Procès du rappeur MHD : on vous résume l'affaire de meurtre jugée aux assises à partir de lundi
Durant trois semaines, il va déserter les studios pour s'asseoir sur le banc des accusés. Le rappeur MHD est jugé par la cour d'assises de Paris pour "homicide volontaire", à partir du lundi 4 septembre.
Aux côtés de huit autres accusés, il comparaît pour le meurtre d'un homme de 23 ans, tué en 2018 lors d'une rixe dans le 10e arrondissement de la capitale. L'artiste sera fixé sur son sort le 22 septembre, après trois semaines de procès. MHD (de son vrai nom Mohamed Sylla) encourt jusqu'à trente ans de réclusion. Franceinfo vous résume cette affaire.
Un jeune homme de 23 ans tué en 2018
Il est près de 3 heures du matin, dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, lorsque les sapeurs-pompiers et les forces de l'ordre interviennent rue Saint-Maur, dans le 10e arrondissement de Paris : un homme, gravement blessé, est allongé sur le bitume. Il a été renversé par une voiture, puis frappé à coups de poing et poignardé par un groupe d'une dizaine de personnes encapuchonnés et habillés de noir.
Selon nos informations, au total, environ 30 plaies ou éraflures réalisées au couteau sont dénombrées sur son corps, tandis que le bout de son nez est largement lacéré. L'une des blessures, le long de sa cuisse gauche, entraîne le décès de la victime quelques minutes après l'agression. Il s'appelait Loïc Kamtchouang et était surnommé "Pépé" par son entourage, selon Libération, qui a rencontré ses parents. Ce Franco-Camerounais de 23 ans laisse derrière lui un père et une mère endeuillés, parties civiles dans le procès qui s'ouvre lundi.
Un meurtre dans un contexte de conflit entre quartiers
A l'origine de cette rixe sanglante, il y a une rivalité qui sévit de longue date dans le nord-est de la capitale : la cité de la Grange-aux-Belles, située dans le 10e arrondissement, d'où était originaire la victime, contre les Chaufourniers, à quelques rues de là, dans le 19e arrondissement, où a grandi l'auteur du hit Champions League, créateur du mouvement musical "afro trap". Cette guerre de clans avait déjà fait couler le sang un an plus tôt, en mars 2017. Un jeune des Chaufourniers, Mehrez B., avait alors été victime du quartier rival.
Quelques heures avant le meurtre de Loïc Kamtchouang, un membre du clan des Chaufourniers, Binke K., avait été menacé chez lui par une dizaine de personnes de la Grange-aux-Belles, en présence de sa famille. Le meurtre de Loïc était-il une réponse à cet acte de provocation survenu le même jour ? C'est l'une des questions auxquelles le procès devra répondre. Dans cette affaire, Binke K. est lui aussi mis en examen pour "homicide volontaire" pour le meurtre de Loïc.
Plusieurs éléments accusent le rappeur MHD
Plusieurs témoins assurent avoir identifié le rappeur ce jour-là. L'un d'entre eux déclare l'avoir reconnu dans le véhicule au moment où l'avant-gauche de la voiture percutait Loïc Kamtchouang. Le véhicule en question, une Mercedes noire, appartenait au rappeur, mais était régulièrement empruntée par son entourage. Il a été retrouvé partiellement incendié le lendemain des violences, dans un parking du 19e arrondissement.
En analysant les vidéos qui ont capté la rixe, les enquêteurs ont notamment repéré une personne qui traîne la victime vers le trottoir avant de lui asséner un coup de pied au visage. L'homme a les cheveux blonds, à l'instar du rappeur au moment des faits. Les forces de l'ordre ont également identifié les habits portés par le suspect, un survêtement sombre Puma, marque dont l'artiste était l'ambassadeur. Le survêtement n'a pas été retrouvé lors des perquisitions. Devant les enquêteurs, MHD a reconnu posséder ce modèle.
MHD comparaît libre après dix-huit mois de détention provisoire
Sur la base de ces éléments, MHD a été interpellé en janvier 2019 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), avant d'être mis en examen pour "homicide volontaire" et écroué. Après un an et demi de détention, il a été remis en liberté le 16 juillet 2020 sous contrôle judiciaire. De manière constante, l'artiste conteste avoir participé à cette expédition punitive. Contactés, ses avocats, Antoine Vey et Elise Arfi, se refusent à tout commentaire avant le début de l'audience. "C'est un dossier qui repose sur de très faibles charges qui pourront être balayées lors du procès", avait cependant assuré Antoine Vey fin 2021, lors de l'annonce du renvoi de son client devant les assises.
Au total, une dizaine de personnes ont été repérées sur les différentes images de la scène disponibles. Huit d'entre elles vont comparaître aux côtés de MHD pour "homicide volontaire". Lors du procès, l'accusation s'attachera à démontrer qu'ils étaient bien présents sur les lieux, et à déterminer dans le détail les agissements de chacun. Ils encourent tous jusqu'à trente ans de réclusion criminelle.
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