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Guadeloupe : "Si le gouvernement se contente d'avoir le sécuritaire pour seule réponse, ça ne le fera pas", prévient l'ex-ministre Victorin Lurel

Le combat des jeunes est "un combat anticolonialiste, anti-France, anti-autorité, antisystème et personne n'ose le dire", dénonce Victorin Lurel.

Article rédigé par franceinfo
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Victorin Lurel, sénateur de Guadeloupe. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

"Si le gouvernement se contente d'avoir le sécuritaire pour seule réponse, ça ne le fera pas", assure le sénateur socialiste de Guadeloupe Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-Mer, lundi 22 novembre sur franceinfo, alors que la région a connu une nouvelle nuit de tensions et de dégradations sur fond de dénonciation de l'obligation vaccinale des soignants et des difficultés à trouver un emploi.

franceinfo : Que pensez-vous, en voyant ces dégradations ?

Victorin Lurel : Je ne reconnais plus mon pays même si je le connais bien. On a eu à vivre ça en 2009 et on savait forcément que des revendications avec des plateformes et des intersyndicales pouvaient déborder sur un mouvement social incontrôlable. Il faut condamner absolument les dégradations, les violences, les incendies, les vols et les pillages qui ont eu lieu, c'est une évidence. Mais si le gouvernement se contente d'avoir le sécuritaire pour seule réponse, ça ne le fera pas. C'est la réponse à un malaise sociétal et existentiel et je dirais même identitaire qui dure depuis longtemps. Je suis pour l'obligation vaccinale. On savait de toute façon que ça allait diviser (…) Mais avec l'obligation vaccinale universelle, gratuite et contrôlée comme pour le permis de conduire, on n'aurait pas créé les discriminations entre professions et entre secteurs d'activité. L'État n'a pas voulu entendre.

Le Premier ministre Jean Castex vous reçoit lundi, ainsi que les autres élus locaux. En tant qu'élu, que pouvez-vous faire ?

L'État est vertical depuis 2017 et l'élection d'Emmanuel Macron, mais on pourrait dire que c'est le cas depuis 40 ans. On a dit à l'État : comment voulez-vous que les gens fassent les gestes barrières quand une partie de la population n'a pas d'eau ? Et l'État nous a mis 10 millions d'euros sur un plan de relance, alors qu'il faut 800 millions d'euros. Il y a une sorte d'indifférence de l'État qui ne comprend pas. Aujourd'hui, il va répondre aux manifestants avec 35 unités du Raid et du GIGN envoyés en renfort... Il faut rétablir l'ordre, c'est clair, mais il faut aussi un dialogue entretenu, un plan pour la jeunesse, un plan sur les infrastructures, un plan sur les services publics. Nous sommes seuls, depuis cinq ans, à dire à Emmanuel Macron qu'il se trompe. L'État se retrouve seul face à la rue (…) Aujourd'hui, la Guadeloupe est dirigée par deux organisations syndicales, l'UGTG et l'intersyndicale, et les élus ne sont pas suffisamment courageux pour dire à ces responsables syndicaux qu'il faut arrêter ces dégradations.

Les jeunes qui font ces dégradations ont expliqué à franceinfo qu'ils le faisaient pour se faire entendre par l'État car ils ont des difficultés à trouver un emploi. L'entendez-vous ?

Ce n'est pas en cassant qu'ils vont trouver du travail. Ils ne voient pas que la main est tendue depuis toujours. J'ai été président de région, on a fait des choses. Il y a un nouveau président de région qui fait des choses, l'État aussi. S'ils veulent trouver un emploi, ils le peuvent. Tout ça, ce sont des prétextes. Ce sont parfois des casseurs, alimentés par un certain nombre de personnes, et il y a une élite qui a peur. L'Etat n'est pas respecté, les élus ne sont pas respectés, et ce sont simplement deux responsables syndicaux qui donnent le "la" pour tout contester. C'est un combat anticolonialiste, anti-France, anti-autorité, antisystème et personne n'ose le dire. Ce n'est pas admissible.

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