Mort de Thomas à Crépol : malgré plus de 200 auditions, "il n'en ressort pas de version cohérente", selon l'avocat d'un des jeunes mis en examen
Quatre mois après la mort de Thomas, 16 ans, poignardé dans la nuit du 18 au 19 novembre lors d'un bal de village à Crépol dans la Drome, les investigations ne parviennent toujours pas à lever le voile sur les circonstances exactes du drame. Après une vague d'interpellations lundi 11 mars, ce sont désormais 14 jeunes qui sont mis en examen dans cette affaire pour homicide volontaire et tentatives d'homicides volontaires, car d'autres personnes ont été gravement blessées ce soir-là.
Cette enquête bénéficie de moyens exceptionnels et les témoins sont très nombreux. Mais justice et gendarmerie peinent à mettre un nom sur l'auteur des coups mortels contre Thomas.
Plus de 100 témoins, mais "pas de version cohérente"
Les gendarmes ont entendu plus de 100 témoins directs et réalisé plus de 200 auditions mais cette matière est difficile à exploiter à cause du niveau de violence, de confusion et d’alcoolisation des témoins au moment des faits, sans compter l’absence d’éclairage et de caméras de vidéosurveillance. Les rares séquences tournées au téléphone portables durant la bagarre ne sont pas déterminantes.
"On a des centaines de gens qui disent des choses à peu près toutes contradictoires les unes avec les autres. On a des témoins choqués, alcoolisés ou partie prenante à l'affaire pour certains et donc il y a une déformation, soit volontaire soit involontaire, soit de bonne foi soit de mauvaise foi", explique Romaric Château, l’avocat d’un des jeunes mis en examen dans cette affaire. "Il y a des contradictions très importantes entre les différentes personnes interrogées, de sorte qu'il n'en ressort pas de version cohérente, certaine, établie."
L'enquête écarte une attaque "anti-blancs"
L'enquête a dès le départ été soumise à une pression politique et médiatique exceptionnelle. La justice écarte toujours l’idée d’une attaque "anti-blancs", préméditée par des jeunes de cité contre ceux de Crépol. Seuls neuf des 104 témoins évoquent un raid raciste quand la très grande majorité des témoignages confirment que le point de départ de ce drame s’est bien déroulé à l’intérieur de la salle des fêtes, en toute fin de soirée. À l’origine, la moquerie d’un rugbyman sur la coupe de cheveux d’un des jeunes du quartier de la Monnaie, une façon de signifier au groupe qu’il n’était pas le bienvenu ce soir-là.
"Ça dégénère vers la fin, au son de Tchikita, de Jul. C'était la dernière chanson, après ça c'était terminé. Un jeune de la Monnaie se fait un peu 'emmerder' par un jeune rugbyman, il le prend par les cheveux, le frappe. Ils veulent en découdre, sortent et tout part en vrille, raconte Saléra Benarbia, en charge des faits divers à Romans-sur-Isère pour le Dauphiné Libéré. Ils ont entre 16 et 20 ans, ils peuvent très bien se provoquer entre eux donc tout est possible."
Quatre mois après les faits et la récupération de l’affaire Crépol par l’extrême droite et une partie de la droite républicaine, l’instruction tourne le dos aux motifs racistes mais ne parvient pas pour autant à préciser le ou les responsables de la mort de Thomas.
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