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Public bouillant, "ambiance quasi-œdipienne" et détention provisoire : on vous résume ce qu'il s'est passé lors du procès de Booba et Kaaris

Les deux rappeurs étaient jugés en comparution immédiate, vendredi, à la suite de la violente bagarre qui les a opposés mercredi à l'aéroport d'Orly. Ils ont été placés en détention provisoire, tard dans la nuit, et le procès renvoyé au 6 septembre.

Article rédigé par franceinfo
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De nombreuses personnes ont assisté, dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 août au procès de Booba et Kaaris au tribunal de Créteil (Val-de-Marne). (GERARD JULIEN / AFP)

Leur bagarre à Orly leur coûte cher. La star du rap français, Booba et son rival Kaaris, ont été écroués dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 août dans l'attente de leur procès, qui a été renvoyé au 6 septembre. 

>> Revivez l'audience à Créteil de Booba et Kaaris

Les deux chanteurs devaient répondre de violences aggravées, aux côtés de neuf de leurs proches ayant pris part à la rixe qui a éclaté dans le hall 1 d'Orly-Ouest, mercredi après-midi. Les trois sociétés ont porté plainte, et les vidéos de la bagarre ont fait le tour des réseaux sociaux. Entre les effets de manche des avocats, punchlines et un public nombreux, franceinfo vous résume cette longue soirée qui s'est terminée par la case prison pour Booba et Kaaris.

"Je peux approcher Booba et Kaaris sans avoir à sortir un centime !"

L'audience en comparution immédiate a été exceptionnellement délocalisée dans la salle de la cour d'assises de Créteil, équipée de deux boxes permettant de séparer les deux rappeurs, devenus rivaux après avoir été très proches. "Une centaine de personnes", dont "des dizaines de fans", rapporte Le Parisien, ont "fait la queue pour assister à ce procès hors norme prévu dans une salle où étaient assis les prévenus des deux clans". Dans le public, l'excitation est palpable. "Je peux approcher Booba et Kaaris sans avoir à sortir un centime", se réjouit une jeune femme citée par le journal.

Même au dépôt, Booba a fait des heureux. "J’étais enfermé avec Booba. Il m’a souri quand je l’ai salué ! C’était mon plus beau procès", lance ainsi ravi Mohammed, à peine sorti du tribunal pour un vol à la tire rapporte Le Parisien.  Chose "amusante, note Le Monde, Universal siège des deux côtés de la salle, même si, côté Booba, la major ne fait que commercialiser les disques produits par le rappeur.

"Une ambiance quasi-œdipienne"

Pour les plaidoiries, les avocats mettent en avant les facteurs psychologiques entre Booba et son ancien poulain. Il régnait "une ambiance quasi-œdipienne", analyse l'un des avocats de Kaaris, David-Olivier Kaminski. "Le père est là, le fils est là", martèle-t-il, insistant sur la volonté d'apaisement après les "mots de haine".  

Après les "clashs à répétition", l'avocat de Booba, Yann Le Bras tente lui aussi d'effacer l'image de "rappeurs qui se déchaînent (...) dans un aéroport". Dans le box, ce sont des "quadragénaires, pères de famille", plaide-t-il. Booba, originaire de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est un "chef d'entreprise exemplaire" dont le planning chargé de concerts pour l'été se trouve désormais chamboulé. A Orly, il a essayé de "contourner l'affrontement", soutien son conseil.

Loin de la démonstration de force de mercredi à Orly, les deux chanteurs ont entonné le grand air des regrets. "Ce qui est arrivé est inexcusable", assure, contrit, devant le tribunal Booba, carrure imposante et débardeur blanc moulant. "L'abcès a été crevé, si on doit être irréprochables pour la justice et le rap, on le sera sans problème", ajoute-t-il. "Tout est terminé, tout est apaisé", renchérit Kaaris.

"Il y aurait donc deux justices en France ?"

Rien n'y a fait : le tribunal décide de suivre les réquisitions du parquet, favorables à un placement en détention provisoire des deux rappeurs. "On est face à un événement grave qui nécessite des mesures provisoires nécessairement très strictes", déclare la procureure, arguant de "la violence globale de la scène" à Orly, "vitrine de la France". Rappeurs compris, les onze prévenus sont placés, à l'issue de cette comparution immédiate, en détention provisoire. Une décision étonnante pour certains journalistes présents dans la salle.

De quoi faire bondir l'avocat de Kaaris, Me Kaminski, qui n'hésite pas à citer l'affaire Benalla : "Il n’y aurait qu’une seule façon de sortir libre d’ici, ce serait d’avoir un ami policier, un casque, et un quelconque passe-droit… , rapporte Le Monde. Il y aurait donc deux justices en France ?"  

La justice "se rend sur les réseaux sociaux"

Prise après deux heures de délibération, cette décision est accueillie par des cris de surprise et de colère. "Ca va être la guerre", entend un journaliste de l'AFP dans le public alors que l'horloge annonce 2 heures du matin. Une menace qui ne se traduit pas en débordements.

Les avocats, eux, dénoncent "une justice" qui se "rend" sur Twitter ou Instagram : "La justice se rend sur les réseaux sociaux, sur les chaînes d'infos en continu", déplore Yassine Yacouti, l'autre avocat de Kaaris.

Après deux nuits en garde à vue, Booba, 41 ans, et son ex-poulain Kaaris, 38 ans, retournent donc derrière les barreaux avec les membres de leur garde rapprochée soupçonnés d'avoir participé à la rixe. Les prévenus risquent jusqu'à sept ans de prison et 100 000 euros d'amende. Le procès a été renvoyé au 6 septembre. Les avocats annoncent aussitôt qu'ils vont faire appel de l'incarcération de leurs clients. 

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