Guyane : "Nous sommes les élus, les enfants de la République, nous souhaitons un ministre à nos côtés"
David Riché, président de l'association des maires de Guyane était l'invité de franceinfo dimanche. Il a regretté qu'aucun ministre ne se déplace en Guyane. "La Guyane est-elle un territoire de la République ?" a-t-il demandé. "Si oui, un membre du gouvernement doit venir."
Les 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont appelé à la grève générale illimitée à partir de lundi 27 mars pour protester contre les conditions de vie en Guyane.
David Riché, maire de Roura (commune dans le nord du département) et président de l'association des maires de Guyane (AMG) s'est indigné des propos de la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts dimanche 26 mars sur franceinfo. La ministre a annoncé qu'"on pourra aller en Guyane quand les conditions seront réunies et que les choses auront bien avancé".
franceinfo : Comment réagissez-vous aux propos de la ministre des Outre-mer ?
David Riché : Nous souhaitons avoir un ministre à nos côtés. L'association des maires de Guyane a demandé par courrier à François Hollande la venue d'un ministre. Aujourd'hui, une délégation de hauts fonctionnaires est juste envoyée. La ministre des Outre-mer dit que c'est le temps du dialogue mais le temps du dialogue était avant. Il n'est plus temps de faire un diagnostic, d'écouter ici et là les demandes. Le gouvernement les connaît, nous les avons faites remonter depuis longtemps. Cela se traduit aujourd'hui par ce grand mouvement que connaît la Guyane. La ministre ne veut toujours pas entendre qu'il faut envoyer un ou des ministres, ou le Premier ministre, et pourquoi pas, le président de la République. Il n'y a plus de temps à perdre, la Guyane est en état d'urgence. Nous sommes des élus, des enfants de la République.
Nous avons besoin d'être entendus et reconnus.
David Riché, président de l'association des maires de Guyaneà franceinfo
Nous n'avons pas l'impression d'être écoutés comme en Métropole. Imaginez une région complètement fermée, avec des routes bloquées, à Bordeaux par exemple, vous pensez qu'un ministre ne se serait pas déplacé ? Qu'on aurait envoyé un ancien préfet ?
Vous sentez-vous abandonnés ?
Bien sûr. L'insécurité est partout, dans nos rues, dans nos forêts avec l'orpaillage illégal, à nos frontières. Nous avons une immigration impressionnante de part et d'autre. L'insécurité concerne la santé : trouvez-vous normal que l'on ait un taux de rapatriement sanitaire exponentiel ? Nous n'avons jamais vu cela. Nous avons des hôpitaux, des cliniques qui se meurent. Quant à l'économie, nos entrepreneurs attendent des marchés. Quand, en Bretagne, les élus et la population, les bonnets rouges, ont réclamé un plan Marshall, ils ont eu un pacte d'avenir en un mois et 28 jours. En Guyane, nous attendons un pacte d'avenir depuis 2013, depuis 4 ans. Nous ne l'avons toujours pas.
Quelles mesures doivent être prises pour que vous leviez les barrages ?
La mesure qu'il faut est de dépêcher des ministres ou le Premier ministre en Guyane pour négocier. Nous avons eu plein de promesses. On nous a promis par exemple il y a dix ans un commissariat. Nous ne l'avons jamais eu. Il faut que le gouvernement se déplace en Guyane et acte avec nous les points de revendication pour s'en sortir par le haut.
Redoutez-vous des violences ?
Les violences sont déjà présentes partout en Guyane : sur les logements, la santé, dans les rues... Nous voulons des réponses rapides et efficaces. Comment un membre du gouvernement ne peut-il pas se déplacer en Guyane ? Est-ce que la Guyane est un territoire de la République ? Si oui, un membre du gouvernement doit venir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.