Vêtements retrouvés, piste de l'assassinat, mises en examen... Ce que l'on sait de l'enquête sur la disparition de Leslie et Kevin
L'enquête progresse enfin. Plus de trois mois après la disparition de Leslie Hoorelbeke, 22 ans, et Kevin Trompat, 21 ans, deux hommes ont été mis en examen, jeudi 2 et vendredi 3 mars, a annoncé le parquet de Poitiers (Vienne). L'un d'eux, Nathan Badji, est poursuivi notamment pour "assassinats". Le second, poursuivi pour "enlèvement et séquestration", est Tom Trouillet, un ami du couple qui devait l'héberger la nuit de sa disparition, en novembre, dans le village de Prahecq (Deux-Sèvres).
Franceinfo fait le point sur les investigations, qui tentent de retracer les dernières heures avant la disparition du couple, dans la nuit du 25 au 26 novembre.
>> Les proches de Kevin et Leslie ne croient pas à une "improbable" fugue
Un proche du couple mis en examen
Il est 7 heures, mardi, quand les enquêteurs de la section de recherches de Poitiers interpellent Tom Trouillet, à L'Aiguillon-sur-Mer (Vendée), au domicile de son père. Agé de 22 ans, ce proche du couple disparu est placé en garde à vue dans la foulée. Le parquet de Poitiers explique que cette mesure a été prise en exécution d'une commission rogatoire en cours, délivrée par le juge d'instruction en charge des investigations. Il a été mis en examen jeudi et placé en détention provisoire.
Le 5 janvier dernier, Tom Trouillet s'était confié à France Bleu Poitou lors d'une battue organisée par la famille de Kevin Trompat, à laquelle il avait participé. Il avait assuré n'avoir plus vu ses deux amis après 17h30, le jour de leur disparition. Le couple devait ensuite dormir chez lui, à Prahecq (Deux-Sèvres), en son absence, car il assistait à plusieurs soirées. Il avait expliqué n'être rentré que le dimanche. Cet alibi n'a visiblement pas complètement convaincu les gendarmes.
Selon les explications que les proches du couple ont données aux enquêteurs, Kevin et Leslie sont passés déposer quelques affaires et leur chien, chez Tom Trouillet. Après avoir "parlé de la vie de tous les jours avec Leslie et Kevin", le jeune homme les avait quittés en début de soirée le vendredi. Le couple était invité à une soirée chez un voisin qu'il "ne connaissait pas spécialement". De son côté, Tom dit avoir rejoint une fête techno à La Crèche, une autre commune des Deux-Sèvres, à une quinzaine de kilomètres au nord de Prahecq, puis être allé à une autre soirée à Parthenay, plus au nord du département.
Tom Trouillet dit n'être rentré chez lui que le dimanche, sans voir Kevin et Leslie à son domicile. Pour le père de Leslie, Patrick, et sa belle-mère, Emilie, la nouvelle de cette garde à vue est "un soulagement". "On voit concrètement l'enquête de police qui avance, c'est très important pour nous", ont-ils confié à France Bleu La Rochelle. "Tom a toujours eu une attitude ambiguë", a de son côté réagi auprès de France 3 Pays de la Loire, Charles-Emmanuel Andrault, avocat de la famille de Leslie.
Un suspect poursuivi pour "assassinat", un autre toujours en garde à vue
Dans la foulée de la garde à vue de Tom Trouillet, un deuxième homme, âgé de 22 ans, a été interpellé et placé en garde à vue mercredi. Présenté à un juge d'instruction vendredi, Nathan Badji a été mis en examen pour "assassinats", "modification de l'état des lieux d’un crime pour faire obstacle à la manifestation de la vérité" et "enlèvement et séquestration sans libération volontaire avant le septième jour". Il est originaire de Puyravault (Charente-Maritime), un village où des affaires appartenant au couple avaient été trouvées dans un conteneur de recyclage de vêtements.
Un troisième suspect a été placé en garde à vue, jeudi matin, a annoncé le parquet de Poitiers, sans précisions sur son profil. Il doit être entendu par un juge, samedi, en vue d'une possible mise en examen.
Peu d'éléments matériels pour nourrir l'enquête
Ces gardes à vue interviennent alors que l'enquête patinait. Huit enquêteurs de la section de recherches de Poitiers travaillent à plein temps sur cette affaire, selon le parquet. Des investigations ont été menées dans toute la France et jusqu'au Portugal, où les gendarmes ont vérifié une piste liée à une disparition volontaire du couple, pour l'instant sans succès.
Avant les gardes à vue des deux jeunes hommes, 120 auditions avaient déjà été réalisées et des dizaines de vérifications menées dans tout le pays. Un enquêteur a été chargé de traiter tous les signalements liés à l'enquête. Des dizaines de prélèvements de police technique et scientifique, sur plusieurs véhicules automobiles et dans plusieurs lieux ont été réalisés, précise aussi le parquet de Poitiers.
Peu d'éléments matériels ont été découverts par les enquêteurs jusqu'à présent. Les deux véhicules des disparus ont été retrouvés dans deux communes différentes des Deux-Sèvres (l'utilitaire de la jeune femme sur les lieux de sa disparition, à Prahecq, et le camion aménagé de son ami à Coulon). Début décembre, le permis de conduire de Kevin et des affaires du couple ont également été retrouvés dans un container de recyclage de vêtements à Puyravault, en Charente-Maritime.
Lors d'une battue organisée par la famille de Kevin Trompat, le 5 janvier à Prahecq, sa belle-mère, Karine Prat, citée par l'AFP, avait dit à des journalistes qu'il "avait pratiquement 10 000 euros sur lui" le soir de sa disparition. Une somme qu'elle lui avait apportée, selon elle "pour acheter une voiture".
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