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Attaque au couteau à Trappes : "Depuis un an, Daech est extrêmement opportuniste dans ses revendications"

"Ce n'était pas le cas du temps de la grande force du groupe terroriste" analyse Alain Rodier, du Centre français de recherche sur le renseignement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Daech a revendiqué l'attaque au couteau de Trappes, jeudi 23 août, mais la piste d'un différend familial est à ce stade privilégiée par les enquêteurs. (THOMAS SAMSON / AFP)

Un homme armé d'un couteau a tué sa mère et sa soeur et blessé grièvement une autre femme jeudi 23 août au matin à Trappes (Yvelines). Il était fiché S pour apologie du terrorisme mais la piste d'un différend familial est à ce stade privilégiée.

L'attaque a toutefois été rapidement revendiquée par le groupe État islamique. "Depuis un an, Daech est extrêmement opportuniste dans ses revendications, ce qui n'était pas le cas du temps de sa grande force", a estimé sur franceinfo Alain Rodier, directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), chargé du terrorisme et du crime organisé, ancien officier supérieur des services de renseignement extérieur.

franceinfo : Peut-on parler d'une revendication opportuniste de la part de Daech ?

Alain Rodier : On n'en sait rien pour l'instant, ce qu'on peut dire c'est qu'elle a eu lieu très rapidement, deux ou trois heures après l'action. C'est à se demander si celui qui l'a revendiquée était devant les chaînes de télévision en continu ! Depuis un an, Daech est extrêmement opportuniste dans ses revendications, ce qui n'était pas le cas du temps de sa grande force.

Il y a donc un changement de stratégie récent de la part du groupe État islamique ?

On a déjà été étonnés de la revendication de l'attaque du casino de Manille, en juin 2017, l'enquête a prouvé que l'individu qui a perpétré l'action belliqueuse - la mise à feu du casino - n'avait rien à voir avec Daech. On a été encore plus étonnés avec la tuerie de Las Vegas en octobre de la même année. L'enquête ne s'est absolument pas dirigée vers Daech, les deux personnes qui ont perpétré l'attaque n'avaient rien à voir avec cette nébuleuse.

L'homme était fiché S pour radicalisation et avait été condamné pour apologie du terrorisme, mais pour autant le parquet anti-terroriste ne se saisit pas de cette enquête. Cela signifie-t-il qu'on est sur une piste qui n'a rien à voir avec le terrorisme ?

On en est encore aux débuts de l'enquête, mais il est évident que c'est une affaire mixte entre le droit commun et le terrorisme. Pour le moment, les autorités ont choisi de classer ça en crise de droit commun. Le fait que le crime ait lieu au sein d'une cellule familiale n'est pas une preuve en soi. On a connu des terroristes qui ont assassiné des membres de leur propre famille, mais généralement il y avait un mobile religieux ou politique, ou les deux. Là, pour le moment, on ne peut rien dire.

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