Le rappeur français MHD, star de l'"afro-trap", remis en liberté sous contrôle judiciaire
Le rappeur MHD, auteur du hit "Champions League", est soupçonné d'être impliqué dans une rixe mortelle entre bandes parisiennes survenue en 2018.
Le rappeur français MHD, mis en examen et incarcéré pour "homicide volontaire" suite à une rixe mortelle à Paris à l'été 2018, a été libéré jeudi 16 juillet 2020 sous contrôle judiciaire, a confirmé à l'AFP son avocate Me Elise Arfi. Il était en détention provisoire depuis le 17 janvier 2019.
Agé de 25 ans, l'inventeur auto-proclamé de l'"afro-trap", mélange de rap et de musiques africaines, est connu notamment pour ses hits Champions League et Ngatie Abedi. Apprécié de stars comme Madonna ou Drake, il est aussi célèbre en France qu'à l'étranger.
Entre 2017 et 2018, il a fait le tour des festivals, des Vieilles Charrues en Bretagne aux Eurockéennes de Belfort jusqu'à Coachella (Etats-Unis), où son nom figurait à l'affiche aux côtés de stars comme Beyoncé et Eminem. Roi des réseaux sociaux, l'enfant de Belleville d'origines sénégalaise et guinéenne totalise en quatre ans près de 800 millions de vues pour ses clips.
Il pourrait retourner en détention
Le producteur DSK on the Beat, qui a travaillé avec MHD sur son premier album éponyme, a diffusé à la mi-journée sur Snapchat, avant de la supprimer, une courte vidéo de MHD présentée comme tournée à la sortie de la prison de la Santé où il était incarcéré et où il avait contracté la Covid-19 en mars.
Mohamed Sylla de son vrai nom pourrait toutefois retourner en détention prochainement : la cour d'appel de Paris doit examiner, le 23 juillet selon une source judiciaire, l'appel formé par le parquet de Paris contre l'ordonnance du 7 juillet ayant conduit à sa libération et à son placement sous contrôle judiciaire.
Si la cour d'appel de Paris devait infirmer cette ordonnance prise par un juge des libertés et de la détention, un nouveau mandat de dépôt pourrait être prononcé contre l'artiste, conduisant à une nouvelle incarcération..
Rixe mortelle : rappel des faits
Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2018, Loïc K., 23 ans, a été renversé par une voiture, passé à tabac puis blessé à l'arme blanche dans le Xe arrondissement de la capitale, lors d'un règlement de compte entre bandes rivales du Xe et du XIXe arrondissements. Une dizaine de personnes se sont acharnées sur lui, une scène filmée par un témoin depuis une fenêtre. L'homme est très rapidement mort de ses blessures.
La voiture du rappeur originaire du XIXe arrondissement, une Mercedes noire reconnaissable, est celle qui a renversé le jeune homme, même si plusieurs acteurs du dossier assurent que le rappeur la prêtait très régulièrement. Au moins trois témoins ont identifié formellement MHD, selon des éléments de l'enquête dont l'AFP a eu connaissance. L'artiste conteste les faits.
La juge d'instruction essaye de reconstituer le déroulé de la soirée
A ce jour, une dizaine d'hommes sont mis en examen dans ce dossier, mais deux personnes essentielles sont absentes: un homme dont les empreintes génétiques ont été retrouvées sur un couteau taché récupéré sur les lieux du meurtre, ainsi que le principal témoin ayant identifié dès le départ MHD parmi les agresseurs et qui a fait défaut à chacune des confrontations demandées par le rappeur.
La juge d'instruction en charge de l'information judiciaire essaie de reconstituer le déroulé précis de la soirée, et notamment de comprendre si ce meurtre est intervenu en représailles d'une intrusion violente au domicile de l'une de personnes mises en cause, plus tôt dans la soirée.
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