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Producteur tabassé par des policiers : " Il faut vraiment montrer qu'on est mécontents", explique une manifestante parisienne

Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi en France contre la proposition de loi "sécurité globale" et plus largement contre les violences policières. Des manifestants opposés à la loi, mais pas seulement. Le cortège a cristallisé les colères accumulées depuis le début de l'année.

Article rédigé par franceinfo - Marc Bertrand
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une pancarte brandie lors de la "marche des libertés" à Paris, le 28 novembre 2020. (VICTOR VASSEUR / RADIOFRANCE)

Une colonne de fumée noire sur la place de la Bastille, entre les manifestants d'un côté, et les cordons de CRS de l'autre. Didier regarde un kiosque en train de brûler, incendié par des manifestants. L'enseignant quadragénaire souligne l'absurdité du geste : "C'est une manifestation pour la liberté de la presse n'est-ce pas, et c'est un kiosque qui brûle". Didier tient dans la main une pancarte avec marqué : "Darmanin - La Honte". "On est content que ça flambe un peu parce que malheureusement s'il n'y a pas de petites flambées comme ça, il n'y aura rien du tout."  

>> Suivez les suites de cette mobilisation contre ce texte et contre les violences policières dans notre direct.

Comme chez Didier, c'est la colère  qu'on ressent chez beaucoup de manifestants. Beaucoup sont descendus dans la rue pour la première fois depuis longtemps. Bernard et sa compagne, Maryse ont 76 ans. Ils ont été choqués par la vidéo de l'agression du producteur de musique Michel Zecler, par des policiers. "La plupart des gens manifestent ici pas contre l'article 24 mais contre ce qui s'est passé, affirme Bernard, indigné. C'est ça l'évènement. Un pays comme le nôtre, on nous regarde, aux quatre coins du monde !"  

"Je crois que beaucoup de choses échappent au président. Il ferait bien de mettre de l'ordre dans tout ça."

Bernard, un manifestant de 76 ans

à franceinfo

"C'était la goutte d'eau renchérit sa compagne Maryse. Il faut vraiment montrer là qu'on est mécontents."  

Il y a certes la colère, face aux violences policières. Mais dans le cortège, il y a aussi des opposants au confinement, au "flicage" des attestations de déplacement, des revendications pour le pouvoir d'achat aussi comme l'affirme un autre manifestant : "Aujourd'hui, c'est surtout un symptôme d'un ras-le-bol populaire large. Ne pas se rendre compte de ça, c'est vivre ailleurs, sur une autre planète".

La retenue de la police, "un trompe-l'œil"  

Une partie des manifestants ont passé leur colère sur les forces de l'ordre. Des feux d'artifices, des bouteilles et même des pierres tirées du chantier au pied de la colonne de juillet. Noël trouve que pour cette fois la police a peu riposté. "J'ai l'impression en ayant fait énormément de manifestations qu'aujourd'hui, ils ont l'air d'être plutôt dans la retenue. Je pense qu'ils ont quelque chose à se reprocher et qu'ils essaient de faire un petit peu profil bas. Je pense que c'est un trompe-l'œil et qu'ils vont recommencer à faire leurs exactions comme ils ont toujours fait. Ca ne va pas changer."  

23 policiers et gendarmes ont été blessés dans la manifestation parisienne, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Marc Bertrand a suivi le cortège parisien de la "marche pour les libertés".

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