne pas avoir obtenu la tête de Michel Mercier qu'il juge "calamiteux". Jean-Michel Goudard lui rétorque qu'il y a pire que Mercier en la personne de Roselyne Bachelot. Patrick Buisson répond qu'au moins elle parvient à "construire des phrases" et à articuler. "Oui mais elle dit que des conneries", lâche Jean-Michel Goudard.
Enfin, les deux conseillers terminent sur Nadine Morano qui visiblement "n'aime pas Fillon" et "déteste Bachelot", ce qui fait dire à Jean-Michel Goudard : "Moi, je l'aime bien. Morano." Et Buisson d'acquiescer : "Elle est marrante".
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