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Infographie Qui sont les 20 accusés du procès des attentats du 13-Novembre ?

Article rédigé par Juliette Campion
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11 min
Infographie des 20 accusés qui sont jugés lors du procès des attentats du 13 novembre 2015, à partir du 8 septembre 2021. (JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Logisticiens, convoyeurs, artificiers ou membres des commandos : ces 20 accusés sont impliqués à des degrés divers dans les attaques de Paris et Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes en 2015.

Ils sont âgés de 27 à 40 ans. Vingt hommes vont comparaître devant la cour d'assises spéciale de Paris, à partir du mercredi 8 septembre, au procès des attentats du 13 novembre 2015. Parmi eux, 14 seront présents, dont 11 détenus et trois laissés libres. Les six autres seront jugés par défaut, dont cinq qui sont présumés morts en zone irako-syrienne.

>> Retrouvez les moments-clés de ce procès historique prévu pour durer neuf mois

Logisticiens, convoyeurs, artificiers ou membres des commandos : ces accusés sont soupçonnés d'avoir été impliqués à des degrés divers dans les attaques de Paris et Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes et fait des centaines de blessés. Franceinfo vous résume leur parcours.

Infographie des 20 accusés qui sont jugés lors du procès des attentats du 13 novembre 2015, à partir du 8 septembre 2021. (JESSICA KOMGUEN / FRANCEINFO)

Salah Abdeslam

Tous les regards se tourneront vers lui. Ce Français de 31 ans, né à Bruxelles, est le seul membre des commandos du 13-Novembre encore en vie. La nuit des attentats, son frère Brahim se fait exploser au Comptoir Voltaire, un restaurant du 11e arrondissement de Paris. Salah Abdeslam, lui, abandonne sa ceinture explosive, pour des raisons encore inconnues. Il se fait exfiltrer de Paris vers la Belgique au lendemain des attaques, avant d'entamer une cavale de plus de quatre mois.

Traqué par les polices européennes, il est arrêté dans la commune bruxelloise de Molenbeek, le 18 mars 2016. Après son transfert en France, il est incarcéré à l'isolement à Fleury-Mérogis (Essonne), sous vidéosurveillance 24 heures sur 24. Il a depuis presque systématiquement gardé le silence face aux juges.

Au procès des attentats du 13-Novembre, il sera jugé pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et "meurtres en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste". Lors de son procès en Belgique en 2018, il a déjà été condamné à 20 ans de prison pour avoir tiré sur des policiers, trois jours avant son interpellation. 

Ceux qui l'ont aidé dans la préparation des attentats

• Mohamed Abrini. C'est "l'homme au chapeau" aperçu sur des images de vidéosurveillance de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, lors des attentats qui ont secoué la ville, en mars 2016. L'homme de 36 ans, suspecté d'avoir aidé aux préparatifs des attentats de Bruxelles, sera jugé à Paris pour avoir appuyé les commandos du 13-Novembre. Cet ami d'enfance des frères Abdeslam est soupçonné d'avoir participé au financement et à la fourniture des armes.

Arrêté et placé en garde à vue en 2016, le Belgo-Marocain n'a cessé de minimiser son rôle dans les attaques. Il a aussi nié être radicalisé, soutenant n'être jamais allé en Syrie, contrairement aux affirmations du parquet fédéral belge, selon lequel il y a séjourné en 2015. Il a toutefois avoué s'être caché avec Salah Abdeslam pendant un certain temps.

• Mohamed Bakkali. Considéré comme l'un des logisticiens des commandos du 13-Novembre, ce Belgo-Marocain est accusé d'avoir loué des voitures en vue des attentats. Détenu en France depuis 2018, l'homme de 34 ans est aussi poursuivi pour la location, sous une fausse identité, de planques où les ceintures explosives ayant servi aux attaques de Paris et Saint-Denis ont été fabriquées. Il est par ailleurs accusé d'avoir été le chauffeur d'Ayoub El Khazzani, le tireur du Thalys, et d'Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13-Novembre, à leur retour de Syrie. Il a été condamné pour ces faits à 25 ans de prison, en décembre dernier, une peine dont il a fait appel.

• Abdellah Chouaa. Dernier mis en examen de l'enquête, ce Belgo-Marocain de 40 ans est soupçonné d'avoir apporté un soutien logistique à la cellule terroriste. Il a notamment joué le rôle de chauffeur pour Mohamed Abrini entre la France et la Belgique, début novembre 2015. Il est le fils d'un imam de Molenbeek, accusé par son ex-femme et l'un de ses neuf fils d'être radicalisé et d'organiser le départ de jeunes en Syrie. Abdellah Chouaa a été laissé libre sous contrôle judiciaire.

• Ali El Haddad Asufi. Ce Belgo-Marocain de 36 ans était en contact "de façon récurrente" avec les membres de la cellule franco-belge. Les investigations ont montré qu'il avait fréquenté les planques bruxelloises utilisées par les jihadistes pour préparer les attaques du 13-Novembre et qu'il aurait notamment participé à la fourniture d'armes. Il a par ailleurs un lien avec le kamikaze Ibrahim El Bakraoui, l'un de ses amis d'enfance, qui s'est fait exploser à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem en 2016. Ali El Haddad Asufi est détenu en France, à la prison de Bois-d'Arcy (Yvelines), depuis juin 2019.

• Farid Kharkhach. Ce Belgo-Marocain de 38 ans est accusé d'avoir fourni des faux papiers à la cellule du 13-Novembre, sur demande de Khalid El Bakraoui, l'un des auteurs des attentats de Bruxelles. Ces faux papiers s'étaient révélés décisifs pour le commando, selon les juges français. Ils auraient ainsi permis "de réaliser la préparation des attentats et notamment de louer les appartements conspiratifs, de se déplacer en Europe pour constituer la cellule terroriste, de retirer de l'argent". Interpellé en Belgique, il est détenu en France depuis juin 2017.

Ceux qui devaient participer aux attaques

Adel Haddadi, un Algérien 33 ans, et Muhammad Usman, un Pakistanais de 28 ans, ont été interpellés en décembre 2015, dans un foyer de migrants en Autriche. Les deux hommes, qui se sont rencontrés en Syrie en septembre 2015, sont soupçonnés d'avoir voulu commettre une autre attaque en France, le soir du 13 novembre 2015. Une mission que leur avait confiée des représentants de l'Etat islamique (EI).

Haddadi et Usman sont parvenus à franchir la frontière turque grâce à des passeurs, avec deux autres compagnons de route : les kamikazes irakiens qui se sont fait exploser au Stade de France et à Saint-Denis. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. A l'arrivée des deux hommes sur l'île grecque de Leros, le 3 octobre 2015, la police a tout de suite repéré leurs faux papiers et ils ont été incarcérés, contrairement aux deux Irakiens, dont les faux passeports n'ont pas été détectés.

L'Algérien et le Pakistanais sont restés 25 jours derrière les barreaux et ont pris du retard sur leur trajet initial. Quand leurs compagnons de route sont arrivés à Paris le 13 novembre, eux se trouvaient encore en Croatie. Ils ont fini leur périple en Autriche, jusqu'à leur arrestation, le 10 décembre. Ils sont détenus en France depuis juin 2016.

Ceux qui ont caché Salah Abdeslam

• Mohammed Amri. Ce Belgo-Marocain de 32 ans, proche des frères Abdeslam, a reconnu être allé chercher Salah Abdeslam en voiture le soir du 13 novembre pour l'emmener en Belgique, en sachant qu'il avait pris part aux attaques. Interpellé là-bas dès le 14 novembre, il a été extradé en juillet 2016 en France, où il est incarcéré depuis.

Hamza Attou. Ce Belgo-Marocain de 27 ans a accompagné Mohammed Amri pour aller chercher Salah Abdeslam à Paris. Il a été interpellé en Belgique au lendemain des attentats. Remis à la France en juin 2016, il a été incarcéré avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai 2018.

Yassine Atar. Cet homme de 34 ans est accusé d'avoir détenu une clé de la planque bruxelloise de Schaerbeek, où s'est réfugié Salah Abdeslam juste après les attaques du 13 novembre 2015. C'est aussi dans cet appartement qu'ont été fabriquées les ceintures explosives utilisées ce soir-là. Interpellé à Bruxelles en mars 2016, il a été extradé en juin 2018 en France, où il est incarcéré. Il est le frère d'Oussama Atar, soupçonné d'avoir piloté les attaques parisiennes depuis la Syrie.

• Sofien Ayari. Ce Tunisien de 27 ans a été l'un des compagnons de cavale de Salah Abdeslam en Belgique. Son ADN a été retrouvé dans plusieurs planques ayant servi à la préparation des attentats du 13-Novembre. Ayant rejoint l'Etat islamique en Syrie fin 2014, il était revenu en Europe en 2015, accompagné d'Osama Krayem et d'Ahmad Alkhald, deux autres accusés. Interpellé à Bruxelles en même temps que Salah Abdeslam, il a été condamné à 20 ans de réclusion en Belgique pour avoir tiré sur un policier.

• Osama Krayem. Il a été le compagnon de cavale de Salah Abdeslam, avec Sofien Ayari. Ce fils de Syriens exilés en Suède a séjourné dans les rangs de l'EI en Syrie dès 2014 avant de revenir en Europe en septembre 2015, infiltré parmi les migrants. Il a été identifié comme l'un des bourreaux du pilote jordanien assassiné par l'EI début 2015 en Syrie et il est impliqué dans les attentats de Bruxelles. Détenu en Belgique depuis avril 2016, il sera transféré en France pour le procès.

Ali Oulkadi. Proche de Brahim Abdeslam, ce Français de 36 ans est accusé d'avoir aidé Salah Abdeslam à se cacher à son arrivée à Bruxelles, le 14 novembre 2015. Interpellé huit jours après et remis à la France en avril 2016, il a été incarcéré avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire en juin 2018. Ali Oulkadi a toujours nié avoir été au courant du projet terroriste de la cellule, ce qu'a confirmé Salah Abdeslam lors d'une confrontation en 2018. "Ce que je tiens à dire, c'est que le 14 (...) mes photos ne circulaient pas partout dans les médias. Il ne pouvait pas savoir que j'étais l'ennemi public numéro 1 à ce moment-là", a affirmé ce dernier, selon L'Express.

Ceux qui seront jugés en leur absence

• Oussama Atar, présumé mort. Né en 1984, ce jihadiste belge, identifié sous le nom de guerre de Abou Ahmad, a endossé un rôle clé d'ordonnateur des attentats de Paris. Il est soupçonné d'avoir coordonné les attaques depuis Raqqa, en Syrie. C'est lui qui aurait directement recruté au moins quatre des terroristes, dont les kamikazes du Stade de France.

L'homme était un vétéran du jihad : il a franchi pour la première fois la frontière irako-syrienne en 2005 à l'âge de 19 ans, avant d'être interpellé par la police irakienne, sans passeport valide. Condamné à dix ans de prison, il a été incarcéré dans plusieurs geôles de l'armée américaine, dont Abou Ghraib, en même temps que de futurs cadres de l'Etat islamique. Rapatrié en Belgique et libéré en 2012, il a rapidement regagné la zone irako-syrienne. Il aurait été tué en Syrie en novembre 2017.

• Ahmad Alkhald, présumé mort. L'ADN de ce Syrien, dont la vraie identité est Omar Darif, a été retrouvé dans plusieurs planques belges et sur des ceintures explosives utilisées à Paris. Pour les enquêteurs, il était l'un des principaux artificiers de l'Etat islamique en Europe, où il est entré en 2015 caché parmi des réfugiés. Il a ensuite dirigé, depuis Bruxelles, la confection des explosifs ayant servi aux attaques du 13-Novembre, avant de regagner la Syrie. Il serait mort là-bas en juillet 2017, après une frappe aérienne.

• Les frères Fabien et Jean-Michel Clain, présumés morts. Nés à La Réunion en 1978 et 1980 dans une famille catholique pratiquante, les frères Clain se radicalisent lors de leur adolescence, à Toulouse. En 2014, ils quittent la France pour la Syrie et intègrent l'Amaq, organe de propagande de l'EI. Tous deux ont été identifiés comme étant les auteurs de la revendication des attentats du 13-Novembre.

Fabien Clain a enregistré le message audio, tandis que Jean-Michel Clain a prêté sa voix au chant religieux entendu dans l'enregistrement. Leur revendication évoquait aussi une attaque dans le 18e arrondissement, qui n'a pas eu lieu, ce qui laisse penser que les deux hommes connaissaient les détails des préparatifs des attentats. Ils sont vraisemblablement morts en Syrie, dans des frappes aériennes en février 2019.

• Ahmed Dahmani, incarcéré en Turquie. Né au Maroc en 1989, et naturalisé Belge en 2005, il a grandi à Molenbeek. Ce petit délinquant radicalisé, dont le nom apparaît dans une cinquantaine d'affaires de vols, trafics et ports d'armes, selon Le Parisien, est soupçonné d'être un logisticien de la cellule jihadiste. C'est un proche de Salah Abdeslam, avec qui il a effectué plusieurs déplacements vers des zones irako-syriennes. Il s'est enfui le 14 novembre 2015 en Turquie, où il a été arrêté avec un faux passeport. Un papier retrouvé à son domicile comportait l'adresse et les horaires du magasin où Salah Abdeslam a acheté des produits entrant dans la confection d'explosifs. Après son arrestation, la justice turque l'a condamné en 2016 à dix ans de prison pour trafic de migrants. La France a réclamé que l'individu lui soit remis, sans succès.

• Obeida Aref Dibo, présumé mort. Dit Abou Walid Al-Souri, ce Syrien, dont on ignore la date et le lieu de naissance, était un cadre de la cellule des opérations extérieures de l'EI, responsable du recrutement, de la formation et du déploiement des opérationnels vers les pays cibles. Il était par ailleurs un expert dans "l'entraînement des kamikazes, les explosifs et la logistique", selon Le Journal du dimanche. Il aurait notamment aidé au départ vers l'Europe d'une partie des commandos parisiens. L'homme serait mort dans un bombardement en février 2016.

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