: Témoignages "Ce soir-là, j'ai vraiment quitté le monde des enfants" : ces victimes de l’attentat de Nice se préparent à témoigner lors du procès en appel
Le procès en appel de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice s’ouvre lundi 22 avril devant la Cour d’assises spéciale de Paris. Le début de deux mois d’audience avec deux hommes, condamnés en première instance à 18 ans de réclusion, qui seront rejugés pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". On reproche à Mohamed Ghraieb, Franco-Tunisien de 48 ans et Chokri Chafroud, un Tunisien de 44 ans, les deux seuls des huit accusés de première instance à avoir fait appel, d'avoir été au courant de la radicalisation de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et de l’avoir aidé dans ses préparatifs.
Le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, auteur de l'attentat qui a fait 86 morts, dont une quinzaine d'enfants, au caractère instable, a été tué par la police le jour de l'attaque sur la promenade des Anglais.
Huit ans après, Ornella a enfin cessé de faire des cauchemars. Elle avait 12 ans le soir de l’attentat de Nice. "J'ai vraiment quitté le monde des enfants, raconte-t-elle. Ce soir-là, je l'ai laissé derrière moi. J'ai vu des horreurs. J'ai vu des corps. J'ai encore certaines crises d'angoisse quand il y a trop de monde et quand il y a de la pluie aussi car il y en avait ce soir-là. J'ai déjà fait une fois ce témoignage, ça m'a fait du bien. J'ai toujours dit que c'est important de parler."
"Il y a beaucoup d'angoisse et de peur"
"On ne peut pas effacer entièrement", explique Jibril-Ange, lui aussi a déjà témoigné au premier procès. Il a longtemps cherché à gommer les souvenirs de l’enfant de 10 ans qu’il était, enjambant les corps en slip de bain. "Il fallait que la justice me convoque pour comprendre que j'étais victime, que ce que j'avais vécu était grave", raconte-t-il.
On ne réalise pas quand on est petit, explique Inès, qui avait 8 ans lors du drame. Elle va prendre la parole pour la première fois, au procès en appel.
"Je pense que ça me ferait du bien que l'on entende ce qu'on a vécu. Il y a beaucoup d'angoisse et de peur. Et il y a aussi les camions blancs qui nous font des angoisses."
Inèsà franceinfo
Son petit frère, Mathias, âgé de 7 ans à l'époque, lui aussi veut cette fois témoigner et raconter les séquelles : "Pendant un moment, je ne sortais plus de chez moi. Au collège, je n'y arrive pas trop parce que ça m'a laissé des difficultés." Inès et Mathias se souviennent qu’ils dansaient et chantaient sur la Promenade des Anglais. Le reste est flou. Leur mère a été blessée aux jambes. Près de 500 jours après le verdict rendu en première instance, et huit ans après les faits, ils veulent tourner la page.
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