Mayotte : le quotidien des habitants empoisonné par la crise de l’eau
À la force des bras, tous les deux jours, le même rituel. À Mayotte, l’eau courante est coupée deux jours sur trois. Pour combler le manque, Irano Soufi vient au puit du village. "C’est obligé que l’on fasse ça. On n’a pas le choix", dit-il. Faute de mieux, il fait sa lessive sur le trottoir. "Je vois que l’État ne fait pas son travail. Il nous laisse abandonnés", déplore-t-il. Si l’eau des puits n’est pas potable, certains disent prendre le risque de la boire. C’est interdit par les autorités, mais ici, on ne croit plus aux promesses.
"C’est scandaleux, on se croirait dans un pays du tiers-monde"
"Les personnes qui doivent le faire ne le font pas à notre place. C’est scandaleux, on se croirait dans un pays du tiers-monde", s’indigne Soilihi Ramadani Toumbou, porte-parole du collectif Vovous Acoua. La réponse de l’État ? Des distributions d’eau, une fois par semaine. Ce jour-là, ils sont des centaines à l’attendre. Tout le monde n’y a pas droit : un pack pour les enfants de moins de deux ans, deux pour les femmes enceintes et les plus de 65 ans.
Entre coupures et rationnement, le manque d’eau dicte la vie des Mahorais. Une mère de quatre enfants, Natacha Abdou Hassani, dévoile son quotidien. Les autorités conseillent de faire bouillir l’eau du robinet avant de cuisiner. Natacha le fait également avant chaque douche. "Le pire de tout ça, l’eau n’est pas potable. Mon fils était malade, il avait des boutons. Quand je l’ai amené à l’hôpital, le docteur m’a dit que c’était à cause de l’eau. C’est comme si on était condamné. C’est du crime", dit-elle.
Dans le cabinet d’un médecin, une consultation sur dix est liée à l’eau.
Parmi nos sources
Agence Régionale de Santé
Centre Action Sociale de Mamoudzou
Préfecture de Mayotte
Association Vovous
Habitants de Mayotte
Dr. Mohammed Ahmed Abdou
Collectif Mayotte a soif
Liste non exhaustive
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.