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Récit Disparition de la petite Maëlys : les troublants allers-retours de Nordahl Lelandais, minute par minute

Devant la presse, le procureur de la République de Grenoble a détaillé jeudi, minute par minute, le déroulé de la soirée de mariage lors de laquelle Maëlys, 9 ans, a disparu. Franceinfo retrace le parcours du principal suspect, qui a été mis en examen pour meurtre.

Article rédigé par franceinfo - Hugo Cailloux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
La salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin (Isère), où a disparu la petite Maëlys lors d'un mariage, dans la nuit du 26 au 27 août 2017. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Que s'est-il passé à Pont-de-Beauvoisin (Isère), entre le samedi 26 et le dimanche 27 août ? Depuis cette nuit-là, la petite Maëlys est portée disparue. Jeudi 30 novembre, l'étau s'est une nouvelle fois resserré autour du principal suspect de l'affaire, Nordahl Lelandais, 34 ans, un ancien militaire qui nie toujours toute implication "avec une grande fermeté". En croisant téléphonie, bandes de vidéosurveillance et témoignages, les gendarmes ont pourtant établi une "chronologie précise" de la nuit, afin de reconstituer l'emploi du temps du suspect, ce qui met à mal la défense. 

Ce samedi 26 août, le vin d'honneur d'un mariage bat son plein près de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, 3 500 habitants. Dehors, une tente de réception bleue est dressée, des guirlandes à fanions multicolores flottent dans l'air. Des enfants jouent avec les ballons. La température avoisine les 30 °C dans l'après-midi, et les 180 convives de la soirée sont habillés en conséquence : shorts, jupes et débardeurs. Dans la foule, lunettes de soleil sur le crâne et baskets blanches, Nordahl Lelandais arbore un sourire. Un verre vide à la main, il semble faire une blague à un ami, d'après un cliché publié par Paris Match. Quelques heures avant, il ne faisait pourtant pas partie des invités. 

Selon l'hebdomadaire, il a insisté pour venir au vin d'honneur, proposant aux invités qui le connaissaient de leur fournir de la drogue et finissant par convaincre ses hôtes de l'inviter. Nordahl Lelandais était connu pour des problèmes liés à la drogue. D'après le magazine, il a été interpellé sur un terrain de l'armée en mai 2004 et décembre 2005 pour "usage de stupéfiants et autres infractions à la législation des stupéfiants"Il est aujourd'hui le principal suspect de l'enlèvement de Maëlys de Araujo, la fille des cousins des mariés. Jeudi, malgré ses dénégations, les juges l'ont mis en examen pour "meurtre, précédé d'un autre crime", l'enlèvement.

Son agenda scruté minute par minute

Son attitude pendant la soirée, puis la nuit du 27 août, pose question aux enquêteurs, et notamment ses trois allers-retours entre la salle de réception et son domicile, situé à neuf minutes, selon Paris Match. D'après le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, le premier voyage de Nordahl Lelandais a eu lieu "de 21h49 [...] à 22h08", samedi soir. Il fait alors nuit depuis plus d'une heure. Le deuxième aller-retour a lieu de "22h33 à 23h09".

Lors de ses premières auditions, annulées par la cour d'appel de Grenoble en raison d'un vice de forme, l'ancien militaire a justifié ses absences. Il racontait avoir dû retourner chez lui pour changer son short blanc, taché, et se réapprovisionner en bières. 

Une attitude avec les enfants qui pose question

De retour à la salle des fêtes, il est vu par des témoins dans la petite salle où dorment des enfants, surveillés par une baby-sitter, raconte Paris Match. L'homme aurait montré à Maëlys, sur son téléphone, des photos de ses chiens, précise l'avocat des parents de la fillette au Dauphiné libéré. Une passion que partage la petite fille. Maëlys semblait en confiance. Selon sa mère, Maëlys a décrit le suspect à un invité comme son "tonton" et son "copain".

A 1h30, la nounou quitte les lieux. Si certains enfants dorment, Maëlys, elle, est toujours debout, poursuit l'hebdomadaire. Pour les enquêteurs, c'est à 2h45 que la fillette a disparu. Cette heure est contestée par l'ancien maître-chien. A "2h46 et 12 secondes", selon le procureur, Nordahl Lelandais met son téléphone en "mode avion" et devient injoignable. "Mon client l'a appelé quatre fois. Sans succès", affirmait d'ailleurs l'avocat d'un ami de Nordahl Lelandais dans Paris Match.

Une minute plus tard, à 2h47, une voiture correspondant à l'Audi A3 de Nordahl Lelandais est filmée dans le centre-ville de Pont-de-Beauvoisin. Le suspect assure "que ce n'était pas sa voiture", malgré les conclusions de l'enquête.

A l'avant du véhicule, une silhouette frêle, de petite taille, qui est vêtue d'une robe blanche, se trouve sur le siège passager avant.

Jean-Yves Coquillat, procureur de Grenoble

pendant sa conférence de presse

A la salle des fêtes, les convives commencent à rechercher Maëlys, introuvable. Aux alentours de 3h10, le DJ lance un appel au micro. C'est l'inquiétude : la mère de la fillette pense déjà à "un enlèvement", relate son avocat. Nordahl Lelandais revient dans la salle un quart d'heure plus tard. "A 3h24 et 29 secondes, le véhicule [Audi A3] est de nouveau filmé en sens inverse, poursuit le procureur de Grenoble. Le conducteur est alors seul dans la voiture". Nordahl Lelandais réactive son téléphone à "3h25 et 58 secondes". Une seconde plus tard, son téléphone est localisé par une antenne-relais située près du lieu du mariage. "Il est donc revenu à la salle des fêtes", conclut le procureur.

Il ne participe pas aux recherches

Dans le Dauphiné, l'avocat de la mère de Maëlys, Jennifer de Araujo, raconte qu'elle est tombée sur Nordahl Lelandais au moment où elle recherchait sa fille "avec le papa et d'autres invités". Elle affirme que "ce dernier ne semblait pas spécialement concerné par les recherches, ni vraiment inquiet du sort de la fillette". Cela fait déjà plus d'une heure que l'enfant a disparu et Nordahl Lelandais repart de la salle des fêtes. A 3h57 pile, "un véhicule Audi identique est filmé par la vidéo-surveillance de Pont-de-Beauvoisin. Le conducteur est seul à bord", poursuit Jean-Yves Coquillat. Cinq secondes plus tard, "le téléphone est replacé en mode avion." Pendant plus de trois heures, le portable de Nordahl Lelandais restera intraçable. A 7 heures, le soleil se lève sur Pont-de-Beauvoisin.

Le téléphone ne sera réactivé qu'à 7h06. Nordahl Lelandais se situe alors dans la zone de son domicile.

Jean-Yves Coquillat, procureur de Grenoble

à la presse

Dans l'après-midi, il est entendu brièvement par les gendarmes en tant que témoin, comme d'autres invités. L'audition se termine à 16h58. "Trente-cinq minutes plus tard, ajoute Jean-Yves Coquillat, de 17h23 à 19h45, Nordahl Lelandais nettoie sa voiture à fond, dans une station-service où il est filmé également". Deux longues heures de récurage en règle, avec des produits puissants et répulsifs pour les chiens de recherche et qui suscitent beaucoup de questions. Le suspect justifie ce nettoyage par la vente prochaine de sa voiture.

Le lendemain, lundi 28 août, il demande la résiliation du téléphone utilisé la nuit de la disparition de Maëlys. Quelques jours plus tard, des traces d'ADN seront retrouvées sur le tableau de bord de son Audi A3. Autant d'éléments qui lui ont valu une première mise en examen pour "enlèvement et séquestration" et une seconde pour "meurtre". 

L'ancien militaire a reconnu que l'enfant était entrée "à un moment dans sa voiture" le soir du mariage, "comme beaucoup de gens lors de cette soirée", avait déclaré son précédent avocat à la presse. Mais il nie toujours les faits qui lui sont reprochés. Le suspect a une explication pour tout, "s'exprime avec beaucoup de sang-froid et maintient ses déclarations", a indiqué le procureur, qui décrit une enquête "extrêmement difficile". Sur place, les recherches se poursuivent. Car, selon les dires de Jean-Yves Coquillat, "cette affaire ne sera jamais complètement résolue tant qu'on n'aura pas retrouvé l'enfant"

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