"On a hâte, on a envie de revoir tout le monde" : 20 jours après l'attentat de Trèbes, le Super U rouvre ses portes
20 jours après l'attentat dans le Super U de Trèbes, le magasin rouvre ses portes jeudi. Comment les habitants et les salariés appréhendent-ils ce retour ?
Les dizaines de bougies et de bouquets de fleurs posés devant les vitrines ont été enlevés depuis une semaine. Le Super U de Trèbes, dans l'Aude, rouvre ses portes jeudi 12 avril, à 10 heures, soit 20 jours après l'attentat qui a fait trois morts le 23 mars : Christian Medves, le chef boucher, Hervé Sosna, un client, et le colonel Arnaud Beltrame, qui a pris la place d'une otage du terroriste Radouane Lakdim. Les bénéfices de la première journée seront intégralement reversés aux victimes.
Les peintres, les électriciens et les décorateurs ont terminé leur travail. Il s'agissait de réparer ce qui devait l'être et surtout tenter de modifier l'accueil afin que les salariés et les clients ne retrouvent pas exactement le même magasin qu'avant. À la veille de l'ouverture, des essais de sono sont réalisés et de petites affichettes "Tous unis" sont disposées dans les allées.
À l'image de nombreux habitants de Trèbes, Daniel a bien noté la date de la réouverture. Il s'y rendra vers 18h30-19 heures jeudi, "à mon heure", dit-il. "On a hâte. Ça fait plaisir que ça rouvre parce qu'on a envie de revoir tout le monde, ceux qu'on avait l'habitude de voir, les caissières gentilles", ajoute cet habitué.
Ce n'est pas eux qui gagneront de toute façon. Ce magasin, il faut qu'il rouvre et qu'on refasse notre vie... Enfin, il faut qu'on continue.
Daniel, un client du Super U de Trèbesà franceinfo
La plupart des salariés, 35 sur 48, seront à leur poste dès jeudi matin, mais en doublon, avec un collègue venu d'un magasin de la région pour les épauler. Quand cela est possible, reprendre le travail est "sûrement excellent pour le psychisme" des salariés, indique Jean-Marc Bernis, président de l'antenne audoise de l'association France victimes, qui a accompagné les salariés du Super U. "Il y en a certains qui, malheureusement, ne pensent pas pouvoir revenir dans le magasin, ça demandera sûrement un travail de plus ou moins longue haleine, peut-être même [qu'ils] ne pourront pas revenir dans le magasin", poursuit-il.
La culpabilité de ceux qui ont survécu
Certains survivants sont toujours sous le choc. C'est le cas notamment de la caissière qui avait été prise en otage avant que le colonel Beltrame ne prenne volontairement sa place, ou encore pour le boucher qui a vu son collègue mourir devant lui.
Certaines victimes ne comprennent pas pourquoi elles s'en sont sorties quand d'autres sont mortes. "Pourquoi moi, j'ai échappé au pire et les autres ont été cruellement atteints ?", résume le vice-président de l'association France victimes Carcassonne, Yves Grilhot. Donc ces victimes culpabilisent."
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