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Festivités : cinq choses qui ont changé dans les dispositifs de sécurité depuis l'attentat de Nice

Depuis l'attentat qui a touché la promenade des Anglais à Nice, le 14 juillet 2016, les dispositifs de sécurité mis en place pour les festivités ont changé. Scénarios envisagés, formation des agents, aménagement urbain... franceinfo fait le point.

Article rédigé par David Di Giacomo, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
A Nice (Alpes-Maritimes), la promenade des Anglais a été sécurisée sur trois kilomètres pour empêcher toute attaque au camion-bélier. (VALERY HACHE / AFP)

L'attentat de Nice, qui a fait 86 morts et 450 blessés le 14 juillet 2016, a profondément remis en cause les dispositifs de sécurité prévus pour encadrer les différentes grands événements qui se déroulent dans des lieux publics : feux d'artifice, festivals, férias... Tous ces rassemblements de public demandent un haut niveau de sécurité en raison de la menace terroriste. Le mode d'attaque a contraint les autorités à revoir les scénarios prévus, la formation des agents de sécurité mais aussi l'aménagement urbain. 

1De nouveaux scénarios envisagés

Depuis l'attaque de la promenade des Anglais, le scénario de l'attaque au camion-bélier est systématiquement pris en compte : ce n'était pas le cas avant le 14 juillet 2016. D'ailleurs, lors des réunions de préparation du feu d'artifices de juillet 2016 à Nice, jamais les autorités n'avaient émis cette hypothèse. Elles avaient bien évoqué une possible attaque par la mer ou des hommes armés de fusil d'assaut mais pas un camion-fou. Pourtant, en quatre minutes seulement, au volant de son 19 tonnes, Mohamed Laouaij Boulhel a fait 86 morts et 450 blessés sur la promenade des Anglais. Depuis, d'autres attaques au camion-bélier ont frappé Berlin, Stockholm ou encore Londres.

Il a donc fallu s'adapter à ce nouveau mode d'action terroriste. "Cela nous a incités à revoir nos dispositif en durcissant les zones sanctuarisées, c'est-à-dire les zones où il y a de grands rassemblements de public", explique Pascal Lalle, le directeur central de la sécurité publique. "Ce durcissement est fait de deux manières : par des obstacles qui sont de nature à empêcher l'entrée dans le périmètre sanctuarisé de tout véhicule et par le renforcement des contrôles d'accès des gens qui viennent assister au spectacle."

2Des agents de sécurité mieux formés

Pour que les nouveaux dispositifs de sécurité mis en place soient efficaces, les forces de l'ordre doivent travailler main dans la main avec les agents de sécurité. Ils sont devenus incontournables pour organiser des grands événéments mais il faut les former pour assurer la sécurité des manifestations. "Ce n'est pas une action qui peut être menée sans qu'il y ait une vraie préparation non seulement aux missions de contrôle et de palpation mais aussi une vraie sensibilisation à la menace terroriste que nous vivons", justifie Claude Tarlet, le président de l'Union des entreprises de sécurité privée. Selon lui, les agents de sécurité doivent être sensibilisés "aux comportements anormaux, aux mouvements suspects et aux attitudes qui doivent les mettre en alerte", à l'image des gendarmes et des policiers.

3Les fans-zones comme modèle

Face à toutes ces nouvelles exigences de sécurisation des différents événements de l'été (feux d'artifices, festivals, férias...), le modèle qui fait référence est celui des fan-zones de l'Euro 2016 de football, accueilli dans plusieurs villes françaises. Les organisateurs ont su trouver lors de l'organisation de la compétition en juillet 2016 un système qui fait école depuis un an. "On a mis en oeuvre la logique du double périmètre de sécurité", détaille Maïté Merlot, qui a coordonné la sécurité pendant cet événement. "Elle permet d'avoir un premier contrôle de sécurité un peu au large de l'enceinte sportive ou culturelle et ensuite on a un deuxième contrôle de sécurité au plus près de l'enceinte sportive ou culturelle." Selon la jeune femme, cette manière de gérer la sécurité a été à l'avant-garde. "L'Euro a mis en place une politique un peu novatrice en la matière."

4Le renseignement renforcé

Afin de sécuriser au mieux toutes ces grandes manifestations, il est indispensable aussi d'être très bien renseigné. Avant la vague d'attentats, la phase de renseignements existait déjà mais désormais elle est devenue essentielle. "En amont, il y a la phase de préparation des dispositifs de sécurité et dans le cadre de la préparation, il y a l'évaluation des risques, explique Pascal Lalle. C'est la phase de recueil de l'information et de recueil du renseignement. À partir de là, il faut en tirer des conclusions pour d'une part prévenir les risques, voire les éliminer avant l'événement, et d'autre part être capable d'y faire face si on n'a pas pu les éliminer avant."  

Ce travail en amont se révèle efficace et permet d'éviter certains drames à venir. Le dernier exemple en date est celui de l'arrestation et l'incarcération au début du mois de juillet d'un jeune de 23 ans. Il menaçait de s'en prendre au président de la République, Emmanuel Macron, le 14 juillet, pendant le défilé sur les Champs-Élysées, à Paris.

5L'aménagement urbain intégré dans le dispositif

Depuis l'attentat du 14 Juillet, l'aménagement urbain est également devenu un moyen de se protéger. En effet, trois kilomètres de la promenade des Anglais ont été sécurisés avec d'imposantes bornes aux passages piétons mais aussi une clôture d'un mètre de hauteur, le long du trottoir, pour empêcher toute intrusion. Deux technologies existantes ont été utilisées : le système de protection des chutes de pierres en montagne et des glissières, utilisées dans des pays comme l'Australie, le Canada ou la Turquie en bordure d'autoroute, qui sont composées de potelés et de câbles. "Ce système a été conçu pour résister à l'intrusion de camions à fort tonnage", assure Denis Carlo, le responsable des espaces publics à Nice. Au total, cinq millions d'euros ont été investis pour sanctuariser la promenade des Anglais.

À Paris, l'aménagement urbain aussi évolue en fonction de la menace terroriste : un grand chantier débutera en septembre avec la construction d'un mur en verre pare-balles autour de la tour Eiffel et l'installation de bornes anti voiture-bélier. L'enjeu est double : sécuriser nos espaces publics mais sans les dénaturer ni les transformer en forteresse.

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