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Cérémonies du Débarquement : quatre tête-à-tête diplomatiques qui risquent de faire flop

Une dizaine de rencontres entre dirigeants sont prévues parallèlement aux commémorations du 70e anniversaire du Débarquement. Retour sur les plus décisives.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le château de Bénouville (Calvados)) accueille le déjeuner des chefs d'Etat et de gouvernement, le 6 juin 2014 à midi. (HERVE HUGHES / HEMIS.FR / AFP)

Barack Obama, Vladimir Poutine, la reine Elizabeth II, Angela Merkel… Au total, la France a convié 18 chefs d'Etat et de gouvernement à l'occasion du 70e anniversaire du Débarquement, vendredi 6 juin. En marge de l'événement, de nombreuses rencontres bilatérales sont prévues pour évoquer les dossiers en cours, notamment la crise ukrainienne.

Longtemps espérée, une rencontre entre Vladimir Poutine et Barack Obama n'est pas à l'ordre du jour. Ou à la marge, lors du déjeuner collectif, vendredi, au château de Bénouville (Calvados). "Bien sûr que je le verrai, puisqu'il sera là", a sobrement déclaré le président américain.

Parmi la dizaine de tête-à-tête inscrits dans les agendas, retour sur quatre rencontres décisives ou symboliques. Et sur les sujets qui risquent de fâcher...

Hollande à Obama : "Tu as reçu ma lettre sur la BNP ?"

  (PATRICK KOVARIK / OLIVIER DOULIERY / DPA / DPA PICTURE-ALLIANCE / AFP)

Où et quand ? Dans un restaurant parisien, jeudi à 19 heures. Juste après un entretien avec la reine d'Angleterre à l'Elysée.

Le sujet qui pourrait fâcher. François Hollande a écrit à Barack Obama pour dénoncer le "caractère disproportionné" des sanctions envisagées aux Etats-Unis contre BNP Paribas. Le groupe français est menacé d'une amende de 7,3 milliards d'euros pour avoir violé l'embargo américain contre certains pays comme le Soudan, l'Iran ou Cuba.

"La lettre date du 7 avril et ils se sont ensuite parlé au téléphone à ce sujet, parmi d'autres", a précisé l'Elysée. Cela n'a pas suffi, semble-t-il. François Hollande s'apprête à remettre le couvert. "Je ne sais pas si lui veut en parler mais moi, je lui en parlerai" vendredi, a-t-il averti à Varsovie (Pologne). Entre-temps, l'agence de notation Standard & Poor's a menacé d'abaisser la note à long terme de BNP Paribas, actuellement fixée à A+.

Hollande à Poutine : "Elles y sont toujours, tes troupes ?"

  (MICHAEL KLIMENTYEV / RIA NOVOSTI / PATRICK KOVARIK AFP)

Où et quand ? Après le dîner avec Barack Obama, diplomatie oblige, François Hollande remettra le couvert avec Vladimir Poutine, dans la même soirée. "J'admire François Hollande, capable de ce sacrifice", ironise Hélène Blanc, coauteure de Russia Blues (éd. Ginkgo), contactée par francetv info. "Mais il aurait été à l'honneur de la France de réunir plutôt autour d'un même dîner Barack Obama et Vladimir Poutine" pour évoquer l'Ukraine.

Le sujet qui pourrait fâcher. Le sujet de l'Ukraine devrait toutefois être largement abordé. Depuis des mois, François Hollande et ses alliés occidentaux réclament le départ des militaires russes installés à la frontière ukrainienne. Si le gros des troupes a levé le camp, une partie d'entre elles devrait toutefois y rester, a regretté l'Otan, mercredi. Autre question en suspens, la formation d'un groupe de dialogue entre Kremlin et Kiev.

Pour le moment, le message n'est guère entendu. La Russie exige toujours la fin de "l'opération punitive" menée selon elle par les autorités ukrainiennes. Et Vladimir Poutine a enfoncé le clou, mercredi sur Europe 1. "Partout dans le monde, il y a des bases militaires américaines, des troupes américaines à des milliers de kilomètres de leurs frontières." Une allusion au milliard de dollars promis deux jours plus tôt par Barack Obama pour épauler et entraîner les forces armées des pays de l'Otan frontaliers de la Russie.

Cameron à Poutine : "Bizarre, la Coupe du monde"

  (PAUL ELLIS / MICHAEL KLIMENTYEV / RIA NOVOSTI / AFP)

Quand ? Prévue vendredi, la rencontre a été avancée à jeudi. 

Le sujet qui pourrait fâcher. Bien entendu, l'Ukraine sera au programme de la rencontre. D'autant que la Russie n'a pas vraiment digéré l'insulte du prince Charles, qui avait comparé Vladimir Poutine à Adolf Hitler. Moscou avait alors "demandé des explications officielles aux autorités britanniques". Un porte-parole de David Cameron (lien en anglais) a toutefois précisé que cette rencontre n'était pas destinée à "faire la paix" après cet épisode.

Un mot de foot, aussi ? La presse britannique a fait état de possibles pots-de-vin versés avant la désignation du Qatar pour le Mondial 2022. Des attaques relayées par de nombreux responsables politiques britanniques, à commencer par Gerry Sutcliffe, ancien ministre des Sports, qui a réclamé du même coup l'annulation de l'édition 2018 en Russie, votée le même jour. Du côté de Moscou, on dénonce une "chasse aux sorcières" et on raille le manque de fair-play du Royaume-Uni, candidat malheureux face à l'émirat pour l'organisation de l'épreuve.

Merkel à Poutine : "Pas de folies avec le robinet de gaz"

  (THIERRY CHARLIER  / MICHAEL KLIMENTYEV / RIA NOVOSTI / AFP)

Quand ? Vendredi matin, avant les cérémonies de commémoration.

Le sujet qui pourrait fâcher. De l'aveu même de la chancelière allemande, difficile "d'imaginer un avenir stable [en Ukraine] sans accord" sur la question du gaz. Le prix du gaz russe s'est envolé de 80% en Ukraine et la compagnie russe Gazprom a même adressé un ultimatum à Kiev. Si la lourde dette gazière ukrainienne n'est pas remboursée – 3 milliards de dollars –, le robinet des livraisons sera fermé. Après un virement de 786 millions de dollars le week-end dernier, la date limite de paiement a été repoussée au 10 juin.

Mine de rien, cette épée de Damoclès pèse sur de nombreux pays européens, car 60% du gaz russe livré en UE transitent par l'Ukraine, selon Le Monde. "L'entreprise Gazprom est utilisée par Moscou comme un instrument de pression, une espèce de matraque énergétique pour faire du chantage", estime Hélène Blanc. Une donnée importante pour l'Allemagne, qui importe 43% de sa consommation de gaz depuis la Russie, rappelle l'Observatoire du gaz.

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