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Mal-logement à Marseille : "On attend des actes, plus des paroles", dénonce une association, trois ans après le drame de la rue d'Aubagne

Trois ans jour pour jour après l'effondrement de trois immeubles vétustes, rue d'Aubagne, dans le centre-ville de Marseille, le Collectif du 5 novembre déplore que le rôle de la mairie se borne à sécuriser les bâtiments.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Le 5 novembre 2018, deux immeubles s'effondraient rue d'Aubagne à Marseille (archive). (SPEICH FR?D?RIC / MAXPPP)

"On attend des actes, et plus des paroles", a dénoncé vendredi sur franceinfo Zohra Boukenouche, co-fondatrice du Collectif du 5 novembre, trois ans jour pour jour après l'effondrement de trois immeubles vétustes, rue d'Aubagne, dans le centre-ville de Marseille (Bouches-du-Rhône), faisant huit morts.

La mairie compte 40 000 logements indignes, 800 immeubles font l'objet d'arrêtés de péril, et vingt travaux de structure ont été engagés pour sécuriser ces immeubles en 2020. Zohra Boukenouche accuse la mairie de Marseille et l'État d'inaction. "L'ancien ministre du Logement, Julien Denormandie, était venu il y a deux ans nous faire les mêmes promesses" que celles faites par Emmanuel Macron mi-octobre, estime Zohra Boukenouche. "On attend toujours."

franceinfo : Trois ans après, les choses ont-elles changé sur le sujet du mal-logement ?

Zohra Boukenouche : Malheureusement, non. Il y a un laisser-aller de plus de cinquante ans de la mairie de Marseille, qui n'a rien fait sur le sujet du logement. Il y a aussi une responsabilité de l'État car l'État a une prérogative sur le logement. On a laissé la ville s'effondrer, se détruire avec des marchands de sommeil. Des gens qui sont de plus en plus dans des situations de mal-logement. Des Marseillais ne sont pas à l'aise, ont peur parce qu'ils peuvent se dire que quelque chose peut leur arriver.

La municipalité a changé récemment, passant de la droite à la gauche avec la victoire de Michèle Rubirola en 2020, remplacée depuis par Benoît Payan. Cela n'a pas entraîné de changement de politique ?

On travaille un peu mieux avec la mairie. Mais ses moyens sont limités. Le rôle de la mairie est de sécuriser les immeubles. À partir du moment où ils sont sécurisés, le reste ne les concerne pas. On dit aux familles de retourner chez elle [une fois qu'ils sont sécurisés], alors que les logements se sont dégradés. Et puis, 1 400 habitants ne sont toujours pas rentrés chez eux. Les habitants des immeubles effondrés de la rue d'Aubagne ont été relogés rapidement. Mais on est toujours dans l'incertitude pour beaucoup d'autres. Vont-ils l'être ? Et si oui, quand et dans quelles conditions ? Les familles attendent des réponses, et elles sont longues à venir des institutions. La mairie fait peut-être plus de communication, mais nous n'avons pas de réponse. La situation est psychologiquement insupportable.

Emmanuel Macron est venu récemment à Marseille. Il a dit vouloir accélérer la lutte contre l'habitat indigne et sur l'objectif de réhabiliter 10 000 logements d'ici 15 ans. L'État se saisit-il du dossier, selon vous ?

L'ancien ministre du Logement, Julien Denormandie, était venu il y a deux ans nous faire les mêmes promesses. On attend toujours. On attend des actes, et plus des paroles. Des moyens pour qu'on puisse travailler sur le mal-logement, les marchands de sommeil, la justice. Pour nous, ce sont de grandes promesses. Emmanuel Macron devrait jouer son rôle de président de la République et faire en sorte que la ville de Marseille vive dans des conditions normales.

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