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Comment Fabien Clain et son frère Jean-Michel ont basculé d'une éducation catholique en Normandie au jihad en Syrie

Rien ne prédestinait Fabien Clain, tué lors d'une frappe mercredi en Syrie, et son frère Jean-Michel, gravement blessé, de faire le jihad. Retour sur leur itinéraire.

Article rédigé par Mathilde Lemaire - Édité par Margot Delpierre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'immeuble où a vécu Fabien Clain, à Alençon (Orne). (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Le jihadiste français Fabien Clain a été tué mercredi 20 février, en Syrie, par une frappe de la coalition internationale et son frère, Jean-Michel, est gravement blessé, révèle franceinfo jeudi 21 février. Fabien Clain, alias Abou Omar, a été tué par une frappe aérienne à Baghouz, dernier bastion de l'organisation terroriste Etat islamique en Syrie.

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La France a découvert Fabien Clain au lendemain du 13-Novembre 2015 : il est la voix du message audio de revendication des attentats de Paris et Saint-Denis par le groupe État islamique. En réalité, cet homme est une vieille connaissance des services antiterroristes français.

Une enfance catholique en Normandie

Nés en 1978 et 1980 dans une famille catholique pratiquante d'origine réunionnaise, les frères Clain - Fabien et Jean-Michel - grandissent à Alençon, tranquille préfecture de l'Orne, en Normandie. Rien ne les prédestine à devenir des "émirs" du groupe Etat islamique. Leur mère leur enseigne le catéchisme. Mais à 18 ans, Fabien Clain lit le Coran et se convertit. Très vite, exalté, il convainc son frère, leurs petites amies et même leur mère de se convertir. 

Quand la famille déménage à Toulouse, les hommes en djellaba, les femmes en voile intégral attirent vite l'attention de la police. Par ailleurs, Fabien Clain, très grand et pesant 150 kg, est repérable par sa stature. Là, sur les marchés, dans les associations, les deux frères font du prosélytisme et convertissent quantité de jeunes à un islam radical, leur faisant visionner des vidéos de Ben Laden. Très vite, l'idée apparaît de partir combattre l'ennemi américain en Irak, idée qui se réalise. 

Des recruteurs du groupe État islamique

Leur réseau se constitue avec notamment Mohamed Merah - qui plus tard sera l'auteur de tueries à Toulouse et Montauban - autour de la filière dite d'Artigat, commune reculée de l'Ariège où vit Olivier Corel, "l'émir blanc". En 2007, la filière d'Artigat est démantelée. Fabien Clain est déclaré coupable d'association de malfaiteurs terroristes, il écope de cinq ans de prison ferme. Il reste trois ans derrière les barreaux et, pendant son incarcération, continue de prêcher, convertir et recruter. Son activité ne s'arrêtera pas une fois à l'extérieur. Les frères Clain le feront dans toute l'Europe, en Belgique notamment, avant le grand départ de la famille en Syrie en 2015. Leur mère, malade, meurt pendant le voyage.

Les Clain sont soupçonnés d'avoir téléguidé depuis Raqqa (Syrie) Sid Amhed Ghlam, le jihadiste qui a tué à Villejuif Aurélie Châtelain, jeune professeur de gymnastique, en 2015. Il avait alors manqué une attaque de plus grande ampleur contre une église de Villejuif.

Les services de renseignement ont toujours tenté de conserver la trace de ces deux frères qui, dans l'État islamique, ne combattaient pas sur le terrain mais sont devenus des recruteurs et des propagandistes surtout. Ils faisaient partie de la "branche média" du groupe État islamique. Ils étaient considérés comme des vétérans du jihad, jusqu'à la frappe, mercredi 20 février, qui a tué Fabien Clain et grièvement blessé son frère Jean-Michel.

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