Ce que l'on sait de la mort d'un jeune homme tué par une policière à Cherbourg
Un jeune homme de 19 ans a été tué dimanche 9 juin à Cherbourg (Manche) vers 23h40, après avoir tenté d'échapper à un contrôle de police pour excès de vitesse. Sullivan circulait à bord d'un véhicule volé et a été "touché mortellement au niveau de la poitrine" par un tir, a rapporté le parquet de Cherbourg. Une policière a été placée en garde à vue puis mise en examen pour "homicide volontaire". L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie de l'enquête. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de ce drame.
Un contrôle routier après un excès de vitesse
Dans la soirée de dimanche, un équipage de trois policiers a tenté de contrôler un véhicule roulant à une vitesse excessive à Cherbourg-en-Cotentin, a rapporté lundi le procureur de Cherbourg, Pierre-Yves Marot. Le conducteur n'a "pas obtempéré aux sommations" et a poursuivi sa route avant d'être forcé à s'arrêter par le véhicule d'un second équipage de police.
Les trois occupants ont alors pris la fuite à pied, l'un est parvenu à s'échapper, un autre a été arrêté et placé en garde à vue pour recel, le véhicule étant signalé comme volé, poursuit le parquet de Cherbourg.
"Le troisième individu, un jeune homme âgé de 19 ans originaire de Cherbourg-en-Cotentin, s'est trouvé face à deux des policiers du deuxième équipage et a bousculé volontairement l'un d'eux en prenant la fuite", a précisé Pierre-Yves Marot. "Le fonctionnaire a alors utilisé un pistolet à impulsion électrique" alors qu'un "autre agent faisait usage de son arme à feu, le touchant mortellement au niveau de la poitrine".
Selon une source proche du dossier à franceinfo, le jeune homme n'était pas armé. Le procureur s'est dessaisi par la suite de l'enquête au profit du pôle de l'instruction de Coutances.
La policière mise en examen pour meurtre
Selon France Bleu, confirmant une information du Parisien, la famille de Sullivan a porté plainte pour homicide volontaire. A l'issue de la mesure de garde à vue de la policière, celle-ci a été "présentée à un juge d'instruction et mise en examen du chef d'homicide volontaire", a annoncé le procureur de Coutances, Gauthier Poupeau. "La fonctionnaire de police a été placée sous contrôle judiciaire strict" qui lui interdit notamment de se rendre à Cherbourg, d'exercer l'activité de policière et lui impose de se soumettre à des mesures d'examen, de traitement ou de soins, de ne pas détenir ou porter une arme.
Ses collègues ont défendu auprès de France Bleu, une fonctionnaire "très, très professionnelle, qui travaille à Cherbourg depuis de nombreuses années et qui a un dossier exemplaire", décrit Christelle Sanier, secrétaire du syndicat Alliance police dans la Manche. "Elle n'aurait pas tiré si elle n'estimait pas que c'était nécessaire pour sauver sa propre vie (...) aucun policier n'utilise son arme parce que ça lui fait plaisir." L'IGPN a été saisie de l'enquête pour déterminer le déroulement précis des faits.
Des violences à Cherbourg
Dans la nuit de lundi à mardi, entre 1 heure et un peu plus de 3 heures du matin, des échauffourées ont éclaté dans la ville, a appris franceinfo de source policière. Des policiers locaux et des agents de la CRS 8 ont été pris à partie par une quinzaine de personnes. Ils ont essuyé des jets de projectiles et des tirs de mortiers. Une barricade a été démantelée par les CRS. Il n'y a pas eu de blessé, selon la même source. Trois poubelles, quatre trottinettes et des palettes ont été incendiées ainsi que deux abribus. Le lien de ces tensions avec la mort du jeune homme de 19 ans n'a toutefois pas clairement été établi.
Plusieurs arrêtés ont été pris, mardi, pour interdire "le transport et la vente de feux d'artifice et de carburant en récipient transportable ou pour l'autorisation de la captation d'images des caméras des aéronefs", a déclaré le préfet dans un message sur X.
Dans un communiqué commun, le préfet de la Manche, Xavier Brunetière, et le maire de la ville, Benoît Arrivé, se sont associés "pour faire part de leur émotion et appeler au calme, à la dignité et au respect du deuil de la famille".
Une marche blanche organisée mercredi
Après ces violences, la famille de Sullivan a appelé au calme, rapporte France Bleu. L'association socioculturelle La Maison pour tous Léo-Lagrange située dans le quartier Les Provinces, où vivait le jeune homme, a organisé une marche blanche mercredi. Plusieurs centaines de personnes étaient réunies à Octeville.
Dans le quartier, les amis de Sullivan lui ont rendu hommage. "C'était un mec toujours avec le sourire, il avait la joie de vivre, il racontait des blagues, ça nous faisait rire", se souvient Landri, auprès de France Bleu. "C'était un jeune bien, joyeux, aimable", ajoute Abdoul-Karim, son ami du collège.
Selon son cousin éloigné Yaya, interrogé par France Bleu, Sullivan avait fait des études pour devenir chauffagiste. "J'avais parié deux pizzas qu'il n'aurait pas son bac, mais il a gagné ! Il a eu son diplôme, il a fait sa formation en alternance et il a travaillé."
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