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Incendie dans le Var : les "multiples sacrifices" consentis par les sapeurs-pompiers salués par leur fédération

Le Var, l'Aude, demain l'Hérault... La multiplication des feux de forêt mobilise les sapeurs-pompiers. "Leur capacité à pouvoir répondre va devenir extrêmement compliquée", alerte le commandant Éric Brocardi.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La plaine des Maures, dans le Var, le 19 août 2021. (NINA VALETTE / RADIO FRANCE)

"Aujourd'hui se pose le problème de l'endurance des sapeurs-pompiers, de la mobilisation, de l'engagement et de leur disponibilité", confie jeudi 19 août sur franceinfo, le commandant Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF), alors que neuf colonnes de pompiers sont arrivées en renfort dans le Var. Les pompiers "mènent ce combat avec beaucoup d'humilité et beaucoup d'engagement, on doit leur adresser un grand salut", explique-t-il, soulignant le sens du "sacrifice" des pompiers.

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franceinfo : Dans quel été d'esprit se trouvent vos collègues, les 1 200 pompiers qui sont encore mobilisés et qui combattent l'incendie dans le Var depuis quatre jours ?

Éric Brocardi : Quatre jours de combat et de lutte contre cet incendie, c'est dangereux, c'est éprouvant. Ils mènent ce combat avec beaucoup d'humilité et beaucoup d'engagement, on doit leur adresser un grand salut. La fatigue commence à se ressentir, les risques sont accrus parce que l'élagage s'arrête la journée, mais les sapeurs-pompiers sont à pied d'œuvre, de jour comme de nuit. Aujourd'hui se pose le problème de l'endurance des sapeurs-pompiers, de la mobilisation, de l'engagement et de leur disponibilité.

"Sur l'ensemble de l'effectif déployé sur le terrain, ce sont des pompiers volontaires qui sont arrachés à leurs familles pour porter secours, et qui parfois prennent de leurs congés."

Commandant Éric Brocardi, porte-parole de la FNSPF 

à franceinfo

Il y a de multiples sacrifices de tout côté. On a toujours l'espoir que le feu soit fixé en fin de journée. Aujourd'hui, on n'est pas à l'abri d'une reprise, on peut s'attendre à tout moment à un nouveau départ.

Quels sont les conseils que vous donnez aux milliers de personnes qui ont été évacuées et qui vont devoir attendre avant de rentrer chez elles ? Quelle zone est à éviter ?

On appelle la population à être vigilante, à continuer à respecter les consignes, à ne pas encombrer les routes inutilement. Cela permet aux sapeurs-pompiers d'arriver très vite sur zone et aux moyens aériens de pouvoir larguer et continuer à frapper en toute sécurité. La zone est très étendue, il y a La Garde-Freinet, Vidauban, Gonfaron et elle descend jusqu'aux portes de Grimaud. Il est impératif de continuer à suivre France Bleu Provence et les réseaux sociaux officiels de la préfecture pour connaître les axes bouchés et libérés, il y a de précieux et vrais renseignements. L'impatience commence à monter chez les gens qui ont été mis à l'abri grâce aux plans communaux de sauvegarde et grâce aux associations agréées de sécurité civile, dans différents gymnases et certains lieux sécurisés.

"La sécurité de l'humain est primordiale, il ne faut pas être pressé de retrouver pour l'instant ses biens."

Commandant Éric Brocardi

à franceinfo

Continuer à laisser travailler les sapeurs-pompiers, c'est extrêmement important. C'est une question de vie, une question de sécurité.

Avez-vous déjà connu de tels feux ? D'une telle force ?

Nous avons des sapeurs-pompiers qui ont été intoxiqués, des personnes blessées légèrement aux mains. Leurs vies ne sont pas en danger. Ce sont des feux extrêmement virulents que l'on a pu connaître, mais d'une telle ampleur, non.

"La vitesse de propagation a été, dès le premier jour, quatre fois supérieure aux feux de 2003."

Commandant Éric Brocardi

à franceinfo

Aujourd'hui, la capacité à pouvoir répondre à ce méga feu a été extrêmement compliquée. D'habitude, ce sont des mots qu'on emploie pour des pays outre-Atlantique ou en Australie. La force de la France, c'est d'avoir cette capacité à pouvoir répondre de suite : nous avons douze Canadair, cinq Dash et l'ensemble des forces terrestres, ce qui est conséquent. Le problème, c'est la tension qui se crée au niveau de l'environnement des sapeurs-pompiers, pour faire face à ces différentes crises naturelles. Aujourd'hui on se concentre dans le Var, demain dans l'Aude, dans l'Hérault. Cette multiplication des sinistres fait, qu'à un moment donné, la capacité des sapeurs-pompiers se tend. Leur capacité à pouvoir répondre va devenir extrêmement compliquée. On appelle le gouvernement à saisir à la rentrée la proposition de loi Matras, qui est déposée au Sénat et qui doit être votée, pour continuer à protéger cet engagement citoyen, qui permet aujourd'hui de faire face aux incendies et aux inondations.

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