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Mort de Steve Maia Caniço : pourquoi les rassemblements prévus à Nantes en hommage au jeune homme suscitent des tensions

Aucun des rassemblements annoncés pour rendre hommage à Steve Maia Caniço ce week-end n'est organisé par ses proches. 

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Une homme tient une pancarte affichant "Justice pour Steve" lors d'un rassemblement en hommage au jeune homme mort à Nantes, à Toulouse le 31 juillet 2019. (ALAIN PITTON / NURPHOTO / AFP)

Plusieurs appels au rassemblement en mémoire de Steve Maia Caniço ont été lancés pour ce week-end en France. Des manifestations sont notamment annoncées à Nantes, où le jeune a été retrouvé mort dans la Loire lundi, plus d'un mois après sa disparition, pendant une opération de police, le soir de la Fête de la musique. Ces événements, qui n'ont pas été déclarés en préfecture et dont les organisateurs ne sont "pas identifiés", inquiètent les autorités.

Quels rassemblements sont prévus à Nantes ?

À Nantes, un premier rassemblement, présenté comme une "marche blanche et silencieuse en hommage à Steve", est annoncé pour samedi, à partir de 11 heures. Le rendez-vous est donné sur l'île de Nantes, au pied de la grue jaune, où a été retrouvé le corps du jeune homme. L'événement est relayé par la page Facebook "Nantes révoltée", mais on ignore qui l'organise.

Une manifestation est également prévue, l'après-midi, à 13 heures, place du Commerce, dans le centre-ville de Nantes. Cet événement-là, relayé notamment sur des pages Facebook de "gilets jaunes" et du mouvement black bloc s'annonce comme une mobilisation "contre les violences policières""Tous à Nantes pour Steve", "ni oubli ni pardon", "nous demandons des réponses"... Sur les réseaux sociaux, plusieurs mots d'ordre émanant de sources diverses appellent à rejoindre cette manifestation.

Les proches de Steve organisent-ils une "marche blanche" ?

Cécile de Oliveira, l'avocate de la famille de l'animateur périscolaire de 24 ans, a affiché samedi ses distances avec ces rassemblements. "La famille soutient toute initiative amicale et artistique. Cela veut dire qu'elle n'entend pas empêcher les gens qui aiment Steve de le manifester mais d'une manière totalement pacifique, a-t-elle avancé sur franceinfo. Mais si [les] rassemblements [en hommage à Steve] doivent dériver vers de la violence, la famille se dissocie totalement de ces initiatives". Selon l'avocate, il ne faut "pas transformer cette émotion en agressivité".

Plusieurs amis de Steve affirment aussi de leur côté n'avoir aucun lien avec les événements annoncés et certains déclarent même ne pas souhaiter s'y associer. Sur Facebook, son amie Maël Legrand ajoute que "si une marche s'organise, elle sera prévue par nous". L'entourage du jeune homme n'exclut donc pas d'organiser un rassemblement, mais "rien n'est fait", confie un de ses proches à franceinfo.

Vendredi matin, le préfet de la région Pays-de-la-Loire, Claude d'Harcourt, a toutefois évoqué "un rassemblement prévu par la communauté qui s'est réunie autour de la disparition de Steve" et "des contacts" avec son entourage, sans donner plus de précisions.

Qu'est-ce qui inquiète la préfecture ?

Aucun des deux rassemblements annoncés sur les réseaux sociaux n'ont été déclarées en préfecture et "aucun organisateur" n'a pu être identifié. "Ce sont des informations via les réseaux sociaux, donc elles peuvent fluctuer et évoluer", déclare le préfet.

Dans son communiqué publié jeudi, il a également fait valoir que "cette mobilisation devrait être renforcée par la présence de manifestants ultras et d'individus extrêmement radicaux de type black bloc" et qu'"il existe donc un risque important que soient commises des actions violentes dans le centre-ville".

"Afin, d'une part de protéger les personnes et les biens et, d'autre part, d'assurer le respect du rassemblement pour Steve Maia Caniço", le préfet a donc décidé d'interdire "toute manifestation ou rassemblement dans plusieurs périmètres du centre-ville de Nantes de 10 heures à 20 heures ce samedi".

A quoi va ressembler le dispositif de sécurité ?

Face aux risques de perturbations, "nous avons pris des dispositions particulières et spéciales", a expliqué Claude d'Harcourt. Selon lui, ces dispositions ont été prises "en accord et avec l'appui de l'autorité judiciaire ainsi qu'avec madame la maire de Nantes". Le rassemblement annoncé à 11 heures sur l'île de Nantes n'est toutefois pas concerné par l'interdiction, contrairement à celui de 13 heures.

S'il y a donc bien une autorisation de manifester "sur les axes habituels utilisés pour les manifestations", la préfecture prévoit "l'interdiction d'une dispersion de ces manifestants sur ce que nous appelons les deux centre-villes de Nantes, qui sont donc protégés et rendus inaccessibles aux fauteurs de trouble". Le préfet a cependant rappelé que ces dispositions étaient "classiques" et qu'elles se rapprochaient de celles mises en place lors des manifestations des "gilets jaunes".

Des contrôles sur les axes routiers et dans les gares, ainsi que des contrôles de sacs vont être mis en place, pour "détecter et intercepter tout groupe d'individus qui aurait l'intention de troubler l'ordre publique". Trois arrêtés concernant la possession d'artifices, d'essence en jerrican et d'armes par destination ont par ailleurs été pris.

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