Cet article date de plus d'un an.

Procès de l'attentat de Nice : les accusés se disent "désolés", les victimes dénoncent leur manque de sincérité

Au terme de soixante jours d'audience, le procès a pris fin, lundi matin, avec les derniers mots des accusés. La cour d'assises spéciale de Paris s'est retirée pour délibérer. Le verdict est attendu mardi en fin de journée.
Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Les accusés du procès de l'attentat de Nice, le 6 septembre 2022 dans la salle d'audience, au palais de justice de Paris. (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

"Tout d'abord, je voudrais dire que ma dernière pensée, je l'adresse aux parties civiles, auxquelles j'adresse tout mon courage et mes vœux de bonheur." Ramzi Arefa a prononcé ses derniers mots, à l'audience, lundi 12 décembre. Renvoyé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, il est accusé d'avoir joué un rôle d'intermédiaire entre des fournisseurs d'armes et Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, l'auteur de l'attentat qui a fait 86 morts et des centaines de blessés, le 14 juillet 2016. Interrogé les 14 et 15 novembre, l'accusé, qui encourt la peine la plus lourde, a nié avoir eu connaissance de la radicalisation et des intentions du terroriste. "Je suis coupable, j'ai vendu une arme sans réfléchir et depuis ça fait six ans que j'arrête pas d'y réfléchir, j'espère que vous l'avez entendu", a-t-il répété, lundi matin.

A ses côtés dans le box, Chokri Chafroud, Tunisien de 43 ans, contre lequel le Parquet national antiterroriste (Pnat) a requis 15 ans de prison pour le même crime, n'a pas souhaité s'exprimer. En revanche, les autres accusés, qui comparaissent libre, se sont eux aussi adressés aux parties civiles. "Je suis très désolé et j'exprime mon désespoir pour toutes les victimes", a lâché Artan Henaj, ressortissant albanais jugé pour son rôle d'intermédiaire dans le circuit des armes qui ont atterri dans les mains de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel. "Ce procès était très difficile pour tout le monde, mais c'est très dur pour les parties civiles les premières", a également déclaré son ex-compagne Enkeledja Zace, seule femme accusée.

"Une adresse de circonstance"

Mohamed Ghraieb, troisième accusé à être renvoyé pour association de malfaiteurs terroriste, a tenu à "réaffirmer [s]on innocence". "Je n'ai rien à voir avec ce qui s'est passé. J'ai écouté les victimes, je leur souhaite de se reconstruire, de vivre avec la paix", a-t-il ajouté. Deux autres accusés jugés pour leur rôle d'intermédiaires dans le circuit des armes se sont exprimés. Endri Elezi s'est dit "désolé pour les victimes et les familles des parties civiles", tandis que Maksim Celaj leur a souhaité "du bonheur" et demandé "pardon à la cour" pour ses "erreurs". "C'est pour moi une belle découverte de voir un procès aussi prestigieux", a-t-il souligné.

"C'est une adresse de circonstance, c'est stratégique. Ils avaient encore la possibilité d'être sincères, ils ne l'ont pas été", a estimé, à la sortie de la salle d'audience, Olivia Chalus-Pénochet, avocate de nombreuses parties civiles. Le mot "bonheur" a provoqué la colère de Nadège, qui était sur la promenade des Anglais le soir du 14 juillet 2016. "On est à deux doigts de nous souhaiter bonnes fêtes de Noël !", s'est exclamée, de son côté, Célia, dont la mère a été tuée et le père blessé dans l'attentat. "Ce qu'ils ont dit est dans la continuité de ces trois mois de procès", assure-t-elle.

La trentenaire redoute le verdict. Il sera prononcé mardi en fin d'après-midi par la cour d'assises spéciale de Paris, qui doit répondre à 81 questions sur la culpabilité des accusés et les éventuelles circonstances aggravantes qui peuvent leur être reprochées.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.