Violences contre les maires : "Nous avons le sentiment d'être de plus en plus des cibles", pointe le vice-président de l'Association des maires de France
"Malheureusement, cela se répète, nous avons le sentiment d'être de plus en plus des cibles du recul de la citoyenneté et des difficultés des Français", réagit dimanche 19 novembre sur franceinfo André Laignel, vice-président de l'Association des maires de France (AMF), également maire d'Issoudun (Indre).
D'après une enquête du Cevipof parue dimanche, 7 maires sur 10 se déclarent victimes d'incivilités, et le ministère de l'Intérieur dénombre une augmentation de 15% de ces faits en 2023 par rapport à 2022, soit déjà 2 400 atteintes aux élus. Les maires auront l'occasion d'en discuter lors de l'ouverture du 105e Congrès des maires, lundi, dont le titre est révélateur : "Communes attaquées, République menacée".
Le GIGN forme des maires
André Laignel, qui a lui-même été victime de telles atteintes, avec une balle retrouvée dans sa salle à manger en 2018, explique ces "exactions" par la position du maire. "Nous sommes en première ligne", souligne le premier magistrat d'Issoudun, "souvent le premier recours parce que nous sommes la proximité, à portée de nos concitoyens, mais nous sommes aussi parfois le dernier espoir". Or, ajoute André Laignel, "quand on n'a pas la possibilité d'y répondre, alors forcément ça génère de la colère, de la frustration, des crises".
Le vice-président de l'AMF assure qu'on peut analyser ces atteintes par la "crise ininterrompue" que traverse la France depuis trois ans, "on pourrait même remonter jusqu'à cinq ans si on remonte aux gilets jaunes", précise l'élu. Il avance que "les difficultés s'accumulent pour nos concitoyens, la crise sociale et économique est de plus en plus sévèrement vécue par les nôtres : toutes les tensions se rassemblent pour que la France soit assise sur un baril de poudre".
Emmanuel Macron ne considère les communes que comme des sous-traitants de l'Etat.
André Laignel, vice-président de l'AMFsur franceinfo
Désormais, l'Association des maires de France fait appel au Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) pour former les maires, sur proposition du ministère de l'Intérieur. "Je crois que c'est utile d'être formé aux conflits", déclare André Laignel. "Les maires ne sont pas là pour cela, mais nous devons malheureusement les former parce que les agressions sont de plus en plus nombreuses, et gérer une situation de crise, ça ne s'improvise pas, ça s'apprend".
"Le vrai problème", fait-il remarquer, "la vraie difficulté des maires, c'est de ne pas pouvoir répondre aux attentes de nos concitoyens". Sur ce point, le maire d'Issoudun dénonce un "double étouffement : administratif, soigneusement organisé par l'Etat, et financier". Le vice-président de l'AMF estime que "ça donne le supplice du garrot, il se resserre et on se rapproche de l'asphyxie". L'élu regrette qu'il n'y ait "jamais les moyens suffisants et correspondants pour que nous puissions faire face".
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