Info franceinfo Les assassinats, tentatives d'assassinats entre délinquants et règlements de comptes en France ont augmenté de 38% en 2023

D'après les informations exclusives de franceinfo, 418 personnes ont fait les frais l'an dernier de ces actes contre 303 en 2022. Il n'y a plus de "notions de la vie humaine", observe le Syndicat majoritaire des cadres de la sécurité Intérieure.
Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La police sur les lieux d'un règlement de comptes mortel à Marseille, le 11 octobre 2022. (GEORGES ROBERT / MAXPPP)

Les assassinats, tentatives d’assassinats entre délinquants et règlements de comptes en France ont augmenté de 38% en 2023 par rapport à 2022, révèle en exclusivité jeudi 21 mars franceinfo. Selon les chiffres définitifs, 418 personnes ont fait les frais l'an dernier de ces assassinats entre truands, tentatives de meurtres entre délinquants et règlements de comptes, contre 303 en 2022.

Dans son recensement, la police judiciaire fait bien la distinction entre les meurtres, tentatives de meurtres entre délinquants et les règlements de comptes : ces derniers désignent des assassinats entre groupes criminels bien identifiés, au mode opératoire professionnel, dans le but d’affaiblir l’adversaire. En 2023, on en compte 85 contre 67 en 2022, soit 20% de plus.

"Expansion du phénomène sur les villes de moyenne importance"

Concernant les villes touchées par ce phénomène des règlements de comptes on retrouve Marseille. La cité phocéenne n'est pas la seule ville concernée par les assassinats entre criminels mais elle conserve tout de même une vraie particularité : le fait qu'il soit difficile de quantifier le phénomène, tellement il est important. La justice préfère donc désormais parler de "narchomicide", qui regroupe à la fois les règlements de comptes chez les têtes de réseau et les assassinats des petites mains comme les guetteurs. Le procureur de Marseille en dénombre 49 pour la seule année 2023.

Mais "la cité phocéenne n'est plus la seule à faire les frais de cette guerre du trafic de stupéfiants et du contrôle des territoires", souligne jeudi sur franceinfo Didier Rendu, premier secrétaire général adjoint du Syndicat majoritaire des cadres de la sécurité Intérieure (SCSI). Ailleurs en France, d'autres villes sont concernées par ces assassinats entre criminels : Nantes, Grenoble, Amiens, Dijon, Valence, Besançon, Lyon... "On assiste à une expansion de ce phénomène sur les villes de moyenne importance", constate Didier Rendu.

"Certains parlent de 'marseillisation' du narcobanditisme et de ce type de règlements de comptes, voire de 'mexicanisation'."

Didier Rendu, premier secrétaire général adjoint du Syndicat majoritaire des cadres de la sécurité Intérieure

à franceinfo

Par exemple, en avril et mai dernier, quatre personnes ont été tuées lors de conflits entre des groupes criminels à Valence dans la Drôme. Dijon est également concernée avec deux meurtres en quatre jours cette semaine. "Ces villes de moyenne importance voient arriver des équipes de la cité phocéenne pour mettre en place un marché et faire en sorte que ce marché soit le plus prolifique possible", explique le premier secrétaire général adjoint du SCSI. Il souligne par ailleurs que "nous avons affaire à une délinquance qui est de plus en plus violente".

L'usage des armes de guerre de plus en plus décomplexé

Fait nouveau, le fait que ces assassinats ne soient plus forcément l'apanage des criminels de haute volée. Les délinquants n'hésitent plus à tirer pour tuer ou encore pour terroriser le camp adverse. L'usage des armes, de plus en plus souvent de guerre, est décomplexé, "avec parfois des utilisateurs de plus en plus jeunes", observe Didier Rendu. L'an dernier, parmi les 8 000 armes saisies partout en France par la police, près de 300 étaient des armes de guerre. "On tire pour un oui ou pour un non, avec des armes de guerre", déplore le syndicaliste qui regrette aussi de voir "des gens qui n’ont plus véritablement de notions de la vie humaine". 

Mercredi, le ministre de l'Intérieur a annoncé que "plus de 120 interpellations" ont été effectuées en trois jours dans les Bouches-du-Rhône dans le cadre de l'opération "place nette" menée par les forces de l'ordre à Marseille et dans le département. Mardi, Emmanuel Macron s'est rendu à Marseille en visite surprise pour vanter les mérites de cette opération dite "place nette XXL" commencée lundi dans les Bouches-du-Rhône contre les trafics de drogue. Cette opération d'envergure doit durer plusieurs semaines, avec des centaines de policiers, gendarmes et douaniers déployés dans la cité phocéenne.

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