Petites phrases et grandes manœuvres avant les législatives
Entre le sort de François Bayrou, celui du Front de gauche et la stratégie du FN pour semer la zizanie à l'UMP, FTVi récapitule les enjeux du scrutin.
La page de l'élection présidentielle tournée, tous les regards de la classe politique française sont désormais tournés vers les législatives du 10 et 17 juin. Volonté d'obtenir "une majorité nette" pour la gauche, "troisième tour" pour l'UMP, occasion en or pour entrer à l'Assemblée pour le FN... FTVi récapitule les enjeux de ce scrutin, entre petites phrases et grandes manœuvres.
• Dans l'adversité, François Bayrou veut se faire réélire
Le moins que l'on puisse dire, c'est que dans ce scrutin, le président du MoDem n'est pas aidé. La droite ne lui pardonne pas d'avoir voté à titre personnel pour François Hollande, tandis que le Parti socialiste rejette toute idée de "service rendu" et ne compte pas sacrifier sa candidate, Nathalie Chabanne.
Jean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP, a ainsi annoncé lundi 7 mai que son parti allait investir un candidat contre le leader centriste. Le nom de Frédéric Nihous, le président de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT), dont le siège est situé à Pau (Pyrénées-Atlantiques), avait un temps circulé.
Nihous ne s'était d'ailleurs pas privé de dénoncer le comportement du centriste lors de la présidentielle, jugeant qu'il s'était "pris pour Henri IV et a fini comme Ravaillac", avant de démentir sa candidature mercredi 9 mai par communiqué. Le parti de droite devrait finalement investir Eric Saubatte sur les terres de Bayrou.
Notre article : Face à Bayrou, le PS maintient sa candidate, l'UMP investirait Nihous
• Le FN compte débarquer à l'Assemblée pour faire exploser l'UMP
Ecarté du second tour de la présidentielle, le Front national se aussi met en ordre de bataille pour les législatives. Forte de ses 17,9% au premier tour, Marine Le Pen aborde le scrutin de juin comme "une bataille" qu'elle estime "absolument fondamentale". "Il y a 353 circonscriptions dans lesquelles nous pouvons nous maintenir au second tour du scrutin", a-t-elle estimé lundi 23 avril sur France 2. Et pour livrer cette bataille, toute la famille Le Pen ou presque est sur le pont.
Notre article : Pour les Le Pen, les législatives, c'est une histoire de famille
Par ailleurs, Marine Le Pen a sa petite idée pour semer la zizanie dans les rangs de l'UMP et devenir la seule "véritable opposition" au Parti socialiste. Dans un entretien à paraître jeudi 10 mai dans le magazine Valeurs actuelles, elle ne se déclare "pas fermée" à une "entente" et à des "discussions (…) au cas par cas" avec des candidats UMP aux législatives.
La déclaration n'a pas tardé à produire son petit effet. Jean-François Copé a immédiatement prévenu que tout accord local entre un candidat UMP aux législatives et le Front national serait "contraire à la ligne" du parti et qu'il en tirerait "toutes les conséquences au niveau national".
Notre article : Le Pen "pas fermée" à une "entente" avec des candidats UMP
• L'UMP veut limiter la casse avant de régler ses comptes
Circulez, il n'y a rien à voir. A l'UMP, l'heure n'est pas encore à l'analyse de la défaite. L'important est pour l'instant de jouer "collectif", selon les mots de Jean-François Copé, afin d'éviter une débâcle lors des législatives. L'actuelle majorité s'emploie donc à battre campagne en mettant en garde les Français contre une hégémonie socialiste. Avec le risque de jouer un air déjà connu. En effet, les arguments de la droite en 2012 ressemblent à s'y méprendre à ceux de la gauche de 2007.
En attendant, le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a d'ores et déjà annoncé qu'il ne briguerait pas de mandat de député. Il a ses raisons : comme chez de nombreux ministres du gouvernement Fillon, le candidat Hollande a recueilli une large majorité dans sa ville.
Notre article : A un mois des législatives, l'UMP réfléchit à la moins pire des solutions
• Le Front de gauche devrait conclure un accord avec le PS
Une des autres manœuvres en vue de ce scrutin concerne le Front de gauche. Si Jean-Luc Mélenchon souhaite que son mouvement soit le mieux représenté que possible à l'Assemblée, le PS craint qu'une dispersion des voix de gauche ne profiteà l'UMP. Mardi 8 mai, Lionel Jospin a ainsi averti son ancien ministre des risques d'un "retour de la droite".
Pour éviter la mauvaise surprise que constituerait une cohabitation, le PS pourrait conclure un accord électoral avec le Front de gauche. Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, a ainsi prédit mercredi 9 mai "un accord" entre partis de gauche.
Celui-ci porterait sur des candidatures communes dans les circonscriptions où la gauche risquait d'être éliminée au premier tour. Martine Aubry a même affirmé que les discussions entre partis de gauche étaient "en bonne voie" pour avoir un candidat unique dans 55 circonscriptions au deuxième tour.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.