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Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : ce que l'on sait de l'attaque perpétrée par un élève de seconde

Une professeure d'espagnol a été poignardée mercredi matin au collège-lycée catholique Saint-Thomas-d'Aquin. L'enseignante a succombé à ses blessures et un lycéen a été interpellé.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Des véhicules de secours devant le lycée Saint-Thomas-d'Aquin à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), le 22 février 2023. (VINCENT DEWITTE / MAXPPP)

Un drame en plein cours. Une professeure d'espagnol du collège-lycée catholique Saint-Thomas-d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) est morte après avoir été poignardée par un élève de sa classe, mercredi 22 février, a annoncé le parquet de Bayonne. Le procureur de la République, Jérôme Bourrier, et le ministre de l'Education, Pap Ndiaye, se sont rendus sur place mercredi après-midi.

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Un élève de 16 ans a été interpellé et placé en garde à vue. Celle-ci a été prolongée, a annoncé le parquet de Bayonne, jeudi. Témoins du drame, les élèves du lycée ont été pris en charge par une cellule psychologique. Pap Ndiaye a précisé qu'une minute de silence serait observée jeudi à 15 heures dans les établissements scolaires qui ne sont pas en vacances. Elle sera suivie d'une conférence de presse du procureur de la République.

L'enseignante poignardée au thorax

L'élève de 16 ans est vraisemblablement venu lui-même avec son arme blanche, un couteau, a appris France Télévisions auprès du procureur. C'est au milieu du cours, à 9h45, qu'il a poignardé l'enseignante de 53 ans au niveau du thorax. Il est ensuite sorti de la salle de classe et c'est un autre professeur qui l'a "appréhendé" jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre. Dépêchés sur place, les forces de police et les secours ne sont pas parvenus à réanimer l'enseignante. 

Selon un élève interrogé par France Bleu Pays Basque sur place, l'agresseur se serait levé en plein cours, tenant dans du papier l'arme, avec laquelle il aurait poignardé sa professeure. "Je ne l'ai pas vu se lever mais je l'ai vu face à la professeure, très calme, et il s'est approché d'elle et lui a planté un grand couteau dans la poitrine, sans rien dire", a pour sa part décrit devant des journalistes une élève, présente dans la classe au moment des faits, a rapporté l'AFP. "On ne savait pas comment réagir, il y a un élève qui a ouvert la porte et on est tous partis. Moi, je me suis enfuie, je suis sortie de l'établissement." L'adolescente ajoute qu'il n'y avait "jamais eu de problème entre lui et la professeure en classe".

Un hommage à la professeure prévu jeudi

Une minute de silence sera observée, à 15 heures, jeudi, dans les établissements de la zone A (académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers), la seule où les vacances d'hiver sont terminées. Le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, sera au collège Combe de Savoie d'Albertville (Savoie).

"C'est quelqu'un qui a fait sa mission jusqu'au bout. C'était vraiment une personne très bien. Je suis vraiment fier d'avoir été aimé d'elle." Au micro de France Inter, Stéphane, compagnon d'Agnès Lassalle, a salué dans un hommage bouleversant la dévotion de l'enseignante. Elle "était très méticuleuse" dans son travail, "y passait une majeure partie de son temps, vacances comprises, pour ses élèves et pour faire les choses bien". Sur les lieux mercredi, le ministre de l'Education nationale a salué "l'exceptionnel dévouement" de cette enseignante.

Les élèves du collège-lycée sont arrivés jeudi matin avec des bouquets de fleurs ou des roses blanches.

Le suspect aurait "entendu des voix"

Un élève âgé de 16 ans a rapidement été interpellé et transféré au commissariat de police de Saint-Jean-de-Luz. Jusqu'à présent inconnu des services de police et de justice, il a été placé en garde à vue, prolongée jeudi.

Il aurait déclaré être "possédé" et avoir "entendu des voix", a appris France Télévisions de source policière. Lors de son audition, le lycéen a déclaré être "en conflit intérieur avec un être malfaisant", toujours selon une source policière. D'après les premiers éléments de l'enquête, c'est un élève bien noté dans toutes les matières, sauf en espagnol. Des antidépresseurs ont été trouvés par les policiers chez lui.

"Il faut qu'il y ait des études qui soient faites et cela peut prendre un petit peu de temps (...) donc attendons la communication du procureur. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas de mobile apparent qui ait pu être identifié", a déclaré jeudi matin sur France Inter le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran.

Une enquête ouverte pour assassinat

L'enquête a été confiée à la police judiciaire de Bayonne. Le procureur de la République a précisé que l'enquête avait été ouverte "pour assassinat, c'est-à-dire pour meurtre avec préméditation". Il s'exprimera plus longuement sur les éléments de cette enquête jeudi après-midi.

"Rien ne laissait penser à la survenue d'un drame aussi épouvantable", a de son côté déclaré le ministre de l'Education nationale, rappelant que l'établissement était "calme, réputé pour son sérieux et la sérénité de son climat scolaire". "Il n'y a donc pas lieu d'en tirer des conclusions hâtives", a ajouté Pap Ndiaye. 

Une cellule psychologique mise en place

Les élèves de la classe de seconde qui ont assisté au drame, ainsi que deux autres classes de seconde, "soit 90 élèves", ont été pris en charge par une cellule psychologique, a déclaré le ministre de l'Education nationale. 

"Les élèves sont arrivés marqués. Ils viennent d'entrer en classe et sont pris en charge par leur professeur principal et un second enseignant, on est en pleine reprise", a expliqué à l'AFP Vincent Destais, directeur diocésain de l'enseignement catholique. Le médecin scolaire et des psychologues sont présents "pour évaluer à chaque instant ce dont ont besoin adultes et enfants".

De nombreuses réactions politiques

La classe politique a vivement réagi. "L'assassinat d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz nous remplit d'une intense émotion", a écrit Emmanuel Macron sur Twitter en fin d'après-midi. Le chef de l'Etat "partage la douleur de sa famille, de ses collègues, de ses élèves, de nos enseignants qui consacrent leur vie à transmettre le savoir aux générations futures. La nation est à vos côtés."

Le ministre de l'Education a été le premier à s'exprimer, sur Twitter, évoquant une "immense émotion". "C'est un jour triste pour l'Education nationale, un jour triste pour cet établissement", a-t-il ensuite déclaré une fois sur place, mercredi après-midi.

"Après l’effroyable drame qui s’est produit à Saint-Jean-de-Luz ce matin, la France tout entière est endeuillée", a déclaré mercredi sur Twitter la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. "J'imagine à peine le traumatisme que cela peut représenter", a réagi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du Conseil des ministres.

La Première ministre, Elisabeth Borne, a également pris la parole sur Twitter, déclarant partager "le choc et la peine de la communauté éducative" du lycée Saint-Thomas-d'Aquin. "Toutes mes pensées vont à la victime, à sa famille et ses proches, à ses collègues, aux élèves."

Du côté de l'opposition, le député LR et chef des Républicains, Eric Ciotti, a accompagné son message de condoléances d'une demande de révision de la loi. "Pensées ce matin pour la famille de l'enseignante poignardée à mort par un élève en plein cours à Saint-Jean-de-Luz, a-t-il écrit sur Twitter. Nos hussards noirs de la République sont en première ligne face à l'ensauvagement de la société. Il est urgent de revoir la graduation des peines des mineurs !"

A gauche, le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière a fait part de son sentiment d'"horreur". "Tout le pays est bouleversé par ce crime. Affection et solidarité avec la famille et les collègues de cette enseignante ignoblement assassinée, a-t-il tweeté. Toute la lumière doit être faite par la police et la justice au plus vite."

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