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Manifestations contre la réforme des retraites : Laurent Nuñez assure qu'"il n'y a pas eu d’arrestations préventives" et juge la Brav-M "particulièrement adaptée"

Laurent Nuñez, préfet de Police de Paris, défend les forces de l'ordre alors que les rassemblements contre la réforme des retraites se multiplient. Entre jeudi et samedi, 425 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue. 42 d'entre elles ont été déférées devant la justice.
Article rédigé par franceinfo
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Des  Brav-M interviennent à Paris, le é (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"La Brav-M est une unité particulièrement adaptée pour pouvoir disperser" des "groupes d'individus", a estimé ce mercredi sur franceinfo, Laurent Nuñez, préfet de Police de Paris, alors que trois députés de La France insoumise demandent la dissolution de cette unité à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, selon les informations de franceinfo. Cette unité est utilisée lors du maintien de l'ordre des rassemblements contre la réforme des retraites ces derniers jours dans la capitale. 

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Par ailleurs, le préfet de police assure qu’il n'y a pas eu d'arrestations préventives" lors de ces manifestations. Entre jeudi et samedi, 425 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue. 42 d'entre elles ont été déférées devant la justice. Le président de la Ligue des droits de l'Homme a dénoncé ce mercredi sur franceinfo les violences policières et les "interpellations abusives préventives", critiquant ainsi l'utilisation des nasses comme politique de maintien de l'ordre.

franceinfo : Depuis une semaine, des manifestations spontanées ont lieu à Paris. Pourquoi dégénèrent-elles ?

Laurent Nuñez : Depuis jeudi dernier, on a tous les soirs dans Paris, mais pas que dans Paris, des petits groupes d'individus qui se répartissent de manière dispersée en plusieurs points de la capitale. Ils allument des incendies, des incendies de poubelles, des incendies de barricades avec évidemment tous les dangers que ça peut comporter. Mardi soir, il y a eu 85 interventions de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, que je veux évidemment saluer, pour éteindre des feux de poubelles. On a eu quand même une propagation mardi soir à un immeuble qu'il a fallu évacuer. Ce sont des policiers qui ont évacué cet immeuble, rue de la Corderie, dans le troisième arrondissement de Paris. On parle de faits qui sont extrêmement graves.

Des avocats et des politiques de l'opposition critiquent depuis quelques jours les méthodes de maintien de l’ordre et les violences policières. Que répondez-vous ?

Ce sont des groupes d'individus très mobiles, qui se répartissent en plusieurs points de la capitale, qui commettent des exactions. Les forces de l'ordre n'interviennent que lorsque des exactions sont commises. Il y a des interpellations quand nous avons des groupes qui sont constitués en vue de commettre des violences, quand nous avons des groupes d’incendiaires. Nous procédons à des interpellations. Alors, évidemment, le temps de la garde à vue de 48 h, il est parfois difficile en procédure de caractériser la matérialité des faits. Ça ne veut pas dire que l'infraction n'a pas été commise. Quand vous interpellez un groupe de 50 à 60 personnes qui se livre à des incendies ou qui a été constitué en vue de commettre des violences, dans les 48 h de la garde à vue, il est parfois difficile d'imputer les faits à une personne en particulier. Quand on interpelle un individu qui jette des projectiles sur les forces de l’ordre, évidemment, on l'a vu faire, c'est beaucoup plus facile. Il est en garde à vue, il est déferré. Ce n'est pas tout à fait la même chose.

L’utilisation des nasses par les forces de l’ordre est particulièrement critiquée pour son manque de discernement. Allez-vous y mettre fin ?

Il y a des nasses qui sont mises en place uniquement les soirs de ces violences-là. J’insiste ! Uniquement le soir de ces violences-là. On ne veut pas cautionner des actes de personnes qui mettent le feu, qui incendient des poubelles, qui mettent le feu à des barricades et encore une fois, au risque de la vie de personnes. Quand il y a ce qu'on appelle les nasses, c'est quand nous avons interpellé un groupe d’individus. Évidemment que nous le retenons et que nous le nassons le temps qu'il soit pris en compte par les effectifs de police et amené au commissariat. Et puis, il y a des nasses en matière de gestion de l'ordre public. Je peux décider de retenir un certain nombre de personnes parce qu'il y a des troubles graves à l'ordre public et pour que ces troubles ne continuent pas.

Avez-vous procédé à des arrestations préventives, comme le dénonce la Ligue des droits de l’Homme ?

Non, il n'y a pas eu d’arrestations préventives. Ce sont des groupes d'individus qui ont été interpellés, soit du chef de constitution de groupement en vue de commettre des violences, soit parce que c'étaient des groupes d’incendiaires. Ce sont les policiers qui interpellent. Ensuite, c'est l’officier de police judiciaire qui place ou pas en garde à vue. Et puis dans les 48 h de la garde à vue, il y a des actes, des investigations qui sont menées pour essayer d'imputer les faits reprochés à ces individus. On est dans un État de droit, il y a des enquêtes qui se mettent en place et évidemment, quand on n'arrive pas à matérialiser, à individualiser l'infraction, ces individus ne sont pas poursuivis au final. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas eu une infraction. Nous sommes dans un État de droit et heureusement qu'on ne peut poursuivre que des individus pour lesquels on a caractérisé une infraction.

Des députés de La France insoumise demandent la dissolution de la Brav-M, une brigade de maintien de l’ordre motorisée qu’ils jugent violente. Allez-vous la dissoudre ?

Je ne proposerai certainement pas au ministre de l'Intérieur de dissoudre cette brigade. Ce sont des compagnies d’intervention en réalité, au même titre que les CRS, les escadrons de gendarmes mobiles, dont c'est le métier. La seule différence qu'il y a avec les compagnies de maintien de l'ordre classiques, ce sont les modalités de déplacement, c'est-à-dire qu'ils se déplacent à moto pour aller beaucoup plus vite. Le conducteur ne participe pas au maintien de l'ordre. C'est uniquement le passager. Il évolue par groupes de 20-40. Et ça nous permet de nous déplacer en tout point de la capitale de manière extrêmement rapide pour mettre un terme à des exactions. Vous imaginez bien que compte tenu de ce que je viens de vous décrire, de ce que sont, j’ouvre des guillemets, les manifestations du soir actuelles, que ces petits groupes disparates qui se répartissent dans la capitale, qui commettent des exactions, la Brav-M est une unité particulièrement adaptée pour pouvoir disperser ces groupes.

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