Chasses traditionnelles : "L'urgence a été reconnue", mais "c'est inquiétant de voir qu'un lobby a un tel pouvoir en France", relève One Voice
Un combat incessant : saisi en urgence par les défenseurs de la nature, le Conseil d'État a de nouveau suspendu lundi les autorisations redonnées aux chasseurs par le gouvernement.
"C'est inquiétant de voir qu'un lobby a un tel pouvoir en France, encore", a estimé sur franceinfo mardi 26 octobre Muriel Arnal, présidente et fondatrice de One Voice, une association qui se bat pour la protection des animaux, alors que le juge des référés du Conseil d'État, saisi en urgence par les défenseurs de la nature, a suspendu lundi les nouveaux arrêtés gouvernementaux autorisant à nouveau des chasses d'oiseaux traditionnelles.
franceinfo : Vous êtes satisfaite de voir que le gouvernement, même en matière de chasse, n'est pas au-dessus des lois ?
Muriel Arnal : C'est une grande joie que l'urgence ait été reconnue parce que les dommages sont irréversibles en matière de chasse.
"C'est important de savoir qu'il y a une justice, et que nos écosystèmes, la biodiversité sont protégés."
Muriel Arnal, présidente et fondatrice de One Voiceà franceinfo
Cela fait des années que le lobby de la chasse est entendu par les gouvernements successifs. Mais aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'on ne sait pas, on ne peut pas dire qu'on ne sait pas que les oiseaux disparaissent, que c'est une cruauté, uniquement pour un loisir.
Pourquoi, selon vous, le gouvernement s'est-il montré empressé de contredire la plus haute instance administrative du pays ?
C'est inquiétant de voir qu'un lobby a un tel pouvoir en France, encore. On l'a vu pendant le confinement, on le voit ici encore. Pendant le confinement, les chasseurs étaient les seuls à sortir, les enfants ne le pouvaient pas. Aujourd'hui les oiseaux sont en danger, c'est un fait scientifique. On sait aussi qu'il y a de la cruauté, cela a été reconnu, même au niveau de l'Union européenne. Et malgré cela le gouvernement continue ses cadeaux, puisque là, l'arrêté avait été pris un vendredi pour permettre aux chasseurs de chasser le week-end, et de ne pas nous permettre d'aller au Conseil d'État assez vite.
Est-ce que pour aller au bout de votre combat, l'idée c'est d'un jour demander l'interdiction de la chasse tout simplement en France ?
Nous demandons une réforme radicale de la chasse. Nous demandons l'interdiction des lâchers de sangliers, l'interdiction de la chasse en enclos où les animaux n'ont aucune chance. Nous demandons qu'il y ait un principe de précaution, à partir du moment où des oiseaux, des animaux sont en danger et sont vulnérables.
Les chasseurs disent qu'il faut bien réguler certaines populations d'animaux, cela peut s'entendre tout de même ?
Ils parlent là des sangliers, les sangliers ce sont 2 % des espèces chassées. La plupart des espèces chassées, ce sont des oiseaux. Et depuis le temps que les chasseurs régulent, on ne comprend pas pourquoi il y a de plus en plus de sangliers. Tout cela, c'est simplement pour pouvoir s'adonner à leurs loisirs.
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