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Commémorations du Débarquement : révisez le vocabulaire du Jour J

"Fortitude", "Luger", "Ration K", cela vous dit quelque chose ? Francetv info vous propose de replonger dans le lexique du 6 juin 1944.

Article rédigé par Clément Parrot
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 16min
Le général de Gaulle lors de l'appel du 18 juin 1940, au micro de la BBC, à Londres. (BBC / AFP)

Le débarquement de Normandie possède ses termes et ses références, nécessaires à l'organisation d'une telle opération. Dans ce vocabulaire à part, les codes sont indispensables aux Alliés pour ne pas dévoiler leurs plans à l'ennemi nazi. Le matériel militaire (armes, chars...) est une autre composante de ce lexique du Jour-J. Francetv info se replonge dans ce dictionnaire du 6 juin 1944.

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Asperges. Les pieux de deux à trois mètres de haut plantés sur les plages de Normandie sont surnommés "asperges de Rommel". Hérissés de mines et reliés les uns aux autres par des fils de fer, ils sont plantés dans le sable ou dans les champs environnants sur l'ordre du maréchal allemand Erwin Rommel, chargé de la défense de la côte atlantique. L'objectif est d'empêcher le débarquement et l'atterrissage de soldats alliés.

BAR. Acronyme de browning automatic rifle, un fusil-mitrailleur américain utilisé le Jour-J, notamment sur les plages. Il possède une cadence de tir située entre 300 et 650 coups par minute, en fonction du mode de tir choisi. Le principal défaut du BAR est son chargeur, qui ne contient que 20 cartouches.

Batterie. Les batteries d'artillerie sont l'un des éléments de défense du mur de l'Atlantique, système de fortification allemand mis en place pour contrer tout débarquement. Il s'agit d'ouvrages fortifiés destinés à protéger des canons, mortiers, etc. Le 6 juin, les Alliés tentent de les neutraliser en les bombardant ou en les prenant d'assaut grâce à des troupes aéroportées, comme pour la batterie de Merville.

Blockhaus. Mot allemand synonyme de bunker ou de casemate, qui désigne une fortification en béton armé souvent partiellement enterrée pour affronter les tirs ennemis. Le blockhaus peut être un poste d'observation, un poste de tir ou encore un abri. Plus d'un millier de bunkers sont répartis sur les 500 kilomètres de côtes normandes en juin 1944.

Bolero. Nom de code donné à la préparation logistique du débarquement par les Américains à partir d'avril 1942. Environ un million de soldats et des tonnes de matériel doivent être transportés au Royaume-Uni. Les Américains regroupent les troupes sur la côte est des Etats-Unis afin d'organiser un transport maritime vers les côtes britanniques.

Carottes. Toute une série de codes est diffusée par la BBC dans l'émission "Les Français parlent aux Français" afin de communiquer avec les différents réseaux de résistance. "Les carottes sont cuites" est un des plus célèbres messages prévenant la résistance, le 5 juin, de l'imminence du débarquement. Autre code à partir du même légume, "Yvette aime les grosses carottes", qui annonce un parachutage d'armes.

Colt. Pistolet américain conçu pour être maniable, compact et solide. Il dispose d'une portée de 50 mètres, d'un chargeur de 7 cartouches et d'une cadence de tir de 20 coups par minute. Il est d'abord distribué aux officiers, mais beaucoup de GI sont parvenus à récupérer un Colt 1911 A1 pour le débarquement.

Criquet. Outil de reconnaissance pour les GI imaginé à partir d'un jouet, l'objet est utilisé par la 101e division aéroportée lors des opérations de parachutage dans la nuit du 5 au 6 juin en Normandie. Une pression (soit un "clic-clac") correspond à une demande d'identification à laquelle il faut répondre par deux pressions.

Reproduction d'un criquet utilisé par la 101e division aéroportée pendant la seconde guerre mondiale. Photo prise le 17 mai 2004 à Bayeux (Calvados). (MYCHELE DANIAU / AFP)

Donald Duck. Surnom donné par les militaires alliés au char amphibie Duplex Drive. Les soldats choisissent ce sobriquet en raison des initiales du char (DD) et de sa capacité à flotter sur l'eau. Pour apporter un soutien rapide à l'infanterie sur les plages, le commandement allié voulait un char capable d'effectuer une courte distance sur l'eau de manière autonome. Mais ce char amphibie va se révéler décevant, notamment sur Omaha Beach, où la majorité des Duplex Drive coulent à pic en raison d'une mer agitée.

Fortitude. Le rassemblement des forces au Royaume-Uni est de nature à alerter les services de renseignement nazis. L'opération Fortitude est alors mise en place pour créer une série de fausses pistes afin de berner les Allemands. Les Alliés construisent de faux bâtiments de guerre (navires, chars, artillerie) en caoutchouc, dont le but est de perturber l'ennemi, notamment en simulant un débarquement en Norvège. Autre ruse, en accentuant les bombardements sur le nord de la France dans la nuit du 5 au 6 juin, ils vont faire croire aux Allemands que le débarquement se prépare au niveau des côtes du Pas-de-Calais.

Funnies. Nom donné aux chars alliés conçus à partir du châssis d'un Sherman et améliorés avec différentes options (anti-mines, lance-flammes...). Le plus connu reste le char amphibie Duplex Drive (surnommé "Donald Duck"). Les "Funnies" sont imaginés pendant la guerre par une équipe d'ingénieurs britanniques sous le commandement du major-général Percy Hobart.

Garand. Arme américaine semi-automatique, le fusil M1 Garand possède une bonne cadence de tir avec 30 coups par minute et une portée pratique (distance raisonnable d'utilisation) d'environ 400 mètres. Il présente aussi l'avantage d'être facile à démonter pour les GI, utile pour une opération comme le débarquement.

Un fusil M1 Garand fabriqué en 1944 et devenu arme de collection. (MITCH BARRIE / FLICKR)

Gold. Nom donné à l'une des deux plages du débarquement confiées aux troupes britanniques. Elle est située entre Asnelles et Ver-sur-Mer (Calvados).

Ike. Surnom de Dwight Eisenhower, commandant des forces alliées en Europe chargé du débarquement et de la libération de l'Europe occidentale. Eisenhower devient président des Etats-Unis en 1953.

Juno. Nom donné à la plage confiée aux troupes canadiennes, située entre Gold Beach et Sword Beach.

LCVP. Différentes barges de débarquement sont utilisées par les Alliés pour prendre d'assaut les côtes normandes (LCVP, LCA, LCI, LCM...). Côté américain, le LCVP (Landing Craft, Vehicle, Personnel) est l'embarcation la plus courante. Il transporte jusqu'à 36 militaires, pèse environ 9 tonnes quand il est vide, se déplace à moins de 20 km/h, mesure 11 mètres de long et 3 mètres de large.

Luger. Cette arme allemande, un des premiers pistolets semi-automatiques, possède une cadence de 20 coups par minute, un chargeur de 8 balles et peut tirer à une distance de 50 mètres. En raison de sa renommée, beaucoup de soldats américains cherchent à récupérer un Luger sur l'ennemi, au point que l'arme devient rapidement une monnaie de troc après le débarquement. Depuis les années 1950, le Luger P08 Parabellum est un objet de collection.

Un pistolet allemand Luger 9 mm accompagné d'une casquette nazie, photographiés en 1950. (ORLANDO / HULTON ARCHIVE / GETTY IMAGES)

Mulberry. Nom des ports artificiels construits après le débarquement au large d'Omaha Beach et à Arromanches afin d'approvisionner les Alliés. Seul ce dernier est opérationnel pendant la bataille de Normandie, celui d'Omaha Beach ayant été détruit par une tempête le 19 juin. Ils sont notamment constitués de caissons immergés formant une rade et de plateformes flottantes.

M1. Le casque US M1 couvre la tête des soldats américains lors du débarquement. Il est formé de deux parties indépendantes, le "liner" (un casque léger en contact avec la tête) et le "body" (un casque lourd).

Neptune. Nom de la première phase de l'opération Overlord qui correspond au débarquement en Normandie. Les Alliés cherchent à consolider une tête de pont - périmètre à partir duquel les armées pourront manœuvrer par la suite - dans le nord-ouest de l'Europe. Le Jour-J en est le premier jour, nommé ainsi pour ne pas révéler la date du 6 juin aux espions allemands.

Des soldats américains débarquent en Normandie, le 6 juin 1944. (THE U.S. ARMY / FLICKR)

Omaha. Nom d'une des deux plages confiées aux troupes américaines, située entre Vierville-sur-Mer et Sainte-Honorine-des-Pertes (Calvados). Surnommée "Bloody Omaha" (la sanglante) en raison du bilan humain qui s'élève, au soir du 6 juin, à quelque 3 000 hommes tués, blessés ou disparus (presque un tiers des pertes alliées du Débarquement).

Overlord. Nom de code donné à la bataille de Normandie, dont l'objectif est d'ouvrir un nouveau front en Europe, réclamé par l'URSS de Staline depuis 1942. Le but final affiché par les Alliés est la libération de l'Europe de l'emprise nazie.

Panther. Pour accompagner le Panzer lors de la bataille de Normandie, les Allemands se servent du char Panther. Rapide et maniable, il se révèle également redoutable pour l'ennemi avec son canon 75 mm et ses deux mitrailleuses. Il a fait ses classes sur le front russe, où il a causé de lourdes pertes parmi les chars soviétiques T-34.

Panzer. Mot allemand qui signifie "tank". Le VI Königstiger, ou Tigre Royal, est la dernière version des chars Panzer allemands. Il pèse près de 70 tonnes et dispose d'un blindage de 8 centimètres sur les flancs et de 15 centimètres sur l'avant. Son impressionnante solidité réduit sa mobilité et son autonomie (il consomme presque 500 litres aux 100 km). Mais son blindage associé à son canon de 88 mm et à ses trois mitrailleuses lui permet d'être la terreur des Alliés sur le champ de bataille lors du 6 juin 1944.

Un Panzer Tigre Royal au musée des Blindés de Saumur (Maine-et-Loire). (PENCROFF / FLICKR)

Pegasus bridge. Nom donné après le débarquement au pont de Bénouville, qui relie Caen au port de Ouistreham. La prise du pont par les parachutistes britanniques (dont le cheval ailé Pégase était l'emblème) constitue l'un des faits d'armes du 6 juin.

Piccadilly Circus. Surnom donné au point de rassemblement des navires du débarquement, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944. Des milliers d'embarcations se regroupent près de l'île de Wight, au sud de l'Angleterre, avant de se diriger vers les côtes normandes.

Pluto. Acronyme de "Pipeline underwater transport of oil", deux oléoducs sous-marins reliant l'Angleterre à la France pour ravitailler les troupes alliées en carburant après le débarquement. Le premier pipeline, entre l'île de Wight et Cherbourg, surnommé "Bambi route", se révèle décevant et ne sera utilisé que douze jours. "Dumbo line", le second, entre Dungeness et Boulogne-sur-Mer, se montre beaucoup plus efficace avec ses 17 lignes et livrera du carburant jusqu'en août 1945.

Ration K. Boîtes de conserve, biscuits, confiseries, chewing-gum, cigarettes, boisson en poudre... La ration K (du nom de son concepteur, le nutritionniste Ancel Keys) doit permettre aux soldats américains de tenir une journée avec quelque 3 000 calories, tout en étant plus compacte que les rations classiques. Le 6 juin, elle est d'un grand secours pour les GI parachutés en terrain ennemi. Pesant plus de deux kilos, elle contient trois boîtes, une pour chaque repas, comme le détaille le site de l'association D-Day Overlord.

Rupert. Nom donné aux centaines de mannequins parachutés en Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin. Avec une taille de 1,20 m environ, ces leurres ont pour objectif de créer la confusion chez les Allemands afin de leur faire croire que l'invasion va se dérouler sur un territoire plus vaste que prévu. Cette opération de désinformation nommée "Titanic" est racontée dans le film Le Jour le plus long.

Un mannequin Rupert et sa toile de parachute, photographiés le 27 septembre 2010 au musée du Débarquement d'Arromanches (Calvados). (ASTAKEN / FLICKR)

Sévère. Un des nombreux codes utilisés par la BBC dans la "guerre des ondes". "Il est sévère mais juste" demande aux résistants d'entamer les opérations de sabotage. Variante : "Messieurs, faites vos jeux". Les annonces sont généralement précédées d'un indicatif sonore issu de la Symphonie n°5 de Beethoven, signifiant le "V" de la victoire en morse, et de l'annonce "Veuillez écouter quelques messages personnels".

Sherman. Les Etats-Unis comprennent vite l'importance des blindés pour gagner la guerre. Ils mettent au point le char Sherman. Utilisé par les Américains, les Canadiens et les Britanniques, l'engin se révèle moins performant que ses homologues allemands au niveau de la puissance de feu et de l'épaisseur du blindage. Mais les Alliés vont compenser ces défauts par une quantité impressionnante de chars Sherman (près de 50 000 engins produits).

Sword. Nom donné à l'une des deux plages attribuées au débarquement des troupes britanniques. C'est sur cette plage que débarque le bataillon Kieffer, composé de 177 Français. Située entre Ouistreham et Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados), c'est la position alliée la plus à l'est.

Thunder. Le criquet n'est pas la seule astuce des Alliés pour se reconnaître en terrain ennemi le jour du débarquement. Un code vocal est également imaginé pour les unités parachutées en pleine nuit. Les GI annoncent le mot "Flash" (éclair) et attendent le mot "Thunder" (tonnerre) en retour pour s'assurer de la présence d'un allié. Ils confirment alors l'absence de danger avec le mot "Welcome" (bienvenue). Pour plus de sécurité, ce code change dès le lendemain du Jour-J.

Tiger. Pour préparer au mieux le Jour-J, les Alliés organisent une répétition grandeur nature du débarquement sur les plages de la côte sud des Etats-Unis, dans la nuit du 27 au 28 avril 1944. Mais l'opération Tiger tourne au fiasco. Repérés et attaqués par une patrouille de navires allemands, les Alliés perdent plus de 700 hommes. Plus grave, les plans secrets du Jour-J sont menacés car plusieurs officiers détenteurs de cartes d'Utah Beach sont portés disparus. Les hommes sont finalement retrouvés et l'état-major tire les leçons de cet échec pour préparer le 6 juin.

Utah. Nom d'une des deux plages du débarquement prises en charge par les troupes américaines, entre Sainte-Marie-du-Mont et Quinéville. C'est la plage la plus à l'ouest et la seule située dans le département de la Manche.

Violons. Les premiers vers du poème Chanson d'automne de Paul Verlaine servent à annoncer le débarquement au réseau de résistance français "Ventriloquist", basé en Sologne, sur les ondes de la BBC. Un code différent est prévu pour chaque réseau de résistance. "Les sanglots longs des violons de l’automne", première partie de la première strophe, est lue le 1er juin pour prévenir les saboteurs de "Ventriloquist" de se tenir prêts. Le 5 juin, vers 22 heures, retentit la deuxième partie, "bercent mon cœur d'une langueur monotone", qui annonce le début des opérations. Les résistants mettent alors à exécution le plan "Violet", dont le but est de saboter les réseaux de télécommunications allemands en direction de la Normandie.

Zippo. S'il ne fait pas officiellement partie du paquetage, le briquet tempête Zippo figure dans les bagages de la plupart des GI lors du débarquement. La marque a fait en sorte d'expédier autant de briquets possibles sur le front, ce qui lui permettra de se populariser.

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