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Procès de l'attentat de Nice : "Une reconnaissance de culpabilité" permettra aux victimes "une meilleure reconstruction", selon une avocate des parties civiles

Après 70 jours d'audience, le procès de l'attentat de Nice, qui fait 86 morts le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, s'est achevé ce lundi 12 décembre. "Une reconnaissance de culpabilité" permettra aux victimes "une meilleure reconstruction", a expliqué sur franceinfo maître Olivia Chalus, avocate de plusieurs parties civiles.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le procès de l'attentat de Nice, qui s'est déroulé à la cour spéciale de Paris, a également été retransmis durant plus de deux mois à Nice pour les parties civiles sur place.  (VALERY HACHE / AFP)

Plus de deux mois de débats se terminent. Ce lundi 12 décembre, le procès de l'attentat de Nice a pris fin. Le verdict de la cour spéciale de Paris est attendu le 13 décembre. Sept hommes et une femme sont jugés, dont trois comparaissent pour terrorisme, en raison de leurs liens avec Mohamed Lahouaiej Bouhlel, l'auteur de l'attaque qui a fait 86 morts ce 14 juillet 2016. Tout au long de ces semaines, les parties civiles ont été écoutées "avec beaucoup de compassion de la part de la Cour", indique à franceinfo maître Olivia Chalus, avocate de plusieurs parties civiles. "Ça a été un moment extrêmement important pour elles. Ça va participer à leur reconstruction", a-t-elle souligné.

franceinfo : Les accusés se sont adressés aux parties civiles. Comment avez-vous jugé cette prise de parole ?

Olivia Chalus : Ce sont des mots de circonstance. On attendait peut-être un moment de vérité qui n'est pas arrivé, malheureusement. Ce sont des lieux communs qui ont été exprimés. On a assisté à une série de mensonges cumulés en permanence, des versions qui se contredisaient les unes les autres, des accusés qui se contredisaient entre eux. Donc, à aucun moment la vérité n'a éclaté.

>> Procès de l'attentat de Nice : les accusés se disent "désolés", les victimes dénoncent leur manque de sincérité

Le procès de l'attentat de Nice a-t-il permis des échanges entre les accusés et les parties civiles ?  

Les parties civiles pour la plupart ne sont pas sur Paris, donc elles ne sont pas confrontées physiquement aux accusés. Elles voient les choses à travers une retransmission, ce qui donne déjà une distance. Par ailleurs, jusqu'à présent, je n'ai pas noté de la part de mes clients une certaine sympathie vis-à-vis des accusés.

Les victimes ont-elles mieux cerné le cheminement des accusés ?

Les débats ont quand même mis en évidence un certain nombre de choses, notamment ce terrorisme d'ambiance auquel nous avons assisté en épluchant les échanges de correspondance entre Chokri Chafroud et Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Nous avons à cette occasion constaté une personne, notamment Chokri Chafroud, qui était dans la revendication, qui était dans la haine d'une certaine culture, qui souffrait de son statut social, qui était un statut d'indigence et qui avait des envies de foncer dans la foule aussi bien en Tunisie qu'en France. Tout ça, ça a été mis en évidence et ça permet de beaucoup mieux comprendre la situation.

Les familles des victimes ont-elles eu le sentiment d'être écoutées ?

Elles l'ont été avec beaucoup de compassion de la part de la Cour, énormément de patience. Cinq semaines leur ont été consacrées. Ça ne représente même pas 10% des parties civiles qui sont constituées, celles qui sont venues à l'audience. Mais pour celles-là, ça a été un moment extrêmement important pour elles. Ça va participer à leur reconstruction. Les parties civiles entre elles ont tissé des liens. Il y a un groupe qui s'est formé. Elles se sont soutenues les unes les autres. Pour celles-là, l'expérience aura été extrêmement enrichissante. Elles trouvent, à travers cette expérience-là, une voie de la reconstruction. Pour toutes ces personnes qui sont venues, le fait d'être reconnues officiellement comme ayant été victimes d'un mal, d'une infraction, d'un fait terroriste, ça a une importance fondamentale.

L'ampleur des peines aura-t-elle un impact sur le travail de reconstruction ?

Il est évident que les parties civiles sont dans l'attente de peines exemplaires. Après, il y a l'aléa judiciaire. J'ignore totalement ce que la Cour va décider. Mais oui, effectivement que s'il y a une sanction et s'il y a une reconnaissance de culpabilité, ça permettra à ces victimes, en effet, d'avoir une meilleure reconstruction. S'il y avait un acquittement, ça serait extrêmement difficile.

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